AccueilLa UNETunisie : Un jeu de massacre qui ne dit pas son nom...

Tunisie : Un jeu de massacre qui ne dit pas son nom !

C’est peu dire que l’épisode du vote de confiance au nouveau ministre de l’Intérieur était un simple bras de fer dont le chef du gouvernement, Youssef Chahed est sorti vainqueur. Le mélodrame dont l’hémicycle du Parlement a servi de planches n’est sans doute que le prologue d’autres batailles forcément violentes où tous les coups sont permis. Chahed a certes eu raison de ses adversaires et d’abord de ses ennemis jurés, mais cette issue porte en germe les ingrédients d’affrontements qu’il ne serait pas étonnant de les voir tourner à la conflagration politique générale. On ira alors d’embuscade en guet-apens à bras raccourcis à mesure qu’approchera l’échéance de 2019, déjà présente avec virulence sur l’échiquier politique.

Une victoire à la Pyrrhus ! Chahed en aurait remporté une s’il va lui arriver de céder à la facilité, de ne pas se prévaloir d’un bilan beaucoup plus convaincant que celui qu’il a célébré samedi, de manquer à se river à un esprit de suite conséquent en rendant compte de réalisations qui fassent mouche auprès des Tunisiens, impatients de voir leur vécu changer vers le meilleur, et de la façon la plus tangible possible. Surtout, il devra savoir montrer qu’il est capable d’oser avec la lucidité qui s’attache aux choses périlleuses, de dire à ses concitoyens ce qu’il en est réellement des défis que tout le monde est appelé à relever, sans détour ni leurre. Bref, il devra faire office de « bon père de famille » digne de confiance, fédérateur, et en rupture avec les errements politiques et d’autres ordres qui ont fortement abîmé la chose publique depuis 2011.

Une œuvre de longue haleine

En se parant de semblable armure, le chef du gouvernement se mettra en état de damer le pion à ses adversaires, au premier chef ceux du parti dont il continue de se revendiquer et qu’ils lui ont déclaré une guerre massive et impitoyable. On doit à la vérité de dire que ce ne sera pas quand même une promenade de santé. Hafedh Caïd Essebsi est peu susceptible d’être amené à composition. Il en administré la preuve irréfragable et tout porte à croire qu’il ne va pas s’arrêter au milieu du gué, même s’il a concédé cette palinodie qui, sans être décisive, a rendu moins compliqué le vote de confiance, samedi. Le moratoire de dix jours qu’il a fixé à Youssef Chahed lui faisant injonction de reprendre le chemin du palais du Bardo est le symptôme d’une œuvre de plus longue haleine où feraient bon ménage tous les accessoires de la manœuvre politique florentine.

Des « phrases assassines »

Deuxième écueil à enjamber, celui que représente le président de la République lui-même de par les positions nettes et tranchantes qu’il a prises à l’égard, souvent, contre le chef du gouvernement. Tout en se défendant de vouloir nuire à son ci-devant protégé, il ne s’est pas dispensé de lui cocher des piques qui en disent long sur le contentieux entre les deux hommes. Comme par exemple le distinguo dont il s’est fendu ce mardi même « entre l’homme politique chevillé aux élections et l’homme d’Etat qui a pour vocation majeure de se projeter dans l’avenir des générations montantes », emballant le tout dans un pronostic des plus incertains en assénant que « personne ne sait qui sera là en 2020, et où ». On peut penser que BCE rumine là toute l’amertume qu’il ressent vis-à-vis de Chahed, mais il s’y grefferait nécessairement d’autres suites frappées d’une égale incertitude.

L’ « angélisme » d’Ennahdha

Enfin, dans ce jeu de massacre, il serait impertinent de passer sous silence ce que le mouvement Ennahdha réserve à Youssef Chahed et le lapin qu’il sortira de son chapeau. On ne peut pas ne pas être frappé par cette aménité que Rached Ghannouchi témoigne à l’endroit du chef du gouvernement et ce soutien indéfectible qu’il lui a apporté voici quelques jours lors son épreuve face à la Représentation nationale. On en arriverait à y voir l’expression innocente d’un angélisme de saint de vitrail. Sous des dehors de sauvegarde de l’intérêt national et de la stabilité politique, couve, aux yeux de maints observateurs, des desseins inavoués et inavouables solidement ancrés dans la perspective électorale de 2019. C’est de bonne guerre, serait-on enclin à trouver. Mais se prêter à pareille alliance ne serait pas indemne de conséquences qu’il est difficile d’en voir le petit bout à l’heure actuelle. Le fait est qu’il y a un signe qui ne trompe pas, qui renvoie à cette préconisation faite par Ghannouchi à Chahed de procéder à un remaniement qui porte sur ce 5 ou 6 portefeuilles ministériels. Le bal est ouvert !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -