L’huile d’olive tunisienne défie les aléas du moment. J’entends par là les mauvais bruits en France dernièrement sur des prétendus pesticides et autres saletés qui pollueraient le précieux liquide, et les mauvais coups portés par l’Union européenne. La Tunisie, pour son grand malheur, travaille peu et produit moins depuis le 14 janvier 2011, et par conséquent exporte à minima. Mais le peu qu’elle exporte – dont l’huile d’olive et les dattes – rapporte beaucoup (en partie aussi grâce à l’érosion du dinar par rapport aux principales devises) et fait du bien à une balance commerciale dont on ne voyait plus le fond, tellement le déficit devenait abyssal. Les choses vont un peu mieux depuis quelque temps – touchons du bois ! Alors quand l’huile d’olive tunisienne est attaquée, c’est panique à bord. Mais ce qui la défend le mieux, ce sont les médailles qu’elle rafle et les chiffre de ses ventes à l’étranger. Si tous les secteurs du pays pouvaient en dire autant, la Tunisie pourrait dire adieu à ses nombreux déboires post-révolutionnaires.
La valeur des exportations de l’huile d’olive est montée de 157,5%, depuis le début de la saison 2017/2018 et jusqu’au 31 mars 2018, alors que la moyenne des prix à l’exportation a évolué de 15%, a fait savoir lundi 16 avril 2018, dans un communiqué, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.
Selon le département de l’agriculture, les quantités d’huile d’olive exportées ont atteint 110 210 tonnes, pour une valeur de 1 128 millions de dinars (MD), contre 49 076 tonnes, pour une valeur de 438 MD, au cours de la même période de la campagne écoulée.
Les quantités exportées d’huile d’olive conditionnée ont atteint 7 400 tonnes, contre 6 561 tonnes durant la même période de la saison écoulée, soit une progression de 13% en quantité et de 32% en valeur.
Les marchés à l’export de l’huile d’olive conditionnée se répartissent entre le Canada (28%), la France (26%), les Etats-Unis (10%), l’Arabie Saoudite (8%), le Brésil (7%).
Les quantités d’huile d’olive en vrac exportée ont atteint 102 809 tonnes, contre 42 483 tonnes durant la même période de la saison précédente, soit une évolution de 142% en quantité et de 182% en valeur.
L’Espagne arrive en tête des marchés à l’export de l’huile d’olive tunisienne en vrac, avec 35% des quantités vendues, suivie de l’Italie (34%), les Etats-Unis (17%), la France, le Maroc, le Portugal (4%), l’Arabie-Saoudite et les Seychelles (1%).
Reste que la Tunisie devra sortir du dangereux confort de ces bons chiffres pour se lancer résolument sur les produits à haute valeur ajoutée. Les autorités ne peuvent pas se contenter de se caler dans leurs fauteuils et de guetter tranquillement les résultats d’exportations qui dépendent de facteurs aussi aléatoires que le climat – lequel joue de sacrés tours ces dernières années -, l’alternance des saisons, et que sais-je encore. La matière grise, ça c’est du costaud, du solide. C’est dans ça qu’il faut investir, comme exactement l’ont fait les dragons asiatiques, et avant eux les pays occidentaux que l’on connait si bien. La Tunisie a ce qu’il faut en termes de compétences, de ressources humaines et de modèles tout autour d’elle, à ses dirigeants d’avoir la volonté politique et le courage de foncer. Mais qu’ils commencent déjà par stopper la fuite des cerveaux…
S.L.