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Des JES dans une atmosphère plombée et Ben Rjeb qui tente une «Pax-Soussana»

C’est dans un hôtel vieillissant, un peu moins peut-être pour l’infrastructure de séminaires, que se sont déroulées les non moins vieillissantes journées de l’entreprise de Sousse (JES) de l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise). Une atmosphère pesante, plombée par les mises en détention de nombre de chefs d’entreprise et les listes qui en menacent d’autres d’une Tunisie qui a peur, où l’absence des hommes d’affaires connus de la région et même de tout le pays, n’était pas passée inaperçue. Sous le coup d’une cabale en sourdine depuis juillet 2021, les hommes d’affaires évitaient manifestement exprès les lumières des médias, et préféraient, pour certains, envoyer leurs « seconds couteaux ».

Le président de l’IACE Taieb Bayahi qui n’a pas manqué de rappeler que « nous sommes avec l’Etat », a cependant une autre explication. Pour lui, ce sont juste de nouveaux chefs de PME, et « les absents ont toujours tort », dit-il comme si manquer les JES équivalait à perdre des opportunités d’affaires ou d’exportation, ou manquer les PUB des sponsors des JES. Mais il est vrai au moins, baume au cœur, que cette année, les bénéfices des JES iront en soutien à la cause palestinienne.

– Ben Rjeb, Envoyée pour la Pax-Soussana

La ministre Kalthoum Ben Rjeb, présente sur instruction de son patron, le savait certainement, elle qui commençait son allocation devant les patrons de la région en indiquant que « nous voulons, au nom de tout le gouvernement, tranquilliser les hommes d’affaires qui exercent dans le respect de la loi, que nous continuerons à les soutenir ».
Les propos de la ministre, qui sonnent comme une tentative de paix avec les hommes d’affaires à Sousse (Pax-Soussana) ne semblaient pas fortuits, mais plutôt bien choisis, comme cette opposition entre l’informalité (objet des journées) et le respect des lois (lesquelles ?) qui conditionnerait l’appui de l’Etat de Kais Saïed qui dirige la cabale contre les hommes d’affaires.

L’Exécutif, et à sa tête le chef de tout l’Etat, qui a délégué lui-même la ministre (Selon ses dires) sous instructions précises d’apaiser les entrepreneurs, semble  conscient de la peur qui paralyse le secteur privé tunisien, et sait certainement que les paroles ne suffiront pas à reconstruire la confiance et réinstaller  la sérénité de nouveau dans leurs rangs.
Mais l’exécutif tunisien ne semble pas encore vouloir arrêter le harcèlement, surtout verbal, contre les hommes d’affaires et à relâcher  la pression qu’il met sur le secteur privé, depuis juillet 2021, dans ce que l’Exécutif appelle la lutte contre la corruption.
L’absence, manifestement ordonnée, du chef de gouvernement à l’ouverture de ces 37èmes Journées de l’entreprise comme il a été de tradition depuis toujours, semble aussi être un signe de la volonté de l’Exécutif de ne pas donner trop d’importance, ni aux problèmes d’une catégorie économique en perte de poids politique dans un Etat qui croit plus au social qu’à l’économie, ni à leurs doléances, ni encore  aux solutions qui pourraient sortir de leur conclave annuel. Pour Saïd en effet, comme il l’avait plusieurs fois rappelé, stratégies politiques et solutions économiques ne peuvent être que de son seul ressort.

– « Nous ne sommes pas les seuls concernés. Allez voir d’abord le ministère des Finances »

Nous en voulons pour preuve cette ministre du Commerce qui prononce un bref discours, accepte deux questions du modérateur et quitte la salle et l’hôtel, ne donnant aucune indication précise sur la manière dont l’Etat compterait mettre fin au marché, anciennement dit parallèle, qui fait travailler 1,3 million de personnes selon le directeur général de l’Observatoire national de l’emploi et des qualifications Fakher Zïibi, et qui représenterait entre 30 et 50 % de l’économie selon les estimations.

Comme le secteur privé, l’IACE a compris qu’il lui faudra désormais plier pour ne pas casser devant un Etat qui privilégie le social sur l’économique et un chef de l’Etat qui a plusieurs fois fulminé contre ceux qui « veulent travailler seuls et fermer la porte aux autres », et accepter qu’on ne parle plus de marché et d’économie parallèle, mais d’informalité.
Un phénomène qui n’est pas de notre seule responsabilité. Il y a en 1er lieu le ministère des Finances », lançait la ministre Ben Rjeb qui renvoyait la balle à la ministre Nemsia devant les journalistes,  ajoutant que « ensuite vient la facilitation des procédures administrées par lui, et enfin le contrôle qui s’appuiera sur la numérisation ».

Pour la  ministre du Commerce Kalthoum Ben Rjeb donc, la solution passe par la numérisation. Or, cette dernière est une chimère derrière laquelle court toute la Tunisie officielle depuis plus d’une dizaine d’années. Issue du ministère des Finances, la ministre du Commerce et des exportations sait  pourtant très bien, que même le secteur formel rechigne toujours à la numérisation, que son ancien département n’arrivait même à imposer la caisse enregistreuse numérique aux cafés, restaurants et autres salon de thé, ni même encore à se numériser lui-même en introduisant les cartes de paiement dans ses recettes fiscales. L’informalité aura ainsi encore de beaux jours  devant  elle.

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