AccueilLa UNEBourse : Les Hommes de l’après Covid-19.

Bourse : Les Hommes de l’après Covid-19.

Alors que l’année 2020 a commencé sous de nouvelles ambitions, la réalité a été tout autre.En Tunisie, la découverte du premier cas positif au virus depuis le 2 mars 2020 a déclenché un mouvement de panique quasi-généralisé sur le marché qui a atteint son paroxysme les séances du 13, 16 et 17 mars derniers au cours desquelles le Tunindex a cumulé une débâcle de 10%.

Le décret du confinement général à partir du 22 mars par le Président de la République, le desserrement de la politique monétaire (baisse du taux directeur de la BCT de 100 points de base à 6,75% et assouplissement de la réglementation prudentielle et de la politique de refinancement) et l’annonce de mesures exceptionnelles par le Gouvernement et la BCT en faveur des entreprises et des particuliers pour lutter contre les retentissements économiques de la crise sanitaire du COVID-19, ont contribué à restaurer la confiance des investisseurs dans les actions cotées.

A quelque chose malheur est bon, l’autre raison explicative -et non des moindres- de la relative résistance du marché actions tunisien, a été la non-représentativité de la cote de la réalité du tissu économique. Des secteurs susceptibles d’être très impactés par la crise sont aujourd’hui absents de notre marché. Il s’agit du tourisme avec ses deux versants l’hôtellerie et la restauration, l’artisanat, les secteurs importateurs comme les franchises et les sociétés du commerce international et le transport aérien et maritime (excepté le transporteur national Tunisair qui est sanctionné depuis plusieurs années en bourse en raison de problèmes structurels de gouvernance et de surendettement).

  • Les investisseurs ont dévissé, avec un flux vendeur de 22,3 MDT

Le constat est moins reluisant sur le front des échanges. Le volume des transactions s’est contracté de 20% (depuis le début de l’année et jusqu’au 17 juin 2020), comparativement à la même période de 2019. Le marché des blocs, qui était un véritable relais pour les échanges sur la cote, a nettement perdu de sa vigueur. En effet, une trentaine de transactions de bloc ont eu lieu depuis le début de l’année, drainant un volume additionnel de 114,9MDt (contre 22 transactions portant sur 191,5 MDT, pour la même période de 2019).La crise a, de surcroît, accentué la défiance des investisseurs étrangers vis-à-vis de la place de Tunis. Longtemps préoccupés par les difficultés post-révolution de l’économie tunisienne et par les craintes sur un nouvel épisode du glissement du dinar, les investisseurs étrangers ont été davantage refroidis par le spectre de la récession en Tunisie. Les investisseurs étrangers ont ainsi enregistré, depuis le début de l’année, un flux net vendeur de 22,3MDT. Mais la Tunisie, n’a pas connu un retrait massif des investisseurs étrangers comme cela a été le cas pour la majorité des places financières internationales.

Le marché primaire a connu un net ralentissement des levées de fonds. Seules les transactions avancées, notamment où les banques se sont déjà engagées, ont pu être finalisées. Sur le marché actions, depuis le début de l’année, les opérations capitalistiques se sont limitées au bouclage de l’augmentation de capital de Carthage Cement, pour renflouer ses fonds propres et honorer son plan de restructuration de dette (une levée de 206MDt, soit 77% du montant souhaité) et à l’acquisition d’un bloc majoritaire (de 50,5%) par la BIAT dans le capital de Tunisie Valeurs.

Sur le compartiment obligataire, les banques, les compagnies de leasing et les institutions de microfinance continuent à déserter le marché.

Quasiment toutes les sociétés cotées seront négativement impactées de près ou de loin par la crise actuelle. Les mesures d’endiguement de la propagation du virus, les fermetures des frontières, les restrictions à la circulation des biens et des services et les fermetures provisoires d’usines génèrent des perturbations dans les chaines d’approvisionnement et introduisent des distorsions dans les cycles de production et de distribution des sociétés.

  • Les mauvaises prévisions de T.V pour la croissance etl’endettement

Malgré l’exploit « sanitaire », qui ne pourrait occulter l’énormité des défis auxquels fait face l’économie tunisienne à commencer par:

1) le spectre de la récession (une contraction du PIB de 4,3% en 2020, selon le FMI), qui pourrait dépasser toutes les prévisions.

2) les déséquilibres macroéconomiques persistants (un déficit courant de -7,5% en 2020, selon le FMI) et 3) la détérioration des courbes de la dette publique (un déficit budgétaire de -5,3% et un endettement public de 88,5% en 2020 contre des objectifs initiaux respectifs de 3% et de 74%) et l’endettement extérieur (un endettement extérieur passant à 110% du PIB en 2020 contre 90% en 2019, selon le FMI) comme le souligne l’agence de notation Fitch Ratings dans sa dernière dégradation de la note souveraine de la Tunisie.

