AccueilLa UNEUne autre ordonnance pour un autre hôpital !

Une autre ordonnance pour un autre hôpital !

Encore sous le choc, Les Tunisiens n’arrivent toujours pas à comprendre comment onze nouveau-nés ont trouvé la mort en si peu de temps dans un même service, le centre de gynécologie et obstétrique de l’hôpital de la Rabta. Naturellement, on se perd en conjectures, mais la religion de tout le monde est faite que l’hôpital public, au regard de son fonctionnement, de son organisation et de l’état de décrépitude et d’abandon auquel il est livré, n’a pas vocation à être à l’abri de semblables drames, ni maintenant, ni à l’avenir.

La sonnette d’alarme n’avait de cesse d’être tirée, non seulement par les patients et les leurs, mais aussi et surtout par le personnel médical et paramédical, par les vis-à-vis des établissements médicaux et même par le contingent des nombreux ministres qui se sont succédé à la tête de ce département depuis 2011, sans pouvoir agir sur le cours des choses et apporter quelque changement, si dérisoire soit-il, dans un secteur réellement vital pour le citoyen. Autant dire que le ballet des ministres qui viennent et s’en vont après des offices d’une remarquable concision a été toujours de nul effet sur l’architecture des soins publics en Tunisie. La démission du ministre Abderraouf Cherif ne semble pas devoir déroger à cet état des choses et des faits ni bouleverser son ordonnance.

C’est à se demander si le successeur du ci-devant ministre va être mieux loti pour engager les indispensables réformes dont l’hôpital public a cruellement besoin, s’il aura assez de cran pour tenir tête aux puissants syndicats qui se sont rendus maîtres de maints établissements hospitaliers, et s’il sera suffisamment ingénieux pour retenir les milliers de médecins qui quittent l’hôpital public, soit pour aller exercer leur art sous d’autres latitudes, soit dans les cliniques privées qui poussent comme des champignons et qui sont beaucoup plus attrayantes et rémunératrices.

Le problème loge ailleurs !

De toute évidence, c’est ailleurs qu’il importera de toucher à l’essentiel, c’est-à-dire réinventer tout le dispositif des soins en Tunisie, ses structures, sa culture, sa vision et son financement, pour ne citer que ces volets par lequel devra être lancé ce gigantesque chantier, qui au demeurant, ne pourra en aucun cas être confié à un ministre sorti tout droit du sérail politique. Il devra s’agir d’un projet éminemment national, mobilisateur et conduit à des fins convenues et dans l’intérêt de toutes les parties, jusques et y compris la médecine de libre pratique qui devra s’affranchir de son confortable quant-à-soi et se convaincre que l’hôpital public, c’est aussi son affaire et elle doit s’y investir.

En tout cas, le drame de la Rabta est venu à point nommé pour éclairer d’un jour nouveau l’exécrable situation des hôpitaux, surchargés, insalubres, mal gérés, alors que, paradoxalement, ils disposent de ressources humaines et de compétences à nulles autres pareilles, du moins dans le monde arabe et en Afrique. C’est un atout et un potentiel qui auraient pu être valorisés pour peu qu’ils aient été utilisés à bon escient. On pourrait ainsi difficilement leur faire grief d’avoir agi par incompétence dans l’affaire des onze nouveau-nés, mais plutôt par négligence. D’ailleurs, nous avons appris auprès du PDG de la Pharmacie Centrale de Tunisie qu’il ne s’agit point d’un manque de médicament, ni d’un médicament qui aurait été défectueux, ni d’un simple sérum physiologique qui aurait été injecté aux 11 bébés nés avant terme. Selon d’autres sources pharmaceutiques, la solution injectée aux bébés est une préparation interne, généralement destinée à nourrir les bébés en couveuse. Ces sources n’écartent pas que  les conditions de préparation puissent être mises en cause.

Une pathologie pas toujours évitable

A la relative décharge du personnel médical et paramédical, on pourra aussi plaider la fréquence globale des infections nosocomiales, mesurées par des études internationales, pouvant varier entre 5 et 10% des hospitalisés. Selon une enquête nationale de prévalence menée en France, le taux global de prévalence des infections nosocomiales était de 7,5% et le taux de prévalence des infectés de 6,9 pour 100 patients hospitalisés.

Ainsi, il est utopique de penser qu’il est possible d’atteindre un taux nul d’infections nosocomiales. Il faudrait pour cela ne soigner que des patients dont le système immunitaire est fonctionnel, ne présentant pas d’autres facteurs de risque, chez lesquels aucun dispositif invasif ne serait utilisé et pour lesquels aucun geste invasif médical ni opération chirurgicale ne seraient réalisés. Il existe donc un taux «  incompressible » d’infections nosocomiales, qu’il faut s’efforcer de réduire au minimum par une technique rigoureuse et une attention constante des équipes de soins et d’hygiène.

En tout cas, il va falloir attendre lundi pour s’instruire du résultat de l’analyse des échantillons prélevés pour déterminer l’origine des infections qui ont causé la mort des 11 nouveau-nés. Les échantillons prélevés ont été transmis à 3 laboratoires pour identifier l’origine des infections et déterminer ainsi les responsabilités d’une manière catégorique. Pour l’heure, il est question de mort due  » vraisemblablement à des infections sanguines ayant provoqué un choc septique « , selon les premiers éléments d’enquête menée par une cellule de crise du ministère de la Santé, d’après les termes d’un communiqué rendu public samedi soir.

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