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Un document, presque bidon, une ceinture XS, et peu de chances de longévité

Tout sourire, Elyes Fakhfakh et son quintuplé de partis (Ennahdha, Ettayar, MP, Tahya, Al Islah) qui devraient faire office de ceinture politique qui éviterait que son pantalon gouvernemental ne tombe, le chef du gouvernement en attente de confiance, signait, hier lundi, ce qui pourrait être appelé le contrat de bail d’une coalition hétéroclite et choanoïde.

Entre islamistes sous des dehors de démocrates, une Gauche traditionnellement antireligieuse, un ancien CPR reconverti dans l’anticorruption, et deux centristes dans un « je t’aime moi non plus », cette coalition semble avoir peu de chances de durer plus de temps que le gouvernement de Youssef Chahed.

En théorie, et sans tenir compte des désertions dans les camps des uns et des autres, le gouvernement de coalition devrait passer avec 124 voix de confiance. Son gouvernement obtiendrait alors le plus faible vote de confiance des 6 derniers gouvernements, moins que celui de l’islamiste Ali Larayedh qui avait obtenu 149 voix, et très loin derrière les 164 voix de Youssef Chahed.

Il faudra aussi tenir compte, dans le vote de confiance, de la très probable volonté de Qalb Tounes qui, pour accéder au fauteuil de président de la commission des finances de l’ARP, devrait s’abstenir de voter la confiance à Fakhfakh et se mettre dans l’opposition en en gonflant le nombre.

Or, aucun des six derniers gouvernements, si élevé ait pu être son vote de confiance, n’avait été en mesure de terminer son mandat. Que penser alors d’un gouvernement qui n’aurait que 124 voix pour son vote de confiance, et qui passera devant l’ARP en grande partie pour que ce dernier évite sa dissolution ?

Mais aussi, aucun des six derniers chefs de gouvernement n’avait pu réellement régner sur l‘Exécutif, et mettre à exécution son propre programme, notamment économique, ou celui de son propre parti, à l’exception peut-être de Mehdi Jomaa dont le seul programme a été d’organiser les premières élections de l’après Ben Ali, et il y avait réussi.

Pour l’exemple, Youssef Chahed avait bénéficié d’une ceinture politique de 164 voix. Plus de 70 de ses projets de loi sont pourtant restés dans les tiroirs de la même ARP qui lui avait voté la confiance à plus de 75 % des voix. Et même lorsqu’il inaugure un projet, on dément qu’il soit entré en exploitation, ou on l’accuse d’utiliser sa fonction pour redorer son blason !

  • Durera-t-il plus que Chahed et fera-t-il mieux que lui, avec une ceinture XS ?

Très fortement critiqué par ses soutiens comme par ses adversaires, Chahed avait fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution, malgré son bilan, certes discutable mais réaliste et raisonnable, et avait fini à la tête d’un gouvernement de gestion des affaires courantes. Que ferait alors Elyes Fakhfakh avec moins de voix et plus de contraintes et de défis, notamment financiers et sociaux ?

« L’homme du président », pourra certainement se cacher derrière le bilan de son prédécesseur qu’il critiquait déjà fortement, depuis qu’il était candidat aux présidentielles de 2019. Dans son dit programme, mis en page sous le titre de « Note contractuelle, pour un gouvernement de coalition », et qu’il présentera mercredi 26 février 2020 devant les 217 députés de l’ARP, on ne trouve aucun projet de mesure, immédiate, concrète et chiffrée.

Fakhfakh ne savait manifestement pas, comme l’a démontré un dernier sondage d’opinion publié par le quotidien Echourouk, que la priorité des priorités, pour 42,2 % des Tunisiens, était l’amélioration du pouvoir d’achat. Ce sujet est certes inscrit au 2ème rang de ses 8 priorités urgentes. Il en parle cependant en termes vagues et vaseux de « maîtrise des circuits de distribution et la lutte contre le monopole et la contrebande ». Son prochain ministre du Commerce ne lui a-t-il rappelé que plus de 90 % des produits sont libres en Tunisie et que seuls 10 % des prix sont réglementés ou encadrés ?

16,5 % des sondés tunisiens demandent l’amélioration du climat de l’investissement. Ce ne seront pas les séries de grèves qui l’accueilleront dès son entrée à La Kasbah, qui participeront à cette amélioration. 16 % enfin, demandaient une baisse des impôts qui accablent tout entrepreneur. On ne trouve pourtant rien de ce genre dans les priorités, dites urgentes, du prochain chef de gouvernement !

  • En janvier, c’était « Transparence et confiance ». Février, la coalition fait parjure !

La « Note contractuelle » était dénommée, le 29 janvier 2020, « Gouvernement de la transparence et du retour de confiance ». Presqu’un mois plus tard, le 25 février 2020, Fakhfakh et ses cinq partenaires à la Kasbah, l’expurgeaient de la transparence et de la confiance. Il semblerait que coalition ne rimait plus avec transparence et confiance. On comprend !

Fakhfakh, Bhiri, Chahed, Abbou, Maghzaoui et Nasfi signaient un document, dont la page de garde ne ressemblait en rien au document publié sur la page du prochain chef de gouvernement. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont très probablement signé un autre document.

Sinon, comment comprendre qu’aucun des signataires n’avait voulu parler de ce sur quoi ils ont signé, devant les caméras à la sortie de Dar Dhiafa ? Tous avaient préféré faire l’omerta sur la réalité de ce sur quoi ils s’étaient entendus. Et c’est ainsi sous le sceau de la fausse transparence et du déni de confiance que ce quintet de partis gouvernera la Tunisie et la mangera à une sauce dont personne, autre que lui, ne connaitra les ingrédients.

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