AccueilChiffreGhannouchi sera-t-il le sauveur de la baraque islamiste ?

Ghannouchi sera-t-il le sauveur de la baraque islamiste ?

Le journal koweitien Achahid vient de révéler, dans son édition de mardi 18 mars 2014, que Rached Ghannouchi est le candidat unique au poste de guide suprême de l’Organisation internationale des Frères musulmans, à la suite de l’amendement des dispositions qui font que le guide suprême de cette organisation soit de nationalité égyptienne. Ce qui laisse penser que Ghannouchi sera automatiquement élu.

La nébuleuse islamiste serait plus à l’aise si plusieurs personnalités briguaient cette dignité , même de manière formelle , mais les contraintes dans lesquelles elle se trouve l’ont privée de ce luxe à grande valeur politique ajoutée .Le Guide Suprême égyptien Mohammed Badiî est en prison, depuis des mois, et toute la direction de la confrérie égyptienne est soit sous les verrous soit à l’exil , et le paravent théologique de l’Organisation qu’est Youssef Kardhaoui est fortement contesté dans les pays du Golfe à tel point que ses protecteurs qataris lui ont interdit de prêcher le vendredi dans la mosquée Omar Ibn Al Khattab à Doha .

La même source koweitienne a indiqué que des réunions préparatoires ont déjà été engagées en Turquie et en Allemagne pour l’élection du nouveau guide mondial des Frères Musulmans .

En fait , des informations ont circulé au moins à deux reprises ces trois dernières années , sur une éventuelle désignation de Rached Ghannouchi , leader d’Ennahdha ,au poste de guide de l’Organisation internationale des Frères musulmans . Mais les deux fois ont été liées à des luttes intestines dans les rangs du parti islamiste qui mettent Rached Ghannouchi en minorité .La première fois, c’était à l’issue du congrès d’Ennahdha , en juillet 2012, qui a fait apparaître une contestation évidente du leadership de Ghannouchi ,enveloppée à l’époque par un modus vivendi entre représentants de l’émigration , qui ont échappé à la répression de Ben Ali et ceux de l’intérieur qui ont payé chèrement la facture de cette répression qui s’est abattue sur eux et sur leurs familles . La deuxième fois où il a été question pour Ghannouchi de prendre les rênes de l’Organisation internationale des Frères musulmans coïncidait , fin 2013 ,avec le départ d’Ennahdha du pouvoir en Tunisie , et le désaveu de l’islam politique à l’échelle internationale .

Ces données révèlent que la crise que vit le parti islamiste tunisien est identique à celle vécue par l’islam politique international. Il s’agit d’une crise d’adaptation aux réalités nationales et mondiales qui a mené ces formations politiques à un isolement sans précédent et révélé leur incompétence dans la gestion des affaires publiques. Leur lutte contre les dictatures a été couronnée par un succès incontestable , justement parce qu’elle a été menée de concert avec les forces démocratiques et le tissu associatif ambiant dans les pays concernés .Mais, après leur accès au pouvoir , à la faveur des révolutions du printemps arabe , le programme qu’ils ont commencé à défendre s’est transformé , dans l’un de ses aspects , en un démantèlement pur et simple des projets de société bâtis depuis les Indépendances , avec un usage excessif et une justification béate de la violence et une couverture des menées terroristes à l’échelle nationale et régionale .

Evidemment, les partis islamistes avaient des bilans très différents. Quelques uns ont commis des fautes graves, mais d’autres ont commis l’irréparable, comme c’est le cas en Egypte , en Libye et en Syrie , et se sont comportés comme les héritiers des anciens despotes avec l’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat en moins . Le cas de la Tunisie est quelque peu différent, parce qu’un rapport de forces s’est établi, de manière précoce, entre les forces démocratiques et les forces islamistes, ce qui a empêché l’exécution l’agenda islamiste dans toutes ses dimensions.

Mais cet élément exogène qui a circonscrit les dégâts de l’exercice de la troïka , à été présenté par Ennahdha et interprété par la nébuleuse islamiste internationale comme un signe de maturité de sa frange locale , et l’a poussée à recourir aux services de ces démocrates accomplis de l’islamisme tunisien pour sortir l’Organisation Internationale du guêpier dans lequel elle s’est trouvée . Mais la grande question sera la suivante : est-ce que les manœuvres et l’habillage de la communication auquel le parti islamiste nous a habitués , peuvent tenir lieu de politique de rassemblement et de concorde nationale ?

Aboussaoud Hmidi

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