Nombreux sont les citoyens qui se plaignent, cette année, de l’augmentation des prix des hôtels en Tunisie, jumelée à une dégradation notable du niveau des services, la famille tunisienne se retrouvant sommée de payer plus de 2500 dinars pour passer « quelques jours » dans un établissement hôtelier du pays.
Certains d’entre eux ont mis le cap sur les hôtels les moins chers, mais à leur grande surprise, ils ont eu vite la nette impression qu’ils y sont indésirables bien que les services laissent à désirer.
En revanche, d’autres choisissent de passer les vacances d’été à l’étranger, en expliquant que le coût d’une semaine dans un hôtel en Tunisie est équivalent à celui d’un voyage à l’étranger.
Détérioration du pouvoir d’achat
Dans ce contexte, le président de l’Association tunisienne pour informer le consommateur et rationaliser la consommation, Lotfi Riahi, a affirmé à African Manager que le pouvoir d’achat du Tunisien a commencé à se dégrader depuis un bail, ce qui n’a paradoxalement pas dissuadé les hôteliers de s’inscrire comme jamais dans une valse des étiquettes massive et générale.
Riahi a lancé un appel aux autorités tunisiennes pour adopter le modèle du tourisme social, en fournissant des espaces publics tels que des foyers et des écoles au profit des jeunes et des étudiants pour profiter du tourisme intérieur.
Il a, également, évoqué le fait que la classe démunie en Tunisie a augmenté, alors que la classe moyenne a commencé à être vouée à disparaître, au point que le Tunisien est devenu incapable de payer une nuitée à l’hôtel, selon ses dires.
Le tourisme intérieur, un choix stratégique !!!
Toutefois le directeur général de l’Office national du tourisme tunisien, Nizar Slimane, a souligné que le tourisme intérieur est un pilier fondamental de l’économie tunisienne, et qu’« aujourd’hui, il a valeur de choix stratégique, non conjoncturel, qui joue un rôle majeur dans l’avancement et la mise à niveau du secteur », reconnaissant que les Tunisiens ont sauvé le secteur à plusieurs reprises.
Dans une précédente déclaration à African Manager, il avait déjà fait part d’un « travail en cours » pour trouver une formule permettant aux Tunisiens d’obtenir des prix préférentiels qui concordent avec leur pouvoir d’achat.
Certains professionnels du secteur estiment que « baisser les prix n’est pas la meilleure solution pour attirer les touristes locaux, et cela ne va pas servir la concurrence entre les hôtels », affirmant que la solution la plus appropriée pour certains groupes reste de leur fournir la possibilité de payer leur séjour à l’hôtel par facilité.
50% des hôtels n’ont pas ouvert leurs portes
Dans un autre contexte, le président de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien (Fi2T), Houssem Ben Azzouz, a indiqué qu’environ 50% des hôtels en Tunisie n’ont pas encore pu relancer leur activité, et rouvrir leurs portes à leur clientèle à l’aube de la saison touristique.
Il n’en a pas moins souligné que le taux de réservations durant la période entre juin et septembre 2022 a enregistré une augmentation de 60%, ce qui indique que le secteur se redresse progressivement, notant à cet égard que la poursuite de la fermeture par des frontières algériennes avec la Tunisie a eu un impact négatif sur le tourisme, sachant que notre pays recevait annuellement entre 5 et 6 millions de touristes algériens.
Les recettes du tourisme s’envolent
Selon les derniers indicateurs officiels publiés par la Banque centrale de Tunisie, la valeur des recettes touristiques a augmenté de 51% au 10 juin 2022, pour atteindre le niveau de 1,1 milliard de dinars.
Plus d’un million de touristes étrangers ont afflué vers la destination tunisienne depuis le début de cette année jusqu’à fin avril dernier.
Le secteur contribue à environ 14% du PIB, fournit environ 400 000 emplois et emploie environ 12% de la main-d’œuvre.