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Tunisie : Le textile perd sa fibre et des marchés

Tout a concouru et concourt encore pour faire du secteur textile en Tunisie une industrie sinistrée, de moins en moins en état de  tenir son rang dans l’économie du pays  et faire jeu égal sur le marché mondial. Une situation que l’on sentait venir déjà depuis 1973, année au cours de laquelle a été signé l’Accord multifibres (A.M.F.) et plusieurs fois reconduit depuis, entre les pays européens, les États-Unis et les pays exportateurs de textiles, pour limiter sur les marchés européens et des États-Unis les entrées à bas prix des produits en provenance des pays en voie de développement.

Les importateurs pouvant désormais choisir librement leurs fournisseurs, les nouvelles règles ont joué en faveur de la Chine, l’un des seuls pays à pouvoir réaliser toutes les étapes de la production sur son territoire, laissant bien d’autres au bord de la route, naturellement la Tunisie qui n’a pas su s’adapter aux changements internationaux. Le constat est quasi unanimement posé, et très récemment encore par  le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), dont une étude  en rajoute une couche, en notant que « le secteur du textile-habillement est un secteur précaire », une précarité  expliquée, à titre principal, par sa faible compétitivité qui ne lui permet pas de faire face à la concurrence mondiale et par le faible niveau des salaires de la main d’œuvre formée essentiellement, de femmes.

Résultat des courses : le nombre des entreprises du secteur a fortement chuté, de 2500 avant 2005, à 1907 en 2012. Celui des postes d’emplois n’est pas en reste, il est passé de plus que 250 000 avant 2005 à 185 000 en 2012, relève l’étude réalisée sur un échantillon de 28 entreprises industrielles spécialisées dans le domaine de la confection destinée à l’exportation, réparties sur les différentes délégations du gouvernorat de Monastir et de 260 femmes opérant dans le secteur du textile, notamment dans le domaine de la confection.

Dans le catalogue des facteurs derrière le déclin du textile&habillement, il y a encore la  crise dans la zone Euro qui a influencé directement la situation du secteur, sans oublier la détérioration de la situation sécuritaire et la stabilité en Tunisie notamment après la révolution, qui a amené plusieurs investisseurs à quitter le pays et à réduire les investissements dans cette industrie. Surtout, est souvent cité le taux de change, notamment avec la baisse continue du cours du dinar contre la devise européenne, au motif que le total des exportations de ce secteur est destiné à l’Union Européenne.

Au demeurant, l’industrie du textile habillement est si dépendante du  marché européen qu’elle opère pour le compte des distributeurs et grandes sociétés européennes qui imposent des conditions de travail et de production  dures, au nom de la compétitivité et des règles du marché.

Peut-on se tirer la bourre ?

Avec la fin des AMF, les producteurs et exportateurs tunisiens de textile et d’habillement ont vu leur compétitivité amoindrie, de sorte qu’ils ne peuvent plus se tirer la bourre et soutenir la concurrence avec les autres, notamment ceux  asiatiques, comme ils pouvaient le faire auparavant. Ils étaient ainsi contraints de s’ouvrir et de faire face à la concurrence mondiale, notamment sur les marchés asiatiques, avec des conditions sévères. Cette ouverture a frappé de plein fouet la compétitivité du secteur en termes de prix, qui est un facteur déterminant en matière d’attraction des investissements étrangers dans ce secteur. Les marges bénéficiaires des entreprises ont diminué suite à la baisse continue des prix internationaux des produits du textile de moyenne qualité.

Toutefois et en dépit de cette baisse constatée dans l’industrie du Textile-Habillement, « le secteur joue encore un rôle important dans l’économie et dans la société, représentant environ le 1/3 des entreprises industrielles dans le pays qui assurent l’emploi de près de 35,7% du total de la main d’œuvre dans le secteur de l’industrie », relève l’étude.

S’agissant enfin des  exportations, le secteur a généré 6378 millions de dinars en 2011, provenant de ses v entes à l’étranger, soit le ¼ de la valeur globale des exportations tunisiennes, dont la part dans le PIB était en 2011 de l’ordre de 2186 MD, soit l’équivalent de 20,31% du total du PIB des industries manufacturières tunisiennes.

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