AccueilLa UNEKadhafi parti, que restera-t-il à la Tunisie ?

Kadhafi parti, que restera-t-il à la Tunisie ?

Alors que le régime du colonel  Kadhafi s