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Il a été royalement accueilli, les a tous vus, a plu et beaucoup reçu

Du jeudi 13 au samedi 15 décembre 2018, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, était en visite officielle en Arabie Saoudite, à la tête d’une importante délégation comprenant notamment les ministres du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale Zied Laadhari et celui du Commerce Omar El Béhi. La visite était sur invitation du prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS), ce qui mettait déjà à mal tout ce qui avait été dit, lors de la visite de ce dernier en Tunisie. Des ragots qui avaient alors fait état de relations tendues entre les deux hommes d’Etat.

  • Reçu en grande pompe, il aura presque «veni, vidi, vici»

Reçu comme un chef d’Etat et logé dans le plus grand palace de Ryad, dans une suite princière, Youssef Chahed avait fait l’objet d’une attention toute particulière. Chose inédite, selon des connaisseurs du protocole du Royaume d’Arabie Saoudite, le roi reçoit très rarement dans sa résidence personnelle. C’est pourtant là qu’il a reçu le chef du gouvernement tunisien, lui a fait faire «le tour du propriétaire», discutant avec lui, tout sourire, marchant côte-à-côte à travers le palais et lui en expliquant l’histoire et celle de la famille royale, avant de l’inviter à un festin de roi, en présence des membres de la famille royale, poussant l’amabilité et le sentiment de bienvenue jusqu’à servir de ses propres mains son invité.

Et c’est manifestement toute cette atmosphère empreinte d’un sentiment presque filial qui a vite fait que le courant passe entre les deux hommes, qui a été décisive dans l‘accord royal pour les 500 MUSD. Selon nos informations, le ministre saoudien des Affaires étrangères aurait d’ailleurs téléphoné à l’ambassadeur tunisien, dès la fin du déjeuner royal, pour lui annoncer l’accord du roi pour les 500 MUSD. Un accord où les arguments du chef du gouvernement en faveur d’un «appui financier», urgent et conséquent pour l’économie tunisienne ont certainement aussi joué un rôle prépondérant. Sa rencontre avec MBS confirmera l’inconditionnel appui royal.

  • Détail et décryptage

Notons que les 850 millions de dollars, soit presque 2,5 milliards DT, se déclinent en 500 MUSD qui seront versés en devises, dans une proportion à définir, entre crédit à taux préférentiel et dépôt auprès de la Banque centrale de Tunisie. Ces proportions, la durée du dépôt financier qui devrait être sans intérêts, ainsi que le taux applicable à la partie en crédit, devraient bientôt être définis au cours de la prochaine visite en Arabie Saoudite du ministre tunisien des Finances, Ridha Chalghoum.

Détaillant ce volume, le chef du gouvernement a annoncé dans une déclaration de presse à la fin de sa visite qu’il a qualifiée d’importante, avoir rencontré le roi et «lui ai transmis les salutations de son frère le président de la République Béji Caïd Essebssi et nous avons évoqué les différents aspects de la coopération ». Youssef Chahed est aussi revenu sur la «signature d’accords d’investissements saoudiens en Tunisie d’un montant de 350 MDTenviron dans différents secteurs», avant d’évoquer sa «rencontre avec les chambres saoudiennes de commerce et de développement », ajoutant que, «on y a essayé de mieux faire connaître la Tunisie comme destination d’investissement et les capacités concurrentielles de l’économie tunisienne et on les a vivement invitées à investir en Tunisie. On a aussi passé en revue leurs préoccupations dans ce domaine et ce qui mérite notre suivi dans ce sens ».

Et le chef du gouvernement d’aborder ensuite l’essentiel de sa visite en Arabie Saoudite en évoquant sa «rencontre aussi, le samedi, avec le Prince héritier et un appui financier à la Tunisie de l’ordre de 1.500 MDT, mais aussi la mise en œuvre d’une ligne de financement du commerce extérieur entre les deux pays d’un volume de l’ordre de 600 MDT».

Le chef du gouvernement tunisien évitera, diplomatiquement devant la presse tunisienne, de donner trop d’importance à cet appui financier saoudien, préférant résumer sa visite en parlant d’un «pas positif dans le domaine du renforcement des relations entre les deux pays, où nous avons ressenti une grande volonté saoudienne d’appui à la Tunisie».

Il n’en demeure pas moins vrai que cet appui à cet instant précis de la vie politique tunisienne était la clé de voûte de toute la visite. Cette dernière aura certes permis de relancer la coopération entre les deux pays, dans une conjoncture politique locale difficile, et au moment où certaines voix parlaient de la relation de Youssef Chahed avec Ennahdha comme partenaire gouvernemental, qui pourrait être un frein à cet appui. Le montant du soutien financier au gouvernement Chahed met fin à toutes ces supputations. Mais il permet, aussi et surtout, à la Tunisie d’éviter une coûteuse sortie sur les marchés financiers internationaux, à la veille d’une année électorale qui pourrait rendre moins accessible à la Tunisie d’emprunter à coût moins cher ou même égal à sa dernière sortie internationale. Elle donne ensuite un volume financièrement plus palpable au bilan de la dernière année du mandat de Youssef Chahed et devrait lui permettre d’avoir de meilleures perspectives pour son prochain projet politique et de tout son avenir politique en Tunisie.

Il ne fait aucun doute que, par cette visite, la qualité de l’accueil qui lui a été réservé, ses rencontres avec le roi et son héritier, et surtout le volume de l’appui financier qu’il a, pu et su, décrocher, lui seront d’un grand secours pour le reste de son mandat. L’homme d’Etat dont il a pu et su endosser les habits, l’excellent négociateur qu’il s’est finalement révélé être, face à une partie saoudienne, pierre angulaire dans toute la coopération interarabe, généralement réputée non facile en matière d’appui financier, aura démontré à ses adversaires qu’il sait et peut faire ce qu’il faut même quand la conjoncture, politique et économique, peut paraître comme de peu de secours. Selon ses proches, il ne compterait d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin et d’autres pays du Moyen Orient, pourraient bientôt être le théâtre de pareilles visites.

La presse saoudienne, dans sa totalité, n’a pas été en reste pour célébrer la qualité des relations entre la Tunisie et l’Arabie saoudite et le nouvel élan que la visite de Chahed est en train de leur insuffler.

 

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