AccueilLa UNETunisie : Voici pourquoi il refuse de payer et devient Poujadiste !

Tunisie : Voici pourquoi il refuse de payer et devient Poujadiste !

Nous parlions, dans une édition précédente, du projet de loi de financeS (LF) 2018 et du caractère incontournable de ses dépenses. 2018 est en effet, une année charnière dans la transition économique, avec les prémices de croissance qu’elle porte déjà. Une année cependant, dont la LF, qui est la traduction financière du budget de l’Etat pour le même exercice, est l’une des plus controversées et l’une des plus redoutées par presque toutes les classes économiques du pays. Hommes d’affaires, investisseurs, fonctionnaires et simples ouvriers, craignent en effet l’impact des différentes augmentations, de taxes et de mesures fiscales, directes et indirectes, sur leur pouvoir d’achat. Et il n’est pas exclu, selon plus d’un observateur averti, qu’elle fasse l’objet d’âpres négociations à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) et qu’elle soit même déplumée par rapport à sa copie originale et que différentes mesures y soient revues, corrigées ou simplement annulées, ce qui mettra certainement le gouvernement dans une situation difficile.

Force est de constater que le GUN (Gouvernement d’union nationale) et le ministère des Finances en particulier, ont encore péché par excès de mutisme à propos de ses différentes mesures, même si le ministre Ridha Chalghoum pourra arguer des différentes réunions qu’il a tenues avec différentes corporations.

Même si le paiement de la fiscalité reste un devoir sacré et le financement du budget de l’Etat un devoir national tout aussi sacré, il demeure du devoir de l’Etat de veiller à ce que l’imposition soit juste et son impact le moins brutal possible sur le pouvoir d’achat des classes les plus vulnérables. Il nous semble ainsi que l’option d’augmentation de la TVA affectera plusieurs métiers comme celui de la promotion immobilière avec une TVA de 19 %, en amont chez les financiers de ce secteur, et en aval chez les acquéreurs, par la baisse des ventes et la baisse des revenus. Il n’est un secret pour personne que la TVA est une taxe que paiera l’acheteur final. Geler sa récupération par les entreprises est tout aussi mauvais, quand bien même l’année d’entrée en exécution de cette mesure proposée pourrait être revue.

Force est aussi de constater que le gouvernement aura presque péché par excès de facilité dans le choix de cette option du «tout fisc» pour la mobilisation des ressources pour le budget. Plus d’un observateur averti de la scène économique, font remarquer que le gouvernement de Youssef Chahed n’a pas encore entamé l’autre grande bataille, qui est celle de la lutte contre l’évasion fiscale. Certains diront même qu’il éviterait de le faire. Il est vrai que cette bataille supposerait une profonde restructuration de l’administration fiscale, de ses outils, de ses procédures et de ses moyens, surtout humains.

Compte non tenu de tout cela, le paiement de l’impôt suppose, pour le citoyen moyen, de pouvoir trouver l’effet de cet impôt dans le prix, la qualité et la disponibilité des biens, services et prestations, que doit fournir l’Etat à ses citoyens. Mais au vu du manque, sinon du délabrement, de l’infrastructure dans le pays, en routes, systèmes de santé, environnement et opportunités d’emplois, il est loin de justifier l’impôt requis du citoyen, toutes catégories confondues.

Au regard de ce constat de l’état délabré des infrastructures, en hôpitaux, écoles, routes, villes et autres services, sans compter l’incapacité du schéma de développement que continue à suivre le gouvernement, on ne s’empêcherait pas de comprendre que le citoyen tunisien soit devenu Poujadiste.

Pour la petite histoire et au cas où le gouvernement ne connaitrait pas le sens de ce mot, «en 1955, Pierre Poujade, fondateur de l’Union de défense des commerçants et artisans, appelle à la grève de l’impôt. Ses consignes sont peu entendues, mais le poujadisme devient un mouvement politique qui, en 1956, envoie 52 députés au Palais-Bourbon. Quinze ans plus tard, Gérard Nicoud reprend le flambeau de la défense des petits commerçants contre le fisc : après avoir dévalisé une perception à La Tour-du-Pin (Isère), en 1969, il appelle à la grève de l’impôt, en 1970, au cours d’un meeting qui réunit 40.000 manifestants au Parc des Princes». Dixit Le Figaro.

 

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