AccueilLa UNETunisie : Un gouvernement dans la panade face à un syndicat droit...

Tunisie : Un gouvernement dans la panade face à un syndicat droit dans ses bottes !

Le gouvernement s’inquiète sans désemparer sur la version qu’il va livrer de la loi des finances pour le prochain exercice. Il se trouve au carrefour de multiples crises qu’il a  à gérer et auxquelles il est tenu de trouver une issue avant le 15 octobre, date à laquelle il doit remettre à la Représentation nationale la très controversée LF 2017. Arrivera-t-il à infléchir les positions des partenaires sociaux, singulièrement l’UGTT ? C’est la gageure sur laquelle il est embarqué et qui doit constituer le premier vrai test pour une équipe ministérielle que l’on donne pour généralement désarmée face à un composé de convulsions économiques et sociales qui, faute d’être résorbées à tire-d’aile, risquent d’en appeler d’autres, bien plus virulentes.

Boucler une loi des finances dans un pays où l’Etat est littéralement à court d’argent, où la croissance fond à vue d’œil, où le mécontentement social est éligible à l’explosion et où les syndicats ne semblent pas vouloir entendre raison, tient par bien des côtés de la quadrature du cercle. Circonstance aggravante, l’UGTT ne veut pas entendre parler d’un retard, encore plus d’une annulation des augmentations salariales au titre de 2017, y opposant un « rejet catégorique », allant même jusqu’à évoquer une menace sur la paix sociale. On ne serait pas alors loin de la première épreuve de force de Youssef Chahed avec l’Organisation ouvrière qui, droit dans ses bottes et sûre de son fait, invoque invariablement le « Document de Carthage » pour étayer le bien-fondé de ce qu’elle demande. Certes, mais il est essentiel de noter que ledit acte ne prévoit aucun calendrier afférent aux majorations salariales dont il est question.

Cherche compromis désespérément !

Il fait est que le gouvernement, impécunieux qu’il est, n’est pas en état de tenir l’engagement de mettre à disposition les fonds nécessaires pour financer les augmentations salariales pour 2017 et 2018, dont le coût s’élève à 1400 millions de dinars. Il ne s’en démène pas moins pour arracher un compromis à l’UGTT, en notifiant par différents biais qu’il ne s’agit là que de propositions à discuter. Il en a été  en tout cas fortement question lors de la réunion ce vendredi de la commission 4+4, et plus encore au cours de la rencontre que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, devra tenir dans les jours à venir avec la direction de l’Organisation ouvrière. Et c’est à l’issue et à la lumière de ces tractations que le gouvernement tranchera, dans un sens comme dans l’autre.

Dialoguer, dialoguer, dialoguer jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. Telle est la position du gouvernement telle qu’affirmée par son ministre des Affaires sociales  qui a engagé toutes les parties à prendre et assumer comme il se doit leurs responsabilités respectives, loin des tiraillements et des désaccords entre le gouvernement et l’UGTT, ajoute-t-il. Sauf à se convaincre que l’Organisation est décidée à aller au bout de sa logique, il peut être espéré que le consensus pourrait prévaloir moyennant l’engagement de l’Etat à « répartir les charges selon les moyens et les capacités de chacun-un principe essentiel-pour sortir de la crise ». L’intérêt supérieur du pays le commande aux uns et aux autres au regard de la menace d’une épreuve de force qui se précise et qui pourrait précipiter le pays dans une spirale dont nul ne peut prédire les conséquences.

Stopper l’hémorragie

Pour autant, un report des augmentations salariales n’aura pas vocation à remédier à l’inextricable dossier des salaires. Maints experts économiques, à l’instar d’Ezzeddine Saidane, y voient un expédient momentané qui n’apportera point la panacée idoine à la question salariale. C’est que l’essentiel est ailleurs, il loge dans l’incontournable nécessité de baisser les salaires qui constituent un lourd fardeau pour les finances publiques, les empêchant de servir à des fins d’investissement et de création d’emplois. C’est en somme un moyen ad hoc pour arrêter l’hémorragie qui frappe de fouet les caisses de l’Etat pour permettre à ce dernier de pouvoir respirer un peu et rassembler ses forces en vue de s’atteler aux chantiers les plus urgents en termes d’investissement, d’emploi, de fiscalité, d’endettement et de corruption.

C’est un fait entendu que pareil composé de défis ne pourra être relevé qu’à l’aune d’une mobilisation aussi large que possible, et l’UGTT doit en être un des acteurs majeurs. Le gouvernement, lui, devra se réinventer en s’interdisant de s’investir dans les solutions de facilité, comme par exemple , le recours systématique à l’arme fiscale, d’autant plus inique qu’elle abîme son crédit de dépositaire de la conscience nationale, et de garant de l’égalité de tous devant les charges publiques.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -