La ville de Testour, au gouvernorat de Béja, abritera, les 9 et 10 novembre, une manifestation baptisée « Via Bagrada » qui s’inscrit dans le cadre du renforcement du tourisme durable et la promotion du patrimoine culturel et naturel dans la région du Nord-Ouest.
Le programme « Via Bagrada » est mené en partenariat avec un large éventail d’institutions locales et internationales. Ce projet collaboratif initié par l’association « Museum Lab » s’inscrit dans une dynamique qui vise à valoriser les villes autour de la vallée de Medjerda (Oued Medjerda), appelé « Bagrada » dans l’Antiquité.
La manifestation « Via Bagrada » sera marquée par le lancement de l’application du même nom, Via bagrada, visant à faciliter l’accès aux informations relatives aux sites culturels et à l’hébergement touristique dans la région. Au menu, des rencontres sur le tourisme durable, des ateliers et des expositions sur le savoir-faire ancestral dans la région ainsi que des visites guidées et des activités sportives dans ses principaux sites à vocation touristique et culturelle.
Evasion autour du parcours culturel Tunis-Testour
En prévision de cet évènement, Museum Lab a organisé, ce lundi, une visite à Testour au profit d’un certain nombre de journalistes. La visite a permis de découvrir le parcours culturel et naturel reliant Tunis à Testour qui constitue une destination assez prisées grâce notamment à son cachet architectural et semblable à celui qu’on trouve dans les villes andalouses d’Espagne.
L’itinéraire qui longe les rives de Oued Medjerda, comprend de nombreux monuments archéologiques et historiques qui témoignent de l’héritage multiple de cette région du Nord-Ouest tunisien ayant connu le passage de plusieurs civilisations allant de l’époque byzantine puis romaine jusqu’à l’époque musulmane.
A la sortie du Grand Tunis, le parcours touristique part du pont El Battant, du nom de la ville du même nom, dans le gouvernorat de MA nouba, situé à près de 110 km de Testour. La délégation d’El bâtant, sur la rive droite de Medjerda, a un emplacement idéal au centre d’une grande plaine agricole, connue par l’élevage des chevaux et ses demeures à l’architecture coloniale bien préservées.
Le pont d’El Battan, datant de l’antiquité, constitue l’un des monuments les plus emblématiques de la ville. Il a été reconstruit vers l’an 1690, sous le règne Mohamed Bey Al Mouradi (1696-1686). Près du pont, le circuit comprend l’église Sainte-Félicité et Sainte-Perpétue, monument historique imposant de la ville de Teboulba, l’ancienne Thuburbo Minus, qui a été transformé, après l’indépendance, en une bibliothèque publique.
Le circuit continue sur un pont, datant de l’époque romaine, situé dans la ville de Mjez El Bab, l’ancienne Membresa, au gouvernorat de Béja. Ce pont reliant les quartiers de la ville, situés sur les deux rives de Medjerda, est toujours assez bien conservé. Une plaque en marbre indique la date de sa restauration en 1702 était également visible.
Pas loin de la ville, un cimetière militaire contenant les restes de près de 3 000 soldats britanniques morts lors de la bataille de Mjez El Bab pendant la seconde guerre mondiale. La bataille a opposé les forces allemandes d’une part et les forces britanniques stationnées dans la ville de l’autre, de novembre 1942 à juin 1943.
De l’ancienne Tachilla est née Testour, une ville créée en 1609 où la trace des civilisations successives, byzantine, romaine et musulmane, est encore visible sur les arcades et le minaret de la grande mosquée de la ville. Ce haut lieu de prière est à forte symbolique de cette tolérance qui régnait entre les disciples des trois religions monothéistes ayant contribué à la construction de ce joyau architectural qui entame un parcours de près de 1,5km que fait le circuit touristique et culturel à Testour.
Il est l’oeuvre des mauresques du dernier État d’Andalousie après le déclin du règne des musulmans fuyant la persécution sur la péninsule ibérique évangélisée ou déportés de force, à partir de 1625. Contraints à se reconvertir ou à quitter, spécialement maures et juifs, ont dû traverser le large vers l’autre rive de la Méditerranée.
Globalement installés sur les villes côtières du Maghreb actuel, une grande partie d’entre eux s’était installée sur les hauteurs du nord Ouest dont Testour, ville qui a été empreinte à jamais de cette influence andalouse. Un héritage mauresque est aujourd’hui l’une des grandes composantes de la ville.
A quelques kilomètres de Testour, le barrage de Sidi Salem, le plus grand barrage de Tunisie, est situé sur l’Oued de Medjerda. Les touristes visitent ce lieu pour pratiquer le canoë-kayak et profiter des paysages pittoresques où le bleu du ciel embrasse les eaux du barrage, la verdure des arbres et la végétation qui l’entourent.