AccueilInterviewTunisie : La «Dame du fer» et ses projets pour la SNCFT

Tunisie : La «Dame du fer» et ses projets pour la SNCFT

Elle, c’est une spécialiste du transport, un secteur où elle a fait presque toute sa carrière, qu’elle connaît, de la voiture particulière à l’avion, en passant par les bus et le train. Connue pour être une Dame de fer, elle a atterri il y a quelques mois aux chemins … de fer.

De ce secteur, le transport ferroviaire, on ne parle que lorsqu’il y a un train qui déraille ou qui arrive en retard. De ses difficultés financières, derrière toutes ses défaillances avec des tarifs qui n’ont pas augmenté depuis 10 ans, et de ses projets, on parle peu ou prou. C’est en tant que PDG de la SNCFT qu’Africanmanager a parlé à Sarra Rjeb, cartes sur tables. De la situation, financière et matérielle, qu’elle juge «catastrophique» et qui enregistrait en 2016 un déficit de 71,5 MDT jusqu’aux projets pour redonner du tonus au transport des voyageurs et des marchandises. Des projets, dont elle parle avec beaucoup d’enthousiasme et qui la laissent optimiste quant à l’avenir de l’entreprise malgré ses grosses difficultés. Interview :

Au vu de la situation financière, fortement déficitaire, de la SNCFT dont vous êtes le PDG, comment comptez-vous traiter cette question et à quelle date pourrait être prévu un retour à l’équilibre ?

La situation de l’entreprise est difficile, en particulier pour ses moyens de production. D’abord, le matériel roulant qui est catastrophique. Notre matériel a plus de 30 ans d’âge. Mais aussi, la situation de la voie ferrée qui nécessite entretien et réhabilitation, sans oublier les moyens humains.

Qu’est-ce qu’il y a donc lieu de faire ?

Nous avons préparé un dossier de restructuration de l’entreprise qui cible les trois défaillances. Pour le matériel roulant, il y a un projet en cours d’exécution pour l’acquisition de 20 nouvelles locomotives pour le transport du phosphate, pour augmenter nos capacités de transport de ce minerai. Un projet de 165 MDT, financé par un groupement de banques tunisiennes. 10 locomotives seront livrées en septembre 2018 et les 10 autres deux mois plus tard, en novembre de la même année par le constructeur américain EMD.

La SNCFT a aussi fait l’acquisition de 13 moteurs Diesel qui serviront à la réparation d’autres locomotives, pour un montant de 4,4 millions $US. On en a déjà reçu 8, construits par l’américain NRE. Les 5 autres ont été déjà réceptionnés et leur livraison sera faite incessamment.

Concernant le matériel pour les voyageurs, nous mettons déjà la touche finale au cahier des charges pour l’acquisition de 110 voitures. L’appel d’offres pour ce marché de 200 MDT, présenté le 5 juin dernier par le ministère du Transport à l’ARP pour un financement sur le budget de l’Etat, sera lancé prochainement. Un autre contrat a déjà été signé pour l’acquisition de 50 wagons céréaliers, pour un montant de 8 MDT auprès d’une entreprise chinoise et dont la livraison devrait se faire en décembre prochain.

Pourquoi ce choix d’un matériel chinois, alors que vous aviez déjà eu, selon nos informations, une mauvaise expérience avec le matériel chinois ?

Cette expérience concernait en fait le matériel roulant pour voyageurs et on n’a en effet pas été content du résultat. Livré en 2012, la SNCFT ne dispose toujours pas des manuels de réparation et d’entretien et le marché n’est pas encore clôturé. C’était une mauvaise expérience et je le dis à toutes les entreprises chinoises qui viennent nous présenter leurs produits. Pour les céréaliers, c’est essentiellement de la forgerie qui ne nécessite pas de la haute technologie.

