AccueilLa UNETunisie : «Capri c’est fini» ou poudre de Perlimpinpin ?

Tunisie : «Capri c’est fini» ou poudre de Perlimpinpin ?

La semaine politique passée en Tunisie aura été marquée par l’annonce du parti Nidaa Tounès d’un divorce à l’italienne, une querelle d’Allemand, une sorte de séparation de corps, entre les deux principales composantes de la scène politique tunisienne de l’après-révolution et les deux principaux partis au pouvoir depuis les élections, législatives et présidentielles, de 2014. Officiellement, cela a été appelé, un «désengagement» ou en langue arabe «فك الارتباط».

 «Paris, c’est fini» … et dire que c’était la ville de leurs 1ères amours !

Les deux partis n’avaient, en fait, aucun lien écrit, signé ou même officiellement convenu, pour le dénoncer et parler d’un désengagement. Ils étaient même, avant les élections, comme chien et chat. Le rapprochement avait commencé en 2013, dans un grand hôtel parisien, qui scella alors ce qui sera appelé l’accord de Paris. Beaucoup de choses ont été dites sur le contenu de cette rencontre qui rapprochera un Rached Kheriji-Ghannouchi qui disait en 2012 que Nida est plus dangereux que les Salafistes et un Béji Caïed Essebssi qui deux ans plus tard, assénait «ne pas voter Nida, c’est voter Ennahdha» et que ««Nidaâ et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais sauf avec la volonté d’Allah…et s’ils se croisent, l’on s’en remettra à Allah» !

L’armistice entre les deux vieux leaders des deux partis, prendra forme après les élections de 2014 dans les gouvernements Essid et Chahed, où Ennahdha était même parfois le principal soutien des deux gouvernements, en face d’une opposition acharnée et d’un Nida au soutien très mou.

L’armistice ne durera que jusqu’à 2017, malgré les rencontres multiples, assaisonnées de photos et de séquences vidéo, entre Rached Kheriji-Ghannouchi et les BCE, senior et junior. Le premier craquèlement interviendra en septembre dernier, lorsqu’on a vu le chef de l’Etat se réveiller pour proférer son fameux «Nous nous sommes trompés sur Ennahdha». BCE expliquait alors au journal Le Monde qu’il essayait depuis 2014, de «ramener Ennahdha au club des partis civils, mais il paraît que nous avons fait une mauvaise évaluation».

 Plus des photos de Hafedh et de Rached ensemble. «Tout est fini» !

Quatre mois, jour pour jour, après le «réveil» de BCE à la réalité d’Ennahdha, c’est son fils qui, poussé par son père ou secoué par ses pairs, se réveille à cette même vérité pour annoncer ce qui sera un «non-évènement». Peu de médias, presque tous préoccupés par les premiers impacts financiers de la loi de finances 2018 sur le pouvoir d’achat des citoyens, se sont en effet intéressés à ce divorce à l’italienne entre Nida et Ennahdha.

Contacté par Africanmanager, le porte-parole de Nida Tounes, Mongi Harbaoui, expliquera que «après 2014, nous étions dans une situation, temporaire et de circonstance (…). Cette situation avait exigé un consensus. Aujourd’hui et après la mise en place des structures de l’Etat, une situation sécuritaire stable et une situation économique en voie de retour à l’activité et la mise en place de l’accord de Carthage qui ne rend plus nécessaire le consensus, nous estimons qu’il est temps de passer à une situation de concurrence démocratique». Et Harbaoui d’ajouter que «nous estimons qu’il y a une différence entre Nida et Ennahdha, sur tous les plans, idéologique, politique et économique et qu’Ennahdha est le principal et presque le seul vrai concurrent de Nida Tounes. Nous passons ainsi du consensus à la concurrence».

La mise à fin du consensus ne concernera, cependant, ni l’action parlementaire, «où le consensus concerne Ennahdha et le reste des partis politiques présents à l’ARP, au sein de la commission du consensus qui groupe tous les blocs parlementaires et même les indépendants et sur la base de l’intérêt supérieur du pays», explique Mongi Harbaoui. Le porte-parole de Nida dit enfin à Africanmanager, qu’il «ne croit pas que le désengagement impactera le gouvernement d’union nationale issu de l’accord de Carthage». Nida et Ennahdha resteront donc amis et partenaires «comme deux têtes dans un couffin» dans le pouvoir. Le désengagement ne signifierait ainsi pas remaniement. Les deux partis resteront aussi les deux amis qui se détestent cordialement et s’entraideront dans les couloirs de l’ARP et sous sa coupole.

Et lorsqu’on lui rappelle les photos unissant Hafedh Caïed Essebssi et Rached Kheriji-Ghannouchi, Harbaoui est incisif. «Tout est fini» ! Faut-il le croire ? 

  • Une querelle d’Allemand ( عرك طبابلية يتعاركو في الصباح و يرجعو في العشية ) ?

Deux possibles explications à ce revirement si inattendu qu’il en devient attendu et presque banal. D’abord, le fait que Nida aurait perdu presque 200.000 de ses adhérents, selon des sources statistiques proches du dossier, à cause du rapprochement avec le parti islamiste. Il n’est un secret pour personne que Nida ne doit sa réussite aux présidentielles et aux législatives de 2014 qu’à l’image d’un parti anti-Ennahdha. En trois ans, cette image s’est fortement dégradée. Et à l’approche des Municipales de mai 2018, Nida sentait l’impériosité, pour sa survie, de rétablir cette image qui redeviendra le socle de sa prochaine campagne pour les Municipales.

D’autres pourraient aussi évoquer le titre du film «Un divorce de chien» de Lorraine Levy où un jeune couple décide de se séparer à l’amiable. Tout va pour le mieux, jusqu’à la question cruciale de la garde du chien… !

Dans ce cas, le désengagement et le divorce ne seront que de la poudre de Perlimpinpin, dans un «je t’aime moi non plus » dont on ne connaît pas le sens. Passées les Municipales, l’un et l’autre pourraient se retrouver dans une nouvelle situation où ils pourraient être obligés de gouverner ensemble. L’effet de la poudre de Perlimpinpin se dissipera, le désamour finirait et les mariés de Paris pourraient alors se refaire une nouvelle nuit de noces dans un autre grand Palace !

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

  1. Dans toutes les démocraties du monde , les partis politiques se présentent avec leurs propres listes aux élections….
    Les alliances ne se font qu’après que les urnes ont parlé et donné à chacun son poids réel dans le paysage politique du pays…
    Alors….il ne faut pas se faire des illusions…..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -