AccueilLa UNELes Ansar Chariâa sont désormais une organisation terroriste: Pourquoi maintenant?

Les Ansar Chariâa sont désormais une organisation terroriste: Pourquoi maintenant?

Après une longue hésitation, le Gouvernement, et par la même Ennahdha, ont décidé de classer les Ansar Chariâa comme une organisation terroriste.

Il y avait au début des tentatives de faire entrer les armes et de les stocker, des affrontements à Bir Ali Ben Khalifa, des camps d’entraînement en Kroumirie , au nord , et à l’extrême sud du pays , mais aucun responsable n’a voulu saisir ces signaux , ni entendre parler de ces alertes lancées par les pays voisins, les journalistes tunisiens et étrangers et les syndicats des forces de sécurité . Et puis, à partir de décembre 2012, c’était la dernière ligne droite qui a mené à Chaâmbi: de Fernana au Kef , de Jendouba à Telebet, des affrontements , des saisies d’armes , de cartes , de uniformes militaires , de moyens de transmissions, sans oublier les assassinats de Chokri Belaid et de Mohammed Brahmi .

Chronologiquement, la première apparition de cette organisation devant l’opinion publique tunisienne en liaison avec un acte terroriste, c’était l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye , le 11 septembre 2012 à Benghazi , suivi de l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis , 3 jours après . Le Tunisien Ali Harzi, qui appartient à Ansar Chariâa, était impliqué dans cet assassinat. Après avoir été extradé par la Turquie, en octobre 2012 , incarcéré et interrogé par les Américains dans sa prison à Tunis , il a été relâché , le 7 janvier 2013 , dans des conditions pas encore claires .

Ali Harzi n’a pas été surveillé entretemps bien qu’il fasse objet d’une commission rogatoire internationale, en qualité de témoin dans l’affaire de l’assassinat de Benghazi , et soumis, de ce fait , à une mesure d’interdiction de voyage .

Même remarque au sujet de Boubaker Hakim , renvoyé de France, en décembre 2012, après avoir purgé une partie de sa peine , il n’a pas été surveillé depuis , pourtant, son dossier transmis aux services de sécurité tunisiens mentionne noir sur blanc qu’il est classé parmi les 10 plus dangereux terroristes au monde .

Ali Harzi et Boubaker Hakim seront cités, après un mois pour le premier et deux mois pour le second, comme membres du groupe qui a assassiné Chokri Belaid, le 6 février 2013, puis Mohammed Brahmi, le 25 juillet.

Ali Lâarayedh, alors ministre de l’Intérieur, parlait dans sa conférence de presse du 26 février 2013 , au sujet de l’assassinat de Chokri Belaid , de l’implication d’un courant religieux extrémiste dans l’assassinat , mais ne va pas plus loin, s’abstenant de nommer Ansar Chariâa , et son chef Abou Iyadh .

Les évènements de Bir Ali Ben Khalifa en février 2012 , les différentes caches d’armes retrouvées et les affrontements avec les forces armées et de sécurité , c’était aussi Ansar Chariâa , mais sous diverses appellations : Brigade Okba Ibn Nafêe , Ansar Al-Islam etc…

Mais ce qui est important, c’est la défense assidue de Rached Ghannouchi de cette mouvance jusqu’à dernièrement, et son estimation qu’elle a sa place dans le projet démocratique tunisien.

Dans une interview parue dans le journal de langue arabe Al-Hayat , ( édition du 30septembre 2012 ), Rached Ghannouchi , commente l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye et l’assaut contre la représentation US en Tunisie , en assurant qu’Ansar Chariâa n’a pas été derrière les deux crimes, et son argument était d’une simplicité déconcertante : Ansar Chariâa a dénoncé l’assassinat de Benghazi , et des gens cagoulés , non encore identifiés, ont participé à l’attaque de la représentation US à Tunis ; donc toutes les pistes étaient à explorer .

Et bien que des sources de renseignement occidentales aient révélé que les auteurs de l’assassinat de Benghazi ont pris contact, avant de passer à l’acte, avec des agents d’Al-Qaïda, Rached Ghannouchi a conclu que les deux actes sont des initiatives isolées du fait qu’elle n’ont pas été revendiquées par quiconque.(voir notre article en arabe en date du 3/10/2012)

Or, les révélations de Touhami Abdouli , ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères , ont démenti les allégations de Rached Ghannouchi au sujet de l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis, le 14 septembre 2012 .Abdouli a affirmé qu’Ennahdha avait associé les salafistes à son initiative de contestation devant l’ambassade, mais ceux-là (Ansar Chariâa) ont exécuté leur propre agenda en s’attaquant aux locaux, et en projetant d’atteindre l’ambassadeur lui-même .Touhami Abdouli a fait remarquer qu’il était l’un des rares à avoir suivi les péripéties de l’attaque, de par ses fonctions et en sa qualité de premier responsable présent au siège du département, lors de l’attaque.

Depuis cette date, les djihadistes d’Ansar Chariâa ont bénéficié d’une inexplicable indulgence , ils ont été épargnés après les grandes attaques qu’ils avaient menées contre les symboles de la République ou lors de leurs perturbations de l’ordre public : Abou Iyadh a trouvé la porte de sortie , malgré l’encerclement de la mosquée Al-Fath ,où il s’est réfugié (le 17/9/2012) , après l’attaque de l’ambassade américaine, et les partisans d’Ansar Chariâa , parmi eux les plus dangereux, se sont faufilés des sièges des forces de sécurité qui les poursuivaient (Boubaker Hakim , Lotfi Ezzine , Kamel Gadhgadhi…) ; ils n’ont jamais été traduits en justice en vertu de loi anti-terrorisme , et les peines prononcées à leur encontre étaient toujours clémentes . Et comble de cette situation, des représentants notoires du djihadisme ont accédé, ces dernières semaines, à la fonction publique , en application du décret sur l’amnistie générale décidée après le 14 janvier .

A voir le traitement réservé à cette organisation, aujourd’hui reconnue terroriste, on s’interroge sur les raisons qui ont poussé Ennahdha à changer brusquement d’attitude : d’une complaisance totale à une hostilité affichée ? Les observateurs, qui suivent ce dossier, se gardent d’expliquer ce revirement par une perception subite du danger de cette organisation qu’aurait acquise la direction d’Ennahdha , mais penchent vers la thèse des pressions internationales fortes qu’aurait subies le parti islamiste , relevant que ces nouvelles positions cadreraient avec les orientations politiques qui seraient adoptées par le gouvernement de compétences qui devrait voir le jour prochainement .

Aboussaoud Hmidi

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