Le déconfinement progressif est une démarche louable. Les yeux sont aujourd’hui rivés sur la période post-COVID et particulièrement sur l’année 2021 qui devrait être l’année de la « reprise technique » au vu des prévisions des institutions financières internationales (une croissance de 4,1% en 2021 selon le FMI).Mais cette croissance de rattrapage restera, à notre sens tributaire de trois conditions :

1) L’efficacité des efforts de lutte contre l’épidémie et de la vitesse de rétablissement de l’économie mondiale en général et du partenaire européen en particulier,

2) L’aptitude des autorités tunisiennes à éviter la pérennisation des mesures d’aide et d’assistance justifiées par la crise,

3) Et de leur capacité à poursuivre l’orientation d’assainissement budgétaire pour éviter un dérapage des finances publiques et de recourir de nouveau au resserrement monétaire au risque de voir l’inflation resurgir.Selon nos estimations, le séisme du COVID-19 devrait entrainer une baisse de la masse bénéficiaire de la cote de 37% en 2020, par rapport à nos estimations pré-COVID et de 9% par rapport à 2019.

  • Voici les cotées sur lesquelles compter, et où investir

La crise du COVID-19 redistribue de nouveau les cartes de l’investissement en bourse. C’est bien connu, les marchés financiers ont peur de l’incertitude. Le stock picking demeure le mot d’ordre. Nous excluons, ainsi, les secteurs les plus exposés au tourisme et au BTP de notre sélection de valeurs recommandées.L’horizon de placement est également un facteur non négligeable dans notre stratégie de placement, et nous recommandons un horizon de placement relativement long, d’au moins deux ans. Nous mettons également les investisseurs en garde contre les mouvements moutonniers et les vagues vendeuses « injustifiées » sur certaines valeurs.

Quand la morosité ambiante gagne la bourse, les valeurs défensives retrouvent leur attrait auprès des investisseurs fébriles.

Nous recommandons un positionnement sur SAH Lilas[Ndlr : JalilaMezniFondtrice], SFBT [Ndlr : Hamadi Bousbiaa président du groupe) et Délice Holding [Ndlr : HamdiMeddeb fondateur]dans la grande consommation et sur Unimed[Ndlr : Ridha Charfeddine] dans le secteur pharmaceutique.

Depuis le choc de la Révolution, les valeurs exportatrices ont fait le bonheur des investisseurs. Ces actions ont pleinement rempli le rôle de bouclier face l’étroitesse du marché local, à une demande intérieure bridée et à la dépréciation du dinar.

A cet effet, nous recommandons par une exposition à toutes les sociétés exportatrices, dans leur ensemble, et nous nous limitons aux Groupes One Tech, Euro-Cycles [Habib Essayeh Pdg]et Telnet[MomamedFrikha DG]. La manne financière des trois groupes, leur tournant vers l’innovation (tournant croissant vers la mécatronique, montée en puissance du vélo électrique et ciblage de l’activité « Aerospace »).En 2020, c’est la conjoncture internationale tumultueuse créée par la crise du Coronavirus, qui va prendre le relais des pertes de change et qui va générer des perturbations dans le carnet de commande et une sous-activité.

D’autres sociétés exportatrices pourraient profiter d’un mouvement de ralliement dans les prochains mois comme TPR[Ndlr : Yahia Bayahi Pdg], Sotuver[Ndlr : Tahar Bayahi Président du groupe] et Assad. Ces dernières retourneront dans le viseur des investisseurs avec l’avancement des mesures de déconfinement et la normalisation de l’économie et du commerce de détail dans le monde.

  • Ne pas sous-estimer la capacité des banques à lé résilience

Sur le long terme, nous restons optimistes pour les valeurs exportatrices, et viser les Blue Chips bancaires. Contrairement aux sociétés industrielles et de services, l’onde de choc de la crise actuelle et la dégradation subséquente de la conjoncture économique devraient se répercuter avec un certain décalage sur le secteur bancaire. En 2020, les banques continueront à récolter le fruit de la croissance de l’activité d’exploitation enregistrée sur les derniers trimestres de 2019. Le coût du risque profitera des mesures exceptionnelles de traitement des créances classées et la rentabilité ne sera que faiblement affectée par la crise (pour plus d’informations sur les mesures exceptionnelles mises en place par la BCT face à la crise du COVID-19, consultez la note à la page 16 du présent document).

C’est à partir de 2021 que les « dégâts » de la crise sanitaire commencent à être de plus en plus perceptibles dans les comptes des banques. Le ralentissement de l’activité économique subi en 2020, ses effets ricochet sur la distribution des crédits et de la collecte, la baisse du volume des transactions et l’abaissement du taux directeur devraient se transmettre peu à peu le PNB de 2021. Par ailleurs, en cas de non-reconduction des mesures exceptionnelles touchant le traitement des créances classées, les banques devraient faire face à une dégradation de leur qualité du portefeuille et à une flambée du coût du risque, plombant ainsi leur rentabilité.

Il va sans dire, que les effets des tendances sus-décrites ne seront pas les mêmes chez toutes les banques. Celles qui affichent une diversification saine du portefeuille des crédits, un matelas confortable de ressources non rémunérées, des spreads appréciables, une forte capacité génératrice des commissions et une bonne culture de gestion des risques seront les mieux disposées à résister à la crise actuelle et à rebondir dès les premiers signes de reprise.

C’est en ce sens que nous continuons à recommander la BIAT, Attijari Bank, UIB et BT à l’achat. Les multiples actuels de ces Blue chips intègrent la baisse pressentie de l’activité sur la période 2020-2021. Il ne faut pas sous-estimer la capacité de résilience de ces banques et légitiment un rattrapage boursier dans la période post-COVID.

*Synthèse de l’étude de Tunisie-Valeurs

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