Contrairement à cette photo d’un autre temps, dans la « capitale » du Centre-est, la ville qu’on appelait avant la « perle du Sahel », il y a des municipalités qui font ce qu’elles veulent et ne font pas ce pour quoi elles sont payées et leurs édiles votés. Des municipalités auxquelles les autorités ne rendent presque jamais visite !
– Des municipalités qui font ce qu’elles veulent, pas ce qu’elles doivent faire
Il y a, par exemple, cette municipalité qui dépêche une dizaine d’agents pour scier une protection du trottoir posée par une cité résidentielle, quitte à livrer ce trottoir aux vacanciers automobilistes pour l’envahir et s’y garer en travers et en toute gabegie.
Juste un peu plus loin, il y a pourtant un hôtelier qui prend possession d’une plage publique et balise le sable, confisqué au public des vacanciers, cordes et piquets en bois bien enfoncés dans le sable de cette plage qui n’est plus ainsi publique, comme si elle était strictement sienne. Ni l’hôtelier, ni la municipalité ne font pourtant travailler la cribleuse sur les plages publiques que sur bail.
Les employés de l’hôtel en question, entassent les déchets dans le sable, et la municipalité de la localité menace de prison ceux qui s’aventureraient à ramasser les tonnes d’algues entassées pendant plusieurs mois jusqu’à empester le poisson pourri !
C’est pourtant une municipalité qui a appliqué les décisions du DPM de l’APAL. Mais au faciès. Elle a démoli quelques hôtels de la région, et ménagé quelques autres propriétés privées, devant lesquelles elle reconstruit depuis plus d’une année la place à coups de millions DT en roches et en sable, dans une vaste opération du coût carbone insolemment exorbitant. Des bâtiments professionnels ont été détruits, la majorité en conformité avec le DPM à leur construction, et une année plus tard, la plage est artificiellement reconstruite devant eux. Reportée, la décision de démolition aurait pourtant pu leur profiter, tout comme à ceux qui n’ont pas été détruits.
– Elle n’a certes pas soif, mais elle sèche
La nuit, c’est une région, depuis des années sans goutte d’eau potable, comme par ailleurs tous les bleds alentour, où le barrage collinaire de Kalaa Kébira traîne depuis des années dans une ville où les oueds croulent sous les monticules de déchets de chantier. Sousse, une région qui n’a certes pas morte de soif grâce à l’eau en bouteille qui pollue ses plages. Mais une région qui sèche, jusqu’à obliger les pompiers d’une de ses municipalités de bord de mer à s’approvisionner directement dans les colonnes sèches des résidences privées, gratuitement à coups de centaines de dinars payés par les syndics de ces résidences. Et dire que l’eau de mer dans cette région devient bonne à la consommation, et que l’eau de la Sonede sert à éteindre les incendies.
Plus loin dans cette région, résidentielle et touristique en toute mixité, les enceintes musicales de certains hôtels déversent, dès la nuit tombée, les décibels à ne laisser personne dormir, jusqu’à l’aube. Le District de la police n’est pourtant qu’à quelques pas, qui ne bouge pas le petit doigt, même lorsqu’il est sollicité.
– L’ombre de Ben Ali plane toujours sur l’ancienne « Baie des anges »
Dans une municipalité mitoyenne, et sur toute la longueur d’une route touristique, non loin d’un important dispositif de la Garde nationale autrefois scène macabre d’un attentat terroriste, ce sont des constructions qui ressembleraient à des aires d’arrêts de bus. Mais sans aucun moyen de transport en commun, autre que les taxis jaunes collectifs, véritables corbillards d’enfer sur 4 roues. Des constructions, jamais terminées depuis au moins plus de cinq ans, tout en ciment nu et de pierres de taille, laissées en l’état depuis plus de cinq ans entreposées sur le bas-côté.
Plus loin, un immense parcours de santé, grand jardin tout en verdure et en petits lacs, toujours fermé au public, depuis que l’ancien président y a construit son palais (désormais vendu à un privé) en bas des murs où il se barricadait, et sa grosse porte tout en bois qui tombe en ruine, jamais rouverte au public.
Une ville, devenue patelin que Feu Cheikh Ben Hmida ne reconnaîtrait plus. Sur plusieurs kilomètres, des rues tout en circulation d’automobiles et de bus exhalant leurs vapeurs toxiques, devenues un marché en plein air de denrées alimentaires. Des rues, dont les trottoirs sont devenus des étals de marchandises en légumes, viandes et poissons, sans que cela ne gêne les fonctionnaires de la municipalité.
