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Gouvernement Mechichi : Un vote aux allures de confiance précaire et révocable !

Le contraste est saisissant entre cet air de condescendance qui a plané sur le processus de « consultations » avec les partis politiques en vue de la formation du gouvernement de Hichem Mechichi et les trésors d’aménité déployés par ce dernier en direction de formations politiques , hier, traînées aux gémonies, parce que telle est la fixation d’un président de la République qui parle d’une « nouvelle vision politique dictant une nouvelle conception de l’action politique ».

Une volte-face qu’on pourrait juger largement attribuable à ce qui peut ressembler à un renversement des alliances au sein d’un échiquier politique par définition fluctuant et versatile. Et dans ce maquis, le président de la République, Kais Saied , a la part belle. Et on l’a vu, lundi, mettre les bouchées doubles, recevoir sans désemparer, sans que nul de ses interlocuteurs n’arrive à décrypter les idées qui lui trottent derrière la tête. Aurait-il lâché le chef du gouvernement désigné ? Chercherait-il à nouer des alliances, et avec qui ? A-t-il fait la promesse de ne pas convoquer des élections anticipées ? Davantage que des conjectures, on est interpellé par un enchevêtrement de choses absconses qui ne sont justiciables d’aucune grille de lecture congrue.

Paradoxalement, ce n’est pas cela qui va compromettre les chances de Hichem Mechichi d’obtenir le vote de confiance du parlement pour un gouvernement dont il ne serait pas le seul à revendiquer la paternité. En tout cas, il a donné, ce mardi, aux députés réunis en séance plénière, des gages pour utiliser à bon escient la confiance qu’il sollicite et qu’il a présentée comme un « contrat de confiance entre le gouvernement et l’Assemblée des représentants du peuple », marquant, au demeurant, l’engagement de prendre les mesures nécessaires pour apporter les changements qui s’imposent, dans le strict respect de la Constitution et des lois en vigueur. Il va même jusqu’à assurer que le travail des membres de son équipe sera soumis à un suivi périodique devant permettre d’évaluer leur rendement gouvernemental et de s’assurer de la réalisation des objectifs fixés.

Surtout, Mechichi a affirmé son « engagement personnel » à travailler, de façon constructive, avec toutes les parties politiques et les organisations nationales, étant convaincu du rôle de toutes les forces vives au service de la patrie, tout en assurant qu’il accepte la critique et le conseil et qu’il tend la main à tous ceux qui sont capables d’apporter un plus au travail gouvernemental et de servir l’intérêt du pays. Enfin, il a évoqué le mécanisme de pacte d’objectifs qui engagera tous les membres du gouvernement à trouver les solutions appropriés dans leurs domaines de compétences respectifs, dans le cadre d’un gouvernement d’action, de réalisation, d’efficacité et de changement qui cherchera des solutions innovantes aux questions nationales, tout en tenant compte des moyens dont dispose le pays.

Un éventail de priorités

Voilà pour la philosophie et les ressorts que le gouvernement va joindre au compendium de son mandat qu’il va articuler autour de 5 priorités lesquelles vont de l’arrêt de l’hémorragie des finances publiques jusqu’à la protection des catégories vulnérables, l’accent y étant mis sur une stratégie multisectorielle et l’engagement de l’Etat à payer ses dettes envers ses fournisseurs, d’ici la fin de 2021.
Plus concrètement, le gouvernement œuvrera pour assurer la reprise du rythme normal de la production des secteurs stratégiques, en particulier, le secteur énergétique et minier et la préparation d’un plan intégré pour renforcer les ressources propres de l’Etat.

Cette étape constitue la première priorité du gouvernement de Mechichi qui poursuivra l’encadrement des institutions touchées par la pandémie de Covid-19 , la réforme du système logistique, la numérisation des services et la prise d’une série de mesures dans le projet de loi de finances pour 2021, pour réduire l’évasion fiscale.
Dans le même contexte, le gouvernement coordonnera davantage ses efforts avec la Banque centrale de Tunisie (BCT) dans le but d’harmoniser les politiques monétaire, financière et fiscale et d’entamer des négociations avec les partenaires et les bailleurs de fonds pour présenter un programme de réformes, tout en prenant en considération le développement des priorités nationales. De même, le gouvernement s’est engagé à maîtriser les dépenses de l’Etat et à mettre en place un programme complet pour la restructuration du secteur public, et ce, à travers la modernisation des outils de travail et l’intervention rapide pour annoncer un appui financier en faveur des entreprises publiques les plus touchées par la Covid-19. IL œuvrera dans le cadre d’une réforme globale à renforcer le programme de la réforme administrative à travers la consécration de la numérisation des procédures relatives à l’import et à l’export et l’engagement de la réforme des constructions publiques, en partenariat avec les différentes parties concernées.

Le nouveau gouvernement s’attèle à tenir les engagements financiers de l’Etat en 2021, à renouveler la structuration financière et sociale dans son programme d’actions et à réviser le système de gestion des entreprises publiques. La question de retrouver la confiance et de renforcer l’investissement, est une autre priorité du gouvernement qui s’attache à regagner la confiance dans les transactions financières de l’Etat envers ses fournisseurs à fin 2021, et à s’engager à payer les fournisseurs dans les délais impartis.

Enfin, le nouveau gouvernement s’emploiera à préserver le pouvoir d’achat des citoyens à travers l’orientation de la subvention et la lutte contrôle le monopole, sans perdre de vue le renforcement du rôle du conseil de la concurrence, et sans omettre la protection des couches sociales les plus vulnérables, selon l’évolution de la crise de santé que traverse le pays actuellement.

Il reste à dire que rien, pour l’heure, n’est susceptible d’empêcher les députés d’accorder la confiance au gouvernement, une confiance dont on doit comprendre qu’elle sera révocable ad nutum , comme le disent les juristes . Et les occurrences ne vont pas manquer de le faire sitôt le budget de l’Etat et loi des finances adoptés. Sans parler bien sûr de ce qui donne déjà des frayeurs à Kais Saied , la crainte de voir le gouvernement se prêter allègrement à des modifications et des remaniements successifs peu de temps après avoir obtenu la confiance.

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