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Ennahdha écartelé entre des choix difficiles, les uns autant que les autres !

Tous les regards sont maintenant tournés vers Rached Ghannouchi, le chef du mouvement Ennahdha. Va-t-il aller de l’avant sur la voie du compromis et du pragmatisme, ou va-t-il tout revendiquer pour son parti, et peut-être même lui-même ; est-il possible de trouver un équilibre entre les deux ? Trois interrogations auxquelles le site « The National » s’est efforcé de trouver des réponses auprès d’analystes internationaux tout autant que dans la galaxie Ennahdha.

D’abord, une donnée d’arithmétique parlementaire. Ennahdha est bien loin des 109 sièges nécessaires pour gouverner seul. Il dit qu’il ne s’associera pas avec Qalb Tounes , le groupe populiste nouvellement formé et dirigé par Nabil Karoui, magnat des médias, qui est arrivé en deuxième position avec 38 sièges. Ennahdha a également écarté une alliance avec le Parti Destourien Libre farouchement anti-islamiste, troisième avec 22 sièges, au motif qu’il est lui aussi corrompu et « anti-révolutionnaire ». Mais les alliés potentiels d’Ennahdha, dont l’actuel chef du gouvernement Youssef Chahed, refusent de lui concéder la Kasbah, du moins pour l’instant.

Un coût économique, aussi

Sharan Grewal, professeur adjoint au College of William & Mary et chercheur invité à la Brookings Institution, a déclaré à Al-Monitor qu’Ennahdha pourrait encore être contraint  » de proposer un technocrate neutre à la tête du gouvernement, mais de nommer l’un des siens , comme Rached Ghannouchi, au perchoir du Parlement « . Son secrétaire général, Zied Ladhari qui vient de quitter son poste de ministre du Développement, a également été pressenti comme un candidat au poste de chef du gouvernement.

Si Ennahda ne parvient pas à former un gouvernement dans les 60 jours, le nouveau président du pays, Kais Saied, pourra charger un autre parti de former une coalition gouvernementale. Si cela échouait, de nouvelles élections seraient décidées. Mais ce scénario aura un coût pour l’économie chancelante du pays, frappée par le chômage élevé des jeunes et la flambée des prix des denrées alimentaires, et pourrait entraîner une participation électorale encore plus faible – 41 % des électeurs ont voté le 6 octobre – avec des résultats encore moins prévisibles.

L’histoire suggère cependant qu’Ennahda fera les compromis nécessaires pour rester au pouvoir et pour protéger la démocratie tunisienne telle que le parti la conçoit. Monica Marks, une éminente spécialiste de la Tunisie qui a étudié Ennahdha de près, a déclaré à Al-Monitor dans une récente interview : « Ils veulent vraiment rester dans le circuit. C’est une vraie priorité pour eux. Depuis la révolution, le pragmatisme et une détermination tenace ont été au premier plan de leur approche de la politique, ce qui est tout à fait logique si l’on considère le niveau de répression politique et d’isolement dont ils ont été frappés et la rareté et l’importance de la fenêtre d’opportunité qui s’est ouverte après la révolution pour eux ».

Marks, qui enseigne à l’Université de New York à Abu Dhabi, a ajouté que « pour Ennahdha, le plus effrayant, c’est de retrouver le chemin des prisons et de voir l’expérience démocratique voler en éclats. Ennahdha est tellement obsédé par la normalisation politique qu’il est devenu un géant émasculé », selon ses ditres.

Le sort du premier président démocratiquement élu d’Égypte et compagnon de route des Frères musulmans, Mohammed Morsi, qui a été violemment évincé en 2013 et est mort en détention le 17 juin, a amplifié les craintes d’Ennahdha. Il y a eu un contrecoup populaire lorsque les assassinats de deux éminents politiciens de gauche en Tunisie en 2013 ont été imputés à Ennahdha par ses opposants laïques, ce qui s’est avéré un tournant. Ennahdha a volontairement renoncé au pouvoir en janvier 2014. Depuis cette date, le parti s’est contenté d’une position de second plan dans une coalition avec ses adversaires laïques.

Ennahdha voudrait se régénérer !

Ennahdha est en tête avec 19%, bien en deçà des 27% qu’il avait obtenus en 2014 quand il est arrivé deuxième. Son candidat à l’élection présidentielle du 15 septembre a terminé troisième derrière Saied et Karoui, deux nouveaux venus sur la scène politique.

Le résultat du vote a suscité un vif débat et une réflexion approfondie dans les rangs du parti. Certains dirigeants d’Ennahdha ont perçu les résultats comme un message clair de la base du parti que le compromis était allé trop loin. Sahbi Atig a déclaré à Al-Monitor dans une récente interview : « Aux yeux du peuple, nous sommes trop proches de l'[ancien] système. Nous aurions dû punir ceux qui ont commis des crimes. » Il faisait référence à un projet de loi de 2017 qui exonérait des milliers de fonctionnaires malhonnêtes qui étaient censés être poursuivis sur la base de la Commission vérité et dignité du pays, créée en 2013 pour enquêter sur les abus de la dictature.

Naoufel Jammali, un autre d’Ennahdha pense que « il vaut mieux que nous restions en dehors du gouvernement pour nous régénérer, nous rafraîchir. »

Traduction et synthèse AM

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