La SNCFT en quelques chiffres

La SNCFT, c’est 1991 kilomètres de voies ferrées en fonction, 27 trains pour les voyageurs des banlieues et du Sahel, 129 trains voyageurs inter-villes, 30 locomotives longue distance, 3.428 trains marchandises. Des charges salariales de 117,7 MDT pour un chiffre d’affaires de 124 MDT de revenus. 1150 intérimaires intégrés 2011. 71,5 MDT de pertes en 2016. Une différence de 131,35 % entre les coûts des facteurs et le prix du ticket. 13 % de resquilleurs sur la banlieue et 3 % sur les grandes lignes, soit 1,3 MDT de manque à gagner. 502 voyages supprimés sur les lignes long-trajet et 1,6 MDT de pertes sur le phosphate. 5 MDT de pertes sur le transport de la coke de charbon à Gabès. Un âge moyen de 33 ans pour les locomotives, de 38 ans pour les marchandises. Une dette en expansion envers la SNDP et la CNRPS

Pourquoi alors ne pas le faire chez vous à Sidi Fathallah qui ne sert plus presque à rien ?

En fait, si on n’a jusqu’à maintenant pas lancé l’autre appel d’offres pour 400 wagons phosphatiers et 150 wagon Fret, c’est essentiellement parce que nous pensons encore à une solution de ce genre à Sidi Fathallah. Une solution de fabrication da wagons pour le transport du phosphate ou des voyageurs, au niveau des ateliers de Sid Fathallah où nous disposons de 40 hectares, des ateliers, un espace couvert de presque 10 hectares et où nous construisons déjà un aire de dépôts des wagons du RFR qui nous seront livrés par «Rotem-Hyundai». Tout cela, sans compter l’atelier de 5 hectares à Bizerte, abandonné par la SNCFT et dont le site se prête mieux à un tel projet de construction de wagons, surtout avec la proximité du port. On a une offre pour un tel partenariat de la part de la Turquie où ils font des choses à la pointe de la technologie et du matériel de qualité comme j’ai pu m’en rendre compte personnellement. On a aussi une autre offre d’une entreprise installée en Malaisie. De tels projets et d’autres pourraient être évoqués lors de la prochaine réunion en Assemblée générale à Tunis de l’Union africaine des chemins de fer que préside actuellement la SNCFT.

Et de la situation financière de la SNCFT, qu’est-ce qu’en dit la 1ère responsable ?

Elle est très difficile. Mais il est prévu que la SNCFT revienne à l’équilibre en 2020, si toutes les mesures que nous avions demandées pour cela, sont exécutées. Il y a d’abord, la prise en charge par l’Etat de la dette de l’entreprise, notamment envers la SNDP. Là, on a déjà une bonne nouvelle. L’Etat a en effet décidé de prendre en charge cette dette à concurrence de 154 MDT. On a aussi une dette auprès de la CNRPS et on demande une prise en charge de l’Etat à concurrence de 90 MDT. Mais on demande aussi et surtout l’autorisation d’augmenter, de manière périodique et même à petites doses, nos tarifs sur les grandes lignes à partir de cette année. Un dossier devrait d’ailleurs être déposé par le ministère du Transport auprès du chef du gouvernement, pour une augmentation des tarifs de tout le secteur.

Quels sont actuellement les projets en cours ou immédiats de l’entreprise, hormis le RFR qui sera géré par la SNCFT ?

Il sera en effet géré par notre entreprise. C’est elle qui a lancé l’appel d’offres pour l’acquisition des 28 trains du RFR par Rotem-Hyundai, la construction du dépôt et l’entretien à Sidi Fathallah. De pair avec la mise en exploitation du RFR, il y a le projet du réaménagement de l’actuelle gare de Tunis. Le RFR devrait en effet augmenter le flux de voyageurs et nous mettons en place pour cela un nouveau système de perception ou de paiement sans contact à Transtu (Ndlr : Bus et Métro-léger). Ce projet sera étendu à la SNCFT et le RFR et qui nous mettra à la pointe de la technologie en la matière. Mais le projet de réaménagement consistera aussi en l’agrandissement de l’actuelle gare de voyageurs pour bien gérer le flux de voyageurs du RFR aussi. Le financement sera sur le projet RFR, mais la SNCFT sera le maître d’ouvrage. Tout cela, à côté du grand projet de la Place Barcelone, fait par Transtu, qui mettra le Métro en surface et mettra les bus en sous-terrain et rendra cette Place à la ville.

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