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Fête de la révolution: Déçus par la classe politique, les Tunisiens se sentent trahis !

La déception, c’est le sentiment qui prévaut aujourd’hui en Tunisie alors que le pays célèbre le cinquième anniversaire de la Révolution qui a mené à la chute de l’ex président Zine el Abidine Ben Ali, le vendredi 14 janvier 2011 et son exil vers l’Arabie Saoudite.

Africanmanager , à la faveur d’un reportage à  l’Avenue Habib Bourghiba, a recueilli les propos et les réactions des Tunisiens récemment récompensés  par la communauté internationale par un prix Nobel de la paix,  sur ces cinq années de la Révolution.

L’avenue de la Révolution était parsemée de barrières et de chicanes de fils barbelés installées la veille et disposées sous la surveillance des forces de l’ordre. Et pourtant, la foule n’était pas importante, comparée aux années précédentes,  et ce,  malgré les programmes de manifestations prévues pour cette journée.

« Aujourd’hui, on n’a rien »

Le cinquième anniversaire de la révolution du 14 janvier, dégageait presque partout  les allures d’un pessimisme malgré les avancés accomplies dans le processus de transition démocratique.

« Cinq ans se sont écoulés et les  réalisations sont toujours en déca de nos attentes », regrette Lassaad (52ans) rencontré lors des festivités organisées sut la principale artère de la capitale.

« Au départ, les Tunisiens étaient  optimistes  quant à l’avenir de leur pays, mais hélas une grand fossé sépare le rêve de  la réalité », explique Lassad accompagné de son petit-fils.

L’avis de Lassaad est loin d’être singulier. Nombreux sont les Tunisiens à partager cette position comme Sami (fonctionnaire). « La détérioration du pouvoir d’achat en  baisse de 40% depuis 2011, l’emploi des chômeurs qui ont toujours des difficultés à trouver du travail restent une plaie dans la Tunisie de l’après 14 janvier », selon ses dires.

 « C’était une vraie et belle révolution tunisienne, mais le bilan est déplorable et même en deçà  des aspirations d’autant que les promesses de l’ensemble de la classe politique n’ont été tenues », déclare Sami. Et d’ajouter : « Tout a changé, mais rien n’a été fait. Pis encore, tous les indicateurs clignotent au rouge à commencer par une croissance nulle, une productivité en détérioration contre une montée de l’extrémisme islamiste».

Au vu de ce bilan morose, il  s’interroge sur l’avenir de notre Tunisie qui « le voit incertain et même difficile ».

Un sentiment de trahison…

Au niveau politique, les Tunisiens se sentent également trahis et ils sont nombreux  à se dire dégoutés par la classe politique.Hassen trabelsi, ancien prisonnier politique et père d’un martyr en est l’exemple le plus frappant.

« On croyait que la révolution allait changer notre vie, mais dommage on s’est retrouvé avec sur les bras  une contre-révolution initiée par le président de la République Béji Caied Essebssi en coordination avec le parti islamiste», martèle cet vieil  homme en n’excluant point que la dictature soit  de retour.

Arborant le drapeau national, il avoue ne pas être satisfait surtout que « les familles des martyrs et blessés de la révolution ont été marginalisées et ce dossier croupit dans  l’oubli ».

La révolution  est-elle respectée ?

« On fête cet anniversaire alors que le gouvernement n’est pas en train de respecter les fondements de la Révolution », résume, sarcastique, Jamila Laabidi (enseignante) avant d’ajouter :  « on aurait aimé voir des avancées, mais on est toujours dans le même point de départ ».

Sur le plan social, la situation n’est guère réjouissante. Jamila cite la recrudescence des mouvements de protestation touchant l’ensemble des secteurs sans oublier certains incidents qui ont entaché les droits de liberté en Tunisie à savoir l’instauration de la peine de mort dans la loi contre le terrorisme et  la montée de la torture dans les prisons qui continue à une cadence croissante.

Pour cette enseignante, beaucoup reste à faire et un autre processus demeure nécessaire  pour assurer la transition démocratique,  prévoyant désormais une nouvelle révolution dans pareille situation.

Il est temps de changer la mentalité…

En dépit de cet accès de désespoir, les Tunisiens  ont choisi d’aller célébrer ce 14 janvier à l’avenue Habib Bourghiba.

Lilia Rebai, Directrice du bureau de Tunis du Réseau Euro-Méditerranéen  des droits de l’Homme (EUROMED) s’est dite fière par les acquis réalisés pendant les 5 ans de la révolution.

« La nouvelle Constitution qui garantit les droits fondamentaux des Tunisiens est vraiment une fierté et la série d’échéances électorales ont signé notre passage vers une démocratie surtout qu’il y a eu une alternance pacifique du pouvoir », dit-elle.

Mais….,constate-t-elle, il reste à changer la mentalité des Tunisiens. « Les institutions existent et on a vraiment besoin d’une révolution au niveau de mentalités », estime Lilia Rebai avant de poursuivre : «  nous devons apprendre réellement à nous aimer les uns les autres,  à respecter nos différences  et à respecter surtout a liberté de conscience vu que des dépassements ont été observés ces derniers temps sous prétexte de la lutte contre le terrorisme».

Au nom de la société civile, elle appelle à rester plus vigilant surtout qu’ « une fois on arrivera à ces résultats, la  réalisation des objectifs de la révolution demeure possible », conclut-elle.

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1 COMMENTAIRE

  1. JFK « Au lieu de vous demander ce que le pays peut faire pour vous,demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ! »

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