Le stress hydrique et la sécheresse sont un problème, un très gros même, pour la Tunisie. Mais il y a quelques solutions, lesquels à défaut de conjurer complètement le paquet d’ennuis à l’horizon, en atténueront l’impact. Le dessalement des eaux saumâtres en fait partie. Un plan directeur sera élaboré afin de développer le secteur agricole, en plus de la création d’une unité pilote de dessalement des eaux saumâtres moyennant l’utilisation des énergies renouvelables, a annoncé le secrétaire d’Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi.
Le diagnostic réalisé par un groupe de travail composé des différents intervenants dans les domaines de l’agriculture, de la recherche scientifique et de l’eau a révélé que la Tunisie dispose de 650 millions de mètres cubes d’eaux saumâtres souterraines/an avec un taux de salinité variant entre 5 et 15 g, soit l’équivalent de trois ou quatre barrages, a avancé Rabhi, dans une déclaration aux médias, en marge d’un atelier sur le dessalement des eaux saumâtres en utilisant les énergies renouvelables pour le développement du secteur agricole, tenu mercredi.
Rabhi a ajouté que l’augmentation continue du niveau de la mer à cause du changement climatique causera la salinité des nappes phréatiques des zones côtières dont Mahdia, Ksour Essef, Gabes Nord et Gabes Sud, d’où l’importance de la valorisation de l’exploitation de ces ressources en eaux saumâtres
Après trois années de sécheresse, a-t-il dit, il n’ y a que deux solutions, à savoir la rationalisation de l’eau qui représente un choix difficile en termes d’impact sur le consommateur, ou l’identification d’autres ressources en eau, ajoutant que la Tunisie compte développer une nouvelle industrie de dessalement des eaux.
Il a encore fait savoir que son département dispose également d’une stratégie visant l’exploitation des eaux usées traitées et l’amélioration de leur qualité pour leur utilisation dans le secteur agricole.
Il a rappelé que le secteur agricole, qui accapare 85% des ressources en eau, représente plus de 8% du PIB du pays, 8% des investissements et 10% du total des exportations.
Mahmoud Elyes Hamza président de l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement supérieur agricole (IRESA), a souligné que la rareté de l’eau et la diminution des périmètres irrigués agricoles auront un impact sur la production agricole et l’autosuffisance alimentaire.
Il a souligné que l’objectif du diagnostic engagé est de favoriser des ressources alternatives en eau (eaux saumâtres, eaux de la mer et eaux usées traitées), tout en assurant l’économie de l’énergie.
Hamza a mis en exergue, dans ce cadre, l’importance de la recherche scientifique dans le développement agricole et l’amélioration de la qualité des terres et de la productivité.
Pour sa part, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de la recherche scientifique, Khalil Amiri, a mis l’accent sur l’importance de l’investissement dans les compétences et les technologies existantes pour résoudre les problèmes de l’eau.
Et d’ajouter, qu’outre le potentiel en eaux saumâtres dont la salinité représente le tiers de celle de l’eau de mer et le potentiel en énergies renouvelables (éolienne, solaire…), le pays possède des compétences humaines en Tunisie et à l’étranger qui contribueront à développer des technologies afin de développer le domaine agricole et l’irrigation.
L’élaboration d’un plan directeur pour le dessalement des eaux saumâtres permettra d’exploiter les énergies renouvelables et les ressources en eau dans l’irrigation, vu que la Tunisie et les pays du Maghreb Arabe sont les principales zones menacées par le changement climatique et la sécheresse.
Il a rappelé que le domaine de l’eau est prioritaire dans la croissance de plusieurs secteurs en termes de production et procédés, à savoir le tourisme, l’agriculture, les services et l’industrie…
A noter que la SONEDE (Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux) dessale actuellement près de 200 mille m3/j dont 47% pour la production de l’eau potable et 33% pour des utilisations industrielles, selon le diagnostic présenté.
Pour ce qui est de l’utilisation de l’eau dessalée dans le domaine agricole, elles est récente et a démarré dans le secteur privé, représentant 1,5% du secteur du dessalement.