– Sousse et un centre-ville, depuis 13 ans défiguré par herses et barbelés
Plus loin encore, la ville de Sousse, au centre-ville toujours défiguré par les herses, les barrières sécuritaires et les barbelés du temps de la révolution, avec certaines rues devenues des parkings à ciel ouvert pour les véhicules de la police, dont certaines, véritables épaves, sont entassées dans une ancienne rue passante devenue cul-de-sac à force de herses et de fils barbelés.
Autrefois véritable parcours touristique dans les dédales de l’ancienne ville aux mille senteurs, les ruelles de la « ville arabe » d’où est disparue toute production artisanale, sont désormais des échoppes à rideaux baissés, cachant des tonnes de produits chinois bas de gamme. Le petit marché mitoyen du fameux marché aux poisson de Sousse, est devenu impraticable à force d’étals anarchiques et parallèles.
La municipalité, qui ouvre sur le port commercial où trônent de vieilles grosses barques touristiques, se limite à collecter les frais de parking près du marché, par des individus louches sans aucun insigne municipal, et laisse faire les voitures garées en 2ème et 3ème position un peu plus loin que le théâtre municipal qui était une fierté de la ville.
Plus loin encore sur ce qui était une sorte de « Promenade des Anglais » où déambulaient les gigantesques poupées et figurines du festival d’Aoussou, et désormais jonchée de carcasses d’hôtels, toute au long de la route touristique des herses de barrages touristiques, dressées de nuit comme de jour, et qui sont loin de donner l’image d’un pays sûr pour les touristes qui ne quittent que très peu leurs quartiers d’hôtels de luxe.
– Une Sousse, où la santé se privatise et se paupérise
Une ville aussi, où les cliniques privées sont gérées comme des hôtels, et où le système sanitaire privé, où se concentrent désormais les investissements privés des hôteliers et des promoteurs de tous bords, s’encombre comme le public, mais en plus cher, et en équipement low-cost. Le tout, dans un Sahel, oublié par les politiques qui y font seulement cabale des entrepreneurs. Un Sahel, qui ne se plaint pas que de coupures d’eau, mais aussi de manque en médecins spécialistes, et où certaines accueillent plus de 50 patients par matinée, et se font parfois braquer par des malades, faussement ou réellement démunis, ce qui les oblige à certaines basses pratiques commerciales !
SI Khaled, merci beaucoup car vous avez tout dit.Tout est juste et l’effort que vous avez fourni pour nous expliquer la situation lamentable de la Perle du Sahel, est louable
Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse et c’est vraiment dommage de voir Sousse se détériorer ainsi. Moi, en tant que touriste algérien, je ne me considère pas étranger en Tunisie, surtout à Sousse qui m’a adopté depuis 2008. Sousse était vraiment la perle du Sahel. Je viens toujours y passer mes vacances en famille à Chott Meriem où presque tout le monde me connaît. La vie était simple, la population accueillante et éduquée.
Nous louons des appartements ou des villas pour mieux côtoyer nos frères tunisiens, plutôt que de séjourner dans des hôtels. Nous dépensons beaucoup de devises dans les commerces locaux, créant ainsi une dynamique économique. Le jour, nous fréquentons les marchés locaux et, le soir, nous allons aux fêtes foraines, aux restaurants comme El Kantaoui ou à Sahloul pour de bons méchouis, sans oublier Planète Food où nos enfants s’amusaient dans une ambiance conviviale.
Hélas, depuis la destitution du système Ben Ali, la situation n’a fait qu’empirer. Nous continuons à venir parce que nous avons des amis proches, comme des frères, qui nous rendent visite aussi en Algérie et qui aiment notre pays. Un jour, une dame tunisienne, médecin, m’a demandé pourquoi nous venons en Tunisie alors que notre pays est un paradis sur terre. Je lui ai répondu : « Je le sais, mais la Tunisie pour moi, c’est une addiction. »
J’espère que les politiques prendront soin de ce magnifique pays et permettront aux gens de travailler pour redonner à Sousse son éclat d’antan.
Que dire? Pourquoi une des principales villes tunisiennes est-elle en train de sombrer dans la décrépitude comme bon nombre d’autres cités ? Que sommes nous devenus à part un peuple qui ne respecte aucune limitr quand il s’agit de se conformer à la loi?? Ou est l’autorité de l’état ? Ou sont les coups de gueule du président qui ne semblent d’aucun effet tant la pourriture qui a envahi le pays semble tenace . A Mahdia la mer autrefois si belle et claire semble avoir été abandonnée à son sort ,des petites pelotes de textiles flottent à la surface avec maints autres détritus donnant l’impression de venir d’une usine des environs . Notre pays sombre nos acquis faibles mais existants sont menacés et l’avenir de la tunisie est en péril si des actions fermes et urgentes ne sont pas prises pour arrêter cette dérive comportementale dangereuse.
Hélas il n y a plus d autorité le tunisien fait se qu il veut On voit ou ça abouti.