Ayant, en temps opportun, raté le coche du solaire, la Tunisie semble résolument engagée dans cette énergie renouvelable, après s’être rendue compte que le fossile, s’épuisant à vue d’œil, n’est plus la voie passante. D’autant moins que sa balance énergétique, basée sur le pétrole et dans une moindre mesure le gaz, est continuellement et de plus en plus déficitaire, mettant à mal le budget de l’Etat par le biais des dépenses de compensation.
En se ressaisissant, la Tunisie est apparue comme le pays dont les entreprises qui comptent dans l’industrie solaire ne peuvent pas se désintéresser avec, en sus, un PST (Plan solaire tunisien) par bien des côtés, attrayant, comme en témoigne le nombre des soumissionnaires internationaux et locaux qui répondent aux appels d’offres des autorités.
Derniers en date à le faire et à s’y investir, Akuo Energy, HBG Holding et Nour Energy ont signé un accord d’achat d’électricité (PPA) pour un projet solaire de 10 MWp qu’ils ont obtenu lors d’un récent appel d’offres en Tunisie.
Le trio a remporté le projet photovoltaïque (PV) de Gabès en proposant un tarif de 0,12800 TND par kWh (0,0472/EUR 0,0397 USD). En conséquence, ils ont signé un accord de partenariat avec la STEG), a déclaré mercredi le producteur français d’énergie renouvelable Akuo Energy.
Le parc solaire, qui sera installé dans le gouvernorat de Gabès, devrait être opérationnel en 2022 et produire environ 23 GWh d’électricité par an. Il sera équipé de panneaux bifaciaux et de la technologie de suivi solaire.
L’accord d’enlèvement marque l’entrée d’Akuo sur le marché tunisien. L’entreprise française et ses partenaires tunisiens devraient achever le financement du projet l’année prochaine.
La Tunisie vise à faire passer la part des énergies renouvelables dans sa production totale d’électricité de 3 % aujourd’hui à 30 % d’ici 2030. Le pays organise une série d’appels d’offres dans le but d’ajouter 1 GW d’énergies renouvelables en 2017-2020 et 1,25 GW en 2021-2030.
Ces acteurs du solaire international viennent s’ajouter aux investisseurs tunisiens auxquels le ministère de l’Industrie et des PME a donné il y a deux jours son accord de principe pour une dizaine de projets privés de production d’électricité à partir de l’énergie solaire.
Ces projets, seront dotés d’une capacité de production de 10 mégawatts (1 mégawatt par projet). Le coût global de l’investissement est estimé à 30 millions de dinars (MD).
Le lancement de ces projets s’inscrit dans le cadre du Plan d’action pour l’accélération des projets à partir des énergies renouvelables en Tunisie, lancé par le gouvernement, depuis mai 2018, et qui s’attèle à augmenter la capacité de production de projets d’énergie photovoltaïque de 100 Mw à 500 Mw.
Une option durable et compétitive
En fait, la Tunisie dispose d’abondantes ressources solaires, ce qui constitue une option durable et compétitive pour répondre à la demande énergétique croissante du pays. Pour atteindre l’objectif du Plan Solaire Tunisien (PST) de 30% d’énergie renouvelable dans le mix électrique (soit 3,8 GW de capacité) d’ici 2030, le pays a lancé récemment plusieurs appels d’offres. Le dernier grand pas vers cette cible a notamment été pris en décembre 2019 avec l’attribution de 500 MW de projets solaire PV, à l’issue d’un processus d’appel d’offres ayant permis d’atteindre des tarifs de l’énergie parmi les plus bas en Afrique à ce jour.
Avec l’accélération du déploiement du PV, il est estimé qu’il est temps pour la Tunisie de se tourner vers la fiabilité à long terme des centrales solaires. D’ailleurs, le PST (2016-2030) d’un montant évalué à 15 milliards de dinars d’investissements publics et privés tunisiens et étrangers, a été la première stratégie établie en matière d’énergies renouvelables.
Au titre des démarches mises en œuvre par la suite, le gouvernement tunisien a tenu la conférence « Tunisia 2020 » dans l’objectif de présenter la stratégie de développement national 2016-2020, dont le pilier 5 « Transition vers une économie verte » décrit l’ensemble des programmes de développement. Le projet « Smart-Grid », par exemple, prévoit l’installation de 100 000 compteurs intelligents. La stratégie nationale inclut également le développement du réseau électrique afin de faciliter l’intégration des énergies renouvelables sur le réseau.
A cet égard, la STEG financera la construction de 5 stations photovoltaïques de capacité globale 300 MW à Tataouine, Médenine, Kébili, Gafsa et Djerba, ainsi qu’un parc éolien à Tbaga (Cap Bon), financé par l’AFD. Enfin, le projet de station de stockage d’énergie par pompage et turbinage dans l’Oued El Melah (Béja) d’une capacité de 400MW est un projet d’infrastructure d’envergure qui permettra d’assurer une continuité dans le réseau et dont le coût a été évalué à 1,2 milliards de dinars. Il existe aussi un projet de centrale à biomasse d’une puissance installée de 15 MW, dans la région de Thyna, à environ 10 km de Sfax, en Tunisie financé par le secteur privé.