Les pluies bénéfiques ayant arrosé ces derniers jours l’ensemble du territoire national ont ressuscité l’espoir chez les citoyens et les agriculteurs en Tunisie, confortés par l’assistance financière substantielle que la Banque mondiale a consentie, vendredi dernier 10 février, sous forme d’un crédit de 120 millions dollars (370 millions dinars) au profit de 900 PME tunisiennes en butte à des difficultés de financement, à la suite de la pandémie de COVID 19.
A ce point obéré, le gouvernement n’a pu leur accorder que 0,4% du PIB.
Par la même occasion, la BM s’est engagé à continuer de soutenir la Tunisie dans la mise en œuvre de son plan de développement économique et social pour la période à venir.
Une autre bonne nouvelle pour le tourisme tunisien, annoncée dans le sillage, la reprise des vols aériens entre la Tunisie et la Russie, en mai prochain.
Reste, peut -être, la plus importante, une journée auparavant, le 9 février, le Conseil des ministres avait approuvé un décret portant amendement de la loi numéro 89-9 en date du 1er février 1989, relative aux participations de l’Etat, entreprises et établissements publics.
Les commentateurs nationaux et internationaux y ont vu une mesure propre à encourager le FMI à déloquer les prêts promis à la Tunisie, car le dossier des entreprises publiques tunisiennes fait partie des points du Programme de Réformes National présenté à cet effet par le gouvernement tunisien, tandis que le FMI aurait exigé l’adoption d’une loi en bonne et due forme à ce sujet.
Quel que soit le dénouement, la Tunisie apprendra sûrement à mieux estimer combien ça coûte de se laisser aller au relâchement et à la gabegie.
Mis à part les protagonistes directement impliqués, tout le monde, aujourd’hui en Tunisie, n’hésite pas à décrire la décennie écoulée de « décennie noire », tant le peu de réserves financières que possédait l’Etat avaient été dilapidées, on ne sait encore comment, car, pratiquement, aucun projet n’avait été réalisé. Pire, les acquis des périodes précédentes en matière de services publics notamment, avaient été à leur tour détruits, éducation, enseignement supérieur, santé, transport, logement.
Ballotage
Cependant, n’en déplaise aux marxistes et leur apriorisme économique, plusieurs spécialistes pensent avec raison que c’est toujours la politique qui guide le monde, notamment, en Tunisie, en ce moment, à la recherche d’un pouvoir d’une légitimité absolument incontestable.
Aussi, pour beaucoup, dont l’UGTT et ses partenaires dans l’initiative dite tripartite, la crise de la Tunisie est d’ordre politique, alors que pour le président de la République Kais Saied, détenteur actuel du pouvoir exécutif en attendant la mise en place du nouveau parlement, elle est d’ordre économique et générée, essentiellement, selon ses analyses, par l’attachement de certains lobbies de la période passée à leurs privilèges réalisés en spoliant l’Etat, à coup de corruption et d’inféodations douteuses au plus offrant. D’où les notions de « libération », « émancipation » et « épuration » qui ont émaillé son discours dernier à la caserne de la direction générale de la Garde nationale d’el Aouina, et les nombreuses réserves qu’il avait suscitées.
Elles inspirent les révocations et arrestations opérées, sans cesse, sous son impulsion, à divers niveaux, depuis le déclenchement du processus du 25 juillet, et dont la plus récente, celle de Kamel Letaief, entre autres.
Ainsi, la Tunisie est aujourd’hui ballotée entre deux visions avec la préférence de la majorité à l’intérieur et à l’étranger pour l’explication d’ordre politique, comme en témoignent les injonctions répétées des Etats-Unis au « rétablissement de l’émulation démocratique » en Tunisie.
Comme l’ont affirmé certains analystes indépendants, le terrain en Tunisie est mouvant, mais il pourrait avoir tendance à se stabiliser grâce au retour des investisseurs étrangers et la reprise du tourisme.
S.B.H