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Tunisie : L’Etat des passe-droits et ceux qui ont «Richa» sur la tête (فوق راسهم ريشة)!

Les agents de la Steg (Société tunisienne de l’électricité et du gaz) ne paient, statutairement, l’électricité et le gaz qu’en partie. Ils bénéficient en effet d’un quota, entre 700 et 500 unités de consommation par an, qu’ils soient cadres ou agents. Ils bénéficient même d’une prime de 400 DT pour célébrer la fête du mouton et d’un autre tas de primes, alors que l’entreprise est déficitaire. Cela représente certes peu dans le chiffre d’affaire, cela n’en est pas moins un passe-droit.

Les agents de la Sonede ne paient pas leur consommation en eau. En fait, ils reçoivent, chaque trois mois, une «dotation d’eau» incorporée dans leurs bulletins de salaires, d’une valeur de 50 DT pour tous, du PAG au «Chaouch». Et si on fait la comparaison avec une facture, comme la nôtre, qui est de 7 à 8 DT par mois, l’eau gratuite se vérifie amplement pour les employés de la Sonede. Les agents de Tunisie Télécom ont un forfait de consommation fixe de 20 DT par mois et parlent entre eux gratuitement par téléphone mobile.

Mieux encore, les agents de la CNSS ne paient pas leurs cotisations au régime de la retraite depuis… 2011. C’est le ministre des Affaires sociales lui-même qui l’affirme et le confirme. Ce n’est même pas un refus de leur part, c’est l’Etat qui le leur accorde en toute mansuétude. Ces employés, royalement traités par rapport au reste des employés de tout le secteur public, reçoivent pourtant leurs retraites comme n’importe quel cotisant normal. Et pourtant, la situation financière de la CNSS est plus que préoccupante avec un déficit de 583,3 MDT cette année (Voir notre interview du DG de la sécurité sociale) et elle n’arrive pas, comme la CNRPS, à honorer ses engagements envers la CNAM, mettant ainsi en péril un autre service public.

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Les agents des banques dans le secteur public ont installé, pour certaines, le principe de l’héritage des postes d’emploi. «Favoritisme et népotisme et héritage dans la fonction publique avec la touche et l’insistance de l’UGTT à commettre les mêmes abus, malgré un changement d’acteurs». C’est ce que rapportait l’ONG «I Watch» en Tunisie en insistant sur le rôle du syndicat ouvrier dans ce développement. Ces institutions dérogent ainsi, joyeusement, aux règles de l’équité et à l’égalité des chances dans l’emploi.

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Si le contenu de ce document se vérifiait, cela confirmerait les dires d’I Watch et cela serait contraire même à la Constitution qui consacre l’égalité de tous devant le travail, le Fisc et un tas d’autres droits et devoirs.

Ce ne sont là que quelques exemples de cet Etat des passe-droits, acceptés, de droit (comme pour le cas de la CNSS), de fait comme pour le reste. On pourrait y ajouter les milliers de fonctionnaires qui ne travaillent point et reçoivent leurs salaires, toutes indemnités comprises (avec pour certains même celles du travail de nuit, des dimanches sans oublier celle de production avec une note de 20/20). Mais encore ces fonctionnaires qui font leur travail de recouvrement des impayés de l’Etat et qui partagent avec lui les bénéfices, en dehors de leurs salaires et primes, ou encore les avocats et les médecins qui se mettent une «Richa» sur la tête et refusent de payer l’impôt comme tout le monde.

Les dessous des finances de l’Etat tunisien sont ainsi pleins de passe-droits et de privilèges accordés à ses employés au temps des beaux jours de l’économie où la croissance était toujours au rendez-vous, quand les machines tournaient à plein régime et qu’il fallait encourager la surproduction pour rester dans la course des exportations. Les temps ont changé et les passe-droits sont devenus des acquis indéboulonnables.

Avec la «révolution», ceux qui ont repris le pouvoir ont évité de toucher au «système». Les chefs d’Etat successifs ont continué à toucher les même rémunérations, sinon plus, que leurs prédécesseurs. Les chefs de gouvernement aussi. Comme le RCD qu’ils ont dissout, les partis politiques ont continué à extorquer les hommes d’affaires ou à en faire les membres-financiers.

  • Des passe-droits pour les «Zwawla»

Des ministres s’octroient des indemnités de plusieurs années de lutte contre l’ancien régime à l’étranger, des gouvernements qui donnent des indemnisations à des «persécutés» de l’ancien régime qu’on retrouve par la suite dans des opérations terroristes et engorgent la fonction publique de milliers de recrutements d’anciens prisonniers, des repris de justice et des militants politiques du parti islamiste en lieu et place des jeunes diplômés et autres chômeurs de longue durée. Le nouvel Etat, culpabilisé par des partis politiques et des parties de la société civile, accepte de payer le prix de ce qui était présenté comme l’erreur de l’autre régime et fait de grandes largesses et octroie des passe-droits.

De leur côté, les va-nu-pieds, ceux qui «ont fait» cette révolution, l’ont utilisée ou l’ont montée, se sont mis à leur tour à s’auto-octroyer des privilèges et des passe-droits. Ils ne travaillent plus et ne laissent pas les autres travailler et arrêtent la production des entreprises, bâtissent des murs sur les voies ferrées à Metlaoui, défoncent les routes, bloquent les pistes de transport du phosphate, brûlent les voitures de police et les noient dans les eaux Kerkenoises, incendient les postes de police, les recettes des finances et les postes douaniers. Ils font de la contrebande, défient les forces de l’armée en traversant les zones militaires et on les laisse faire sous couvert de chômage et absence de projets pour le développement. Ils vendent des produits prohibés, gagnent des millions DT et se dit «Zwawla», dénoncent les contrôles du Gouverneur de Tunis et trouvent même échos à la Kasbah. Ils squattent les biens, de l’Etat, les biens confisqués à l’ancien RCD et même des sociétés publiques comme la SNIT, occupent les terres de l’Etat et en vendent publiquement ses fruits. Ils occupent les trottoirs et y bâtissent des commerces.

Tout cela, en toute impunité. Mieux, l’Etat trouve des solutions aux spoliateurs et régularisent leurs méfaits. Les passe-droits n’en finissent pas, ils se démocratisent !

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