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Tunisie-Loi de Finances 2018 : Il faudra pourtant un jour arrêter de déconner !

Comme toutes celles qui l’ont précédée depuis 7 ans, la loi de finances (LF) 2018 ne plait à personne. Le patronat en est mécontent, les syndicats ouvriers la vouent aux gémonies, l’opposition la critique et étrille le gouvernement Youssef Chahed. Aucune catégorie socioprofessionnelle n’est, non plus, contente de la LF 2018 et tout le monde y trouve quelque chose à redire. Beaucoup en discutent à partir de leurs porte-monnaies et ne pensent qu’à l’incidence des mesures, comprises dans cette LF, sur leur confort personnel et leur pouvoir d’achat. D’autres, malheureusement dits leaders d’opinion, en parlent à partir d’un prisme politique, quelle qu’en soit la finalité. Et pourtant !

  • Les chiffres têtus de la loi de finances 2018

Voyons les faits chiffrés. Le projet de budget de l’Etat tunisien pour l’exercice 2018 sera de 35,851 milliards de dinars. Un budget en hausse de 4,3% par rapport à celui de 2017 dont la loi de finances complémentaire n’a même pas été présentée. Ce budget restera contraint par des dépenses de fonctionnement où iront 21,941 Milliards DT. Dans «fonctionnement» il y a d’abord, et surtout, les 14,751 Milliards DT de salaires de la fonction publique et ceux du gouvernement, qui sont «Peanuts» par rapport à ceux de l’ensemble des fonctionnaires.

Les bailleurs de fonds du gouvernement avaient exigé de baisser ou de maintenir la masse des salaires en l’état, le gouvernement n’a pas pu éviter une hausse de 451 MDT, et ce n’est pas fini. L’UGTT annonce déjà de nouvelles négociations salariales pour 2018 et il n’est pas exclu que cette masse passe à 15 Milliards DT. Le «fonctionnement», c’est aussi le remboursement de la dette, en principal et intérêts, et qui nécessitera 7,972 Milliards DT.

A eux seuls, ces deux postes, incontournables faut-il le rappeler, des salaires et de la dette, représenteront 22,723 Milliards de la dette. Qui aura donc le courage, ou la témérité, de dire que le gouvernement aurait pu les éviter ?

L’autre grosse rubrique du budget, tout aussi incontournable, à moins d’amener Noureddine Taboubi à gommer ses 100 mille lignes rouges à propos des entreprises publiques et leur gouffre financier de 2,5 Milliards DT, est celle de «l’intervention publique». Elle va nécessiter un peu plus de 5,6 Milliards DT en 2018. Des fonds qui iront en dotation et subventions, de fonctionnement ou d’équipement, de l’Etat. Elles iront à des institutions, comme la CNSS, la CNAM, la CNRPS ou les entreprises publiques. Qui pourrait aussi dire que ce sont là des dépenses inutiles ?

Il reste les 0,404 Milliards DT pour les dépenses imprévues, comme les catastrophes naturelles et autres et les 1,15 Milliards DT de la rubrique «Moyens de services» qui serviront à la gestion de l’Administration, en parc roulant, bureau, eau, électricité et autres. Sont-elles inutiles aussi ? Sont-elles évitables ?

Donc, rien que pour l’essentiel de l’essentiel et les dépenses que personne ne pourrait discuter, le budget aura besoin de 29,913 Milliards DT. Et parce qu’il en est ainsi et que pour faire mieux il faudra plus, à l’investissement dans les routes, les écoles, les hôpitaux et autres investissements créateurs d’emploi, il ne restera que 5,121 Milliards DT. On pourrait certes dire que l’Etat tunisien est dépensier. Que ceux qui le pensent aillent le dire, à l’UGTT et aux partis de l’opposition qui mettront cette loi de finances en charpie devant l’ARP (Assemblée des Représentants du peuple), descendront en flammes le sapeur-pompier Youssef Chahed !

  • Que ceux qui peuvent mieux faire se jettent la pierre !

Beaucoup de ceux qui parlent, depuis quelques jours dans les journaux, les radios et les plateaux TV, disent que la LF 2018 est une loi de mobilisation de ressources. C’est vrai. Dans le cas contraire, comment et par quel autre moyen voudraient-ils que l’Etat paie les salaires, fasse tourner l’Administration, remboursent leurs frais de maladie ou paient leurs retraites ? Peut-être voudraient-ils que le gouvernement aille imprimer de l’argent ? Autrement, il s’endette déjà plus qu’il ne faut (plus de 72 %), à l’extérieur comme à l’intérieur où il a presque asséché la liquidité du marché financier et mis le feu aux taux d’intérêt.

Il aurait certes pu tirer ces ressources ailleurs. Le «Titre 1», qui comprend l’argent venant du Fisc, de la douane et autre fiscalité indirecte, compte déjà plus de 24,603 Milliards DT et le «Titre 2» des emprunts compte 10,431 Milliards DT. Les grosses entreprises paient leur fisc. Pour les petites, la refonte du régime forfaitaire, entamée par la LF 2018, y remédiera même en partie. Pour le reste, faire plus de pression fiscale sur les entreprises n’a jamais été bon pour l’investissement, local et étranger.

D’autres diront qu’il aurait pu presser un peu plus les riches. Ces derniers sont déjà taxés à 35 % et leurs bénéfices sont même doublement taxés. Il aurait pu alors lâcher les brigades du contrôle fiscal. Cela est vrai, mais l’argent des redressements fiscaux n’est pas immédiatement recouvrable. Il faut généralement plusieurs années, entre entreprises, directions du Fisc et tribunaux de tous niveaux, pour que l’argent entre dans les caisses de l’Etat. Pour ceux qui ne le savent pas, les services du Fisc ont tapé sur tout le monde, y compris les propres entreprises de l’Etat et ils n’arrêtent pas !

Le gouvernement de Youssef Chahed aurait pu aussi mettre fin au marché parallèle, à la contrebande et à l’évasion fiscale. Pourtant, comme le savent très bien tous les hypocrites, parmi les politiciens et les experts de tout acabit, on ne gagne pas ces batailles de longue haleine en deux années et même plus, beaucoup plus !

Chahed aurait pu aussi vendre les confisquées, mais cela demande du temps. Vendre les deux tonnes d’or et disposer des Millions d’euros confisqués par la douane. Cela aussi demande du temps et beaucoup de procédures administratives et de justice. Il aurait pu faire une foule de choses, encore faut-il que l’ARP le lui permette !

Ce qui est sûr, c’est que la Tunisie est devenue un pays ingouvernable, que même une Margaret Thatcher ne pourrait redresser dans la conjoncture actuelle. Un pays fait de cupides, d’envieux et d’égoïstes et où chacun a son petit diable dans la poche ! Il lui faudra pourtant un jour arrêter de déconner !

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