Les résultats d’une étude menée par l’Institut tunisien de compétitivité et d’études quantitatives du ministère de l’Economie et de la Planification ont révélé que le climat des affaires en Tunisie est entravé par 3 facteurs principaux, à savoir la corruption, le financement bancaire et le climat politique, occupant ainsi les premières places parmi les principales contraintes faisant obstruction au développement et à l’amélioration des investissements.
La corruption d’abord
L’étude a conclu que la corruption occupe la première place parmi les domaines les plus perturbants du climat des affaires malgré les progrès réalisés au niveau de la numérisation des services administratifs, 70% des chefs d’entreprise considérant la corruption comme un obstacle majeur au développement des activités de leurs établissements , et le sous-indice de ce domaine a enregistré le niveau le plus bas en 2022 (31,4/100), et malgré le cap mis sur les services administratifs en ligne qui se sont développés ces dernières années, en tant que principal moyen de lutter contre ce phénomène, cela s’est avéré insuffisant pour inverser la tendance.
L’enquête a montré que la demande sur les services administratifs à distance obligatoires atteignait des taux élevés, tels que les déclarations fiscales (94%), comparés aux services facultatifs tels que le paiement des factures d’électricité et d’eau (54%).
Dans ce contexte, l’étude a montré que l’insatisfaction à l’égard de la qualité des services à distance a quelque peu diminué par rapport à 2020 en raison de l’amélioration de la perception grâce notamment à l’accès aux plateformes électroniques et à la couverture du réseau, mais l’insatisfaction manifestée par les chefs d’entreprise vis-à-vis de la nécessité de se rendre à l’administration pour effectuer les prestations s’est aggravée au cours de l’année 2022 par rapport à l’année 2020 , et elle peut s’expliquer par le caractère facultatif du service concerné, outre les restrictions à la mobilité en 2022 suite à l’amélioration de la situation sanitaire liée à COVID-19.
Instabilité du climat politique
Malgré l’amélioration relative de l’indice de perception du climat politique par rapport à 2020, 68% des entreprises considèrent le climat politique comme un obstacle majeur pour elles, car l’instabilité qui a caractérisé la période post-révolution n’a pas permis de répondre aux attentes des opérateurs économiques dans le domaine de l’investissement, d’autant que plus de la moitié d’entre elles n’ont pas investi depuis 2020 pour cause d’instabilité politique et d’absence d’une vision économique claire à long terme.
Financement bancaire
L’indicateur relatif au financement bancaire atteint 32,2/100 en 2022, enregistrant une baisse de 6,4 points par rapport à 2020.
Selon la perception des chefs d’entreprise, ce domaine est un obstacle qui limite le développement de l’activité de leurs établissements notamment en termes de coût élevé des prêts de 78%, ainsi qu’en termes d’accès au financement, bien que dans une moindre mesure 54%.
Il convient de noter que l’enquête de terrain a été réalisée au cours de la période du 17 juin au 22 juillet 2022, couvrant 1041 entreprises privées employant 6 travailleurs ou plus et actives dans les domaines de l’industrie et des services et réparties sur l’ensemble du territoire de la République.
Dans l’évaluation du climat des affaires, l’Institut tunisien de compétitivité et d’études quantitatives s’appuie sur le suivi des impressions des chefs d’entreprise sur l’environnement institutionnel dans lequel ils opèrent, liés aux domaines suivants : infrastructures, cadre économique et législatif, financement bancaire, recouvrement, situation sécuritaire, ressources humaines….
L’indice varie de 0 à 100, de sorte que plus il est proche de 100, plus le climat des affaires est considéré favorable, et suivre l’évolution de cet indicateur d’année en année permet de savoir s’il y a une amélioration du niveau de perception du climat des affaires ou non.