AccueilLa UNEComment stopper l'érosion démocratique en Tunisie ?

Comment stopper l’érosion démocratique en Tunisie ?

Acclamée comme l’unique réussite  du Printemps arabe il y a plus d’une décennie , la transition démocratique de la Tunisie est maintenant  plus qu’à la peine, au bord du précipice. Le référendum proposé le 25 juillet permettra au président Kaïs Saïed de poursuivre le processus de consolidation de son pouvoir. Le pays  glissera davantage vers l’autoritarisme si rien n’est fait par la communauté internationale – et en particulier par les principaux alliés de la Tunisie, les États-Unis et l’UE, avant la tenue d’un référendum crucial dans moins d’un mois.  Cette perspective est esquissée  dans une analyse livrée par le chercheur David Kode , responsables campagnes chez Civicus, l’Alliance mondiale  pour une participation citoyenne, publiée par The Daily Maverick.

Au cours de l’année écoulée, rappelle-t-il , des manifestations ont éclaté  en Tunisie contre les défis socio-économiques croissants, la mauvaise gestion de  la pandémie de Covid et l’élite tunisienne au pouvoir.

En réponse aux protestations, et plutôt que de faciliter une approche inclusive dans le traitement des préoccupations soulevées par les manifestants, le président Kaïs Saïed a entamé en juillet 2021 un processus de consolidation du pouvoir entre ses mains, en démantelant les institutions qui fournissent des contrôles aux excès du gouvernement.

Il a imposé l’état d’ exception, interdit les rassemblements , dissous le Parlement et pris pour cible certains de ses membres.  Au début de l’année 2022, il a dissous le Conseil supérieur de la magistrature – un organe chargé de garantir l’indépendance de la justice -, réformé la commission électorale et renvoyé 57 juges du système judiciaire.

Dans la perspective des élections prévues en décembre 2022, Saïed a lancé une « consultation publique » en ligne pour discuter de l’état de la politique en Tunisie, qui devrait aboutir à un référendum sur une nouvelle constitution le 25 juillet 2022. La nouvelle constitution sera probablement utilisée pour légaliser les actions du président. Une fois les élections organisées en décembre, le parlement que Saïed a suspendu en juillet dernier sera dissous.

Quelle réponse ?

Malgré l’état d’urgence et l’interdiction des manifestations, les groupes de la société civile continuent de protester contre les actions de Saïed et demandent qu’il rende des comptes. Certains des plus grands syndicats de Tunisie ont appelé à un processus de  dialogue inclusif qui impliquera toutes les parties et dans lequel les voix de tous les acteurs seront prises en compte.

Au cours des dernières semaines, des  magistrats et d’autres membres de la communauté juridique se sont mis en grève pour protester contre les attaques politiques contre le système judiciaire. Saïed a réagi en restreignant encore davantage les manifestations et en menant des consultations « timides » avec certains syndicats.

Que feront l’UE et les USA ?

S’il est organisé dans les circonstances actuelles, le référendum sera la dernière étape de la consolidation du pouvoir entre les mains de Saïed. Il fera  effectivement basculer la Tunisie dans l’autoritarisme.

Les implications seront énormes pour la Tunisie et la région de l’Afrique du Nord. Le président aura le contrôle de l’exécutif et du législatif et il est probable qu’il s’en prendra aux groupes de défense des droits de l’homme et aux médias qui s’inquiètent de ses actions, obligeant beaucoup d’entre eux à l’autocensure. 

Dans une région comptant plusieurs dirigeants totalitaires, comme ceux de l’Égypte , les pays continueront à se copier les uns les autres et à adopter des politiques et des lois restrictives. Pour la Tunisie, le succès du printemps arabe sera balayé et tous les acquis démocratiques seront annulés.

Les possibilités d’intervention pour sauver la transition démocratique de la Tunisie se refermeront après le référendum.

L’UE et les États-Unis doivent faire pression dès maintenant sur Saïed pour qu’il ouvre un processus politique plus inclusif avant le référendum et les élections. Des discussions sur l’octroi d’une aide économique devraient avoir lieu à la condition de restaurer les institutions démocratiques et l’État de droit et de garantir la séparation des pouvoirs, recommande le chercheur de Civicus .

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