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Tunisie : Deux couacs entre Chahed, un ministre et un directeur à la base du tour de vis!

Nous rapportions, dans notre édition du dimanche 29 janvier 2017, la circulaire du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, interdisant à ses ministres de communiquer, sauf autorisation de ses services de communication. Une circulaire dénoncée comme une tentative de remise en question du droit à l’information et de la liberté de la presse. La HAICA a de son côté exigé «des explications du gouvernement», estimant que «les décisions de ce genre nous font peur puisqu’elles touchent aux acquis de la révolution, notamment la liberté d’expression, la liberté des médias ainsi que le droit à l’accès à l’information». Nous vous livrons aujourd’hui les vraisemblables causes qui ont été derrière cette circulaire interne.
Il s’agirait, selon des informations croisées, d’au moins deux couacs, toujours de communication, entre Youssef Chahed et l’un de ses ministres, et entre ce dernier et l’un des collaborateurs. Deux couacs qui ont mis à mal, très mis à mal même, le chef du gouvernement tunisien et son gouvernement face à une organisation nationale et à une instance internationale.
Nous n’en dévoilerons pas les noms, car nous estimons qu’en l’absence de stratégie globale de communication, surtout interne, toute équipe gouvernementale, puisse-t-elle être le GUN (gouvernement d’union nationale), commettrait les mêmes erreurs.
De pareils couacs ont déjà eu lieu, notamment sous le gouvernement précédent. L’actuel chef du gouvernement ne semble pas en avoir pris connaissance, ou peut-être même n’en a pas entendu parler. Le résultat est que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Force est en effet d’affirmer que la communication du gouvernement, en intra-muros et extra-muros, ne va pas bien. Et administrativement, c’est le chef du gouvernement en premier lieu qui doit en supporter les conséquences et corriger s’il en a la réelle volonté.
–        1er Couac : Le ministre dit le contraire de son chef
Le 1er couac aurait surgi en septembre dernier, lors d’une des séances de discussion entre le gouvernement et l’ancienne direction de la centrale syndicale ouvrière, UGTT. Des négociations où un des ministres du gouvernement Chahed aurait donné aux membres du BE de l’UGTT un chiffre, aux antipodes de celui qui aurait été communiqué par le chef du gouvernement lui-même, de manière officielle. Et le ministre de se faire savonner en public et «jusqu’aux larmes» selon un des présents, par l’un des membres du BE de l’UGTT qui se demandait à quel saint se vouer. Cette savonnade aurait même été suivie par une autre, infligée au même ministre, par le chef du gouvernement qui n’aurait pas tardé à entendre parler de l’incident.
–        2ème Couac : Les DG mettent à mal la ministre
Le second couac a eu pour théâtre le bureau du même ministre. Ce dernier se serait trouvé en porte-à-faux avec des déclarations faites par quelques-uns des DG de son ministère. Cela serait arrivé, selon nos informations, suite à la visite en Tunisie d’une délégation d’une institution internationale donatrice pour la Tunisie. Avant sa rencontre avec le ministre, la délégation avait pris la peine de rencontrer quelques hauts cadres de ce ministère, à propos de la situation économique en Tunisie. Ces derniers lui auraient brossé un tableau noir, mais réel et aucunement empreint du politiquement correct. Lors de son entretien avec le ministre, la délégation entend un discours, plus positif et dans le droit chemin de la logique du gouvernement qui cherchait à rassurer ses partenaires. Et la délégation étrangère ne tardera pas à faire part au ministre de son étonnement quant à la différence des discours. C’est ce couac qui sera à l’origine d’une première circulaire. Elle est le fait du ministère des Finances et interdit à tous ses fonctionnaires de recevoir quiconque et de donner quoi que ce soit à quiconque, sans l’autorisation des premiers responsables.
–        Manque flagrant d’éléments de langage collectif et unifié
Derrière ces couacs il y a d’abord une absence totale de communication entre le chef du gouvernement et ses ministres et entre ces derniers et leurs collaborateurs. La communication interne n’étant pas une génération spontanée, elle s’apprend. L’un des premiers éléments de cet apprentissage, qui doit obligatoirement aller de haut en bas, sans pour autant oublier les remontées de feed-back, sont les éléments de langage à répercuter, du chef du gouvernement vers ses ministres et de ceux-ci vers leurs collaborateurs. Cela évitera la dispersion du langage à propos d’un même sujet, sans pour autant éliminer le détail que pourra ajouter chacun à sa propre communication. Sans donner l’impression d’une centralisation de l’information, ces éléments donneront, devant des partenaires locaux ou internationaux, l’impression d’une unité de vision et d’une unité de langage.
–        Attention à la « chemise » de Youssef !
Youssef Chahed a certainement raison, au vu de ces deux couacs, d’essayer de mettre de l’ordre chez lui. Mais c’est là une affaire de communication interne propre au fonctionnement du gouvernement. La circulaire de Chahed aurait été compréhensible si elle n’avait pas généralisé pour englober toute la communication jusqu’à faire douter toute son administration, qui en revient à attendre les directives.
Côté communication avec l’extérieur et les médias notamment, le gouvernement Chahed fait, pour l’instant, l’autiste, en refusant par exemple de s’expliquer publiquement sur ses choix des Délégués, qui font encore polémique ou en tentant de contrôler l’information sous le couvert de livrer une information exacte.
Sans vouloir donner des leçons à quiconque, il est bon à ce stade de rappeler à Chahed de faire attention à ce que ses conseillers n’utilisent ce dossier de l’information, comme d’autres, avant l’Islam, avaient utilisé «la chemise» de Youssef le prophète pour démontrer à son père qu’il a été mangé par le loup. La communication est une science avant d’être un art. Le mieux donc serait de s’adresser à ses professionnels qui sauront en établir la stratégie, en temps normal et en temps de crise, pour les besoins de La Kasbah. A défaut, l’information, un besoin naturel de toute société, survivra et continuera à circuler. Lui ouvrir les portes, en la canalisant et en l’encadrant, bouchera mieux toutes les fissures et les coulisses par lesquelles elle continuera à suinter. Ben Ali y avait mis une chape de plomb, et c’est le déficit d’information qui a fini par l’emporter.  Jusqu’à présent Chahed a plutôt fait l’autiste. Ira-t-il enfin se faire soigner chez un cabinet de communication ?

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