AccueilLa UNETunisie : Nidaâ et Ennahdha, de Charybde en Scylla !

Tunisie : Nidaâ et Ennahdha, de Charybde en Scylla !

La population en Tunisie est gagnée par la frustration, notamment les jeunes, déçus face à la stagnation qui ronge le pays depuis 2011 et éprouvés par la lassitude politique. C’est le constat posé par « Global Risk Insights » qui analyse le risque politique pour les investisseurs et les entreprises.

La situation économique ne s’est pas améliorée depuis l’éviction de l’ancien président Ben Ali. Le chômage gravite toujours autour de 15%, le déficit commercial s’accroît et les dépenses publiques dépassent de loin les revenus de l’État. L’actuel gouvernement de coalition dominé par les deux plus grands partis tunisiens, Nidaa Tounès , un groupe de néolibéraux, de réformateurs et d’anciens partisans de Ben Ali et le mouvement Ennahda, un parti islamiste modéré, n’a pas répondu aux attentes. Au contraire, les quelques réalisations du gouvernement, combinées au pacte de coalition qui a dilué les revendications des deux côtés, ont désillusionné de nombreux électeurs des deux camps.

« C’était mieux sous Ben Ali »

81% des Tunisiens pensent que la corruption a augmenté depuis la révolution, et 42% estiment que le pays était en fait mieux sous l’ancien dictateur. Presque tous conviennent que la situation économique est mauvaise et va empirer. Ce n’est pas que de la pure perception. L’extraction de phosphate a chuté à 44% de ses niveaux d’avant la révolution, le tourisme n’a pas encore retrouvé les performances qui étaient les siennes avant 2011 et les pénuries de réserves de change ont incité le gouvernement à publier une liste de marchandises placées sous restrictions à l’importation en novembre 2017.

En tout cas, la dernière consultation électorale, celle des Municipales, a mis en exergue l’impasse dans laquelle se trouve l’opposition libérale tunisienne. Nidaa Tunis est un mouvement libéral et progressiste, mais beaucoup le considèrent comme un parti corrompu regorgeant de copains et de sbires profiteurs du régime de Ben Ali. Le mouvement Ennahda, pour sa part, n’est pas perçu comme une alternative pour beaucoup de jeunes, d’entreprises et d’habitants des régions côtières en raison de son programme religieux.

Situation économique désastreuse

La réflexion se concentre désormais sur les prochaines élections, présidentielles et législatives, de 2019, estime GRI, qui explique que tout dépend de la capacité du gouvernement à résoudre les problèmes actuels, en premier lieu la situation économique désastreuse.

Bien qu’il soit peu probable que le gouvernement réalise d’importants progrès économiques au cours des prochains mois, il est tout aussi improbable que les parties en place disparaissent et que la situation économique s’aggrave. Nidaa et Ennahda ont des structures bien établies et une base électorale suffisamment importante pour se mobiliser afin de rester les plus importantes forces politiques du pays. Les cinq derniers mois, éclipsés par les protestations contre la nouvelle loi de finances de 2018, ont été un appel au réveil pour l’establishment politique de la Tunisie. Les questions économiques seront probablement le sujet numéro un lors des campagnes électorales en 2019.

L’improbable scénario de l’UGTT

Il y a un scénario plus improbable et dangereux pour la politique tunisienne. Si l’UGTT continue à bloquer les réformes du secteur public avec une production minière demeurant faible et des flux touristiques ne répondant pas aux attentes, la frustration qui en découle ouvrira la voie à une rhétorique autoritaire de « nettoyage des écuries d’Augias ». Le danger de la colère et du désespoir économique qui se traduisent par une politique radicale ne doit pas être sous-estimé. La Tunisie est, après tout, la seule démocratie en Afrique du Nord, rappelle Global Risk Insights.

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