AccueilLa UNEBCE refera-t-il le coup de novembre 2015 ?

BCE refera-t-il le coup de novembre 2015 ?

BCE tente de reprendre la main sur le social. Une réunion s’est tenue, ce vendredi 28 décembre 2018, au palais de Carthage, entre le chef de l’Etat, Béji Caïed Essebssi (BCE), le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le SG de l’UGTT, Noureddine Taboubi.

En 2015, il avait fait la même, dans presque les mêmes circonstances. Le 29 novembre de ladite année, BCE prenait la parole en direct du palais de Carthage sur le thème de la paix sociale- les relations étaient très tendues entre l’UGTT et le gouvernement Habib Essid- à propos des augmentations salariales, publiques et privées. Comme en ce 28 décembre 2018, l’UGTT menaçait d’une grève sur le Grand-Tunis, le 25 novembre 2015. BCE avait alors «poussé» le chef du gouvernement Habib Essid à signer l’accord salarial avec l’UGTT «pour acheter la paix sociale» comme le disait alors le chef de l’Etat.

Depuis, la paix sociale n’a jamais prévalu en Tunisie, les SG consécutifs de l’UGTT jouant sur les mots avec le sourire pour répondre que «on n’est pas en guerre pour parler de paix». Les grèves auraient été en baisse de 17 % en juillet dernier, mais ne se sont jamais arrêtées. Les intentions d’investissement ont par contre régressé et le site Tunisie n’est plus attractif pour les IDE, comme l’a noté la CNUCED dans un rapport cité par l’ITES. C’est dire si BCE n’avait pas finalement perdu son pari en 2015 en misant sur de nouvelles augmentations salariales pour acheter la paix sociale.

Et c’est cette augmentation salariale notamment qui a abouti, en 2018, à une masse salariale de 16,551 milliards DT, soit 40,5 % du total du budget de l’Etat. Un masse salariale qui s’est aussi traduite par une forte hausse des prix et une inflation de 7,5 % qui devrait monter à 8 % en 2019 selon les experts, si la valeur du dinar continuait à baisser, sans compter le volume de la compensation des prix des carburants, déjà prévue à 2,1 Milliards DT pour 2019, ni les autres 1,8 Milliards DT de compensation des denrées de base comme le pain, le lait, le sucre et assimilés.

Décembre 2018, la crise couve toujours entre et gouvernement et UGTT à propos des augmentations salariales. Comme avec Houcine Abassi, la toute puissante Centrale syndicale de Noureddine Taboubi, qui menace comme en 2015 d’une grève générale le 17 janvier 2018, demande un accord salarial en tous points similaire à celui de 2015, pour y renoncer.

BCE avait, en 2015, dit que le pays avait alors «taillé dans le vif» pour accorder ces augmentations consenties aux fonctionnaires et agents publics. On se demande alors, au vu de la crise financière aigue que traverse la Tunisie depuis 2016, comment BCE pourrait appeler les nouvelles augmentations salariales demandées par l’UGTT, si elles venaient à être données.

N’y arrivant pas toujours, depuis l’enterrement du «Document de Carthage 2» où UGTT et Nidaa Tounes demandaient le départ de Youssef Chahed de La Kasbah, le SG de l’omnipotente centrale jouait de ses entrevues avec le chef de l’Etat pour suggérer un appui de BCE à la guerre de l’UGTT contre Youssef Chahed. Une guerre née des relations tout aussi tendues de Chahed avec BCE, à la faveur de la crise du parti du fils du chef de l’Etat qui avait gelé l’adhésion de Chahed à Nidaa Tounes et poussé le bouchon jusqu’à essayer d’intenter un procès à son encontre auprès du tribunal militaire.

Force est ainsi, aujourd’hui, de se demander si le chef de l’Etat tunisien, qui tente une nouvelle fois de reprendre la main dans le dossier des négociations salariales, ne finira-t-il pas par mettre les pieds dans le plat et bousiller ces négociations, en recherchant encore une fois la chimère de la paix sociale. BCE pourrait, de bonne foi peut-être, user des dernières tentatives cybernétiques d’allumer une nouvelle révolution et les nouvelles tensions sociales qui secouent depuis quelques semaines Kasserine à la suite d’un meurtre transformé en immolation pour raison sociale, pour pousser vers de nouvelles augmentations salariales. Cela calmerait certes ces tensions, mais ne ferait que précipiter la crise économique et financière vers des abysses dont elle aura encore moins de chances de sortir.

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