Les familles de vacanciers britanniques tués lors de l’attaque terroriste de Sousse en juin 2015 ont accusé le géant du voyage TUI d’avoir ignoré les avertissements de sécurité et mis en danger la vie des victimes par le biais d’une «trinité diabolique» de pratiques.
Elles font grief au tour-opérateur d’avoir réduit les prix pour encourager les réservations et d’avoir omis d’avertir les clients de la situation sécuritaire instable en Tunisie suite à une attaque terroriste antérieure, celle du musée du Bardo.
Les accusations sont portées dans les documents juridiques versés au dossier des enquêtes en cours sur les événements de Tunisie au nom des parents de 16 des 30 Britanniques qui sont morts dans le massacre de juin 2015, qui a fait au total 38 tués, selon le Daily Mail
Les documents, présentés par l’avocat Andrew Ritchie, et parvenus au quotidien « Times » accusent TUI, la plus grande société Voyage dans le monde comprenant l’enseigne Thomson, d’avoir passé outre les avertissements de sécurité du Foreign Office, offert d’importants rabais pour vendre des forfaits en dépit de sa parfaite connaissance des problèmes de sécurité, et découragé les annulations dans le cadre d’une politique visant à ne pas rembourser les vacanciers.
Les familles font valoir que les conseils de Voyage du Foreign Office sur le risque accru de terrorisme, émis après que 22 personnes ont été tuées lors de l’attaque du Musée national du Bardo en mars de la même année, auraient dû être mentionnés sur le site Web de TUI, dans ses brochures et sur ses formulaires de réservation.
L’avocat de TUI a rejeté les accusations portant sur les stratégies du tour-opérateur en matière de prix et sur l’obligation de répercuter les conseils de Voyage du Foreign Office sur son site Web ou dans sa documentation.
L’avocat Howard Stevens, agissant pour le compte de TUI, a déclaré lors d’une audience préalable au procès que «TUI ne peut pas accepter … l’affirmation faite par son collègue Ritchie concernant les stratégies en matière de prix.
Ensuite, a-t-il soutenu, « tout aussi inadmissible est la déclaration selon laquelle TUI était dans l’obligation de mentionner spécifiquement ou résumer les conseils Foreign Office sur son site Web ou dans sa documentation, en d’autres termes, le contenu de ces conseils.
Polémique sur les conseils de voyage
Après l’attaque du Musée national du Bardo, le Foreign Office a averti les Britanniques d’une menace terroriste accrue en Tunisie, soulignant que les endroits visités par les étrangers pourraient être ciblés.
Les documents juridiques affirment que les préoccupations concernant la situation sécuritaire dans la foulée de l’attaque du Bardo ont été discutées lors d’une réunion à laquelle assistaient des responsables britanniques, les compagnies de voyage et les autorités tunisiennes.
Malgré ces inquiétudes, TUI a offert 40 pour cent de rabais sur les vacances à Sousse, selon les pièces du dossier.
Le procès sur les événements terroristes en Tunisie devrait commencer le 16 janvier 2017 pour une durée entre six et huit semaines, et les juges entendront les témoignages des familles des victimes.
L’avocat Ritchie a déclaré au Times que «certaines familles produiront la preuve qu’elles ont demandé expressément au personnel de TUI si la Tunisie était en sécurité avant de réserver et qu’il leur avait été répondu que le pays était sûr.
Les enquêtes préparatoires, présidées par le juge Loraine-Smith, se pencheront, entre autres choses, sur les mesures de sécurité à la plage et à l’hôtel cinq étoiles Riu Imperial Marhaba, l’intervention d’urgence, les antécédents du terroriste Seifeddine Rezgui et de ses complices et sur la pertinence des conseils de Voyage émis par le Foreign Office les voyagistes.
Il s’agira d’établir, le cas échéant, si le gouvernement, les entreprises de voyage ou l’hôtel avaient connaissance du risque d’une attaque à Sousse et ce qui a été fait par la suite.
Sur son site Internet, le Foreign Office avait indiqué qu’il travaillait en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes pour enquêter sur l’attaque de Sousse et sur une menace terroriste plus grande dans le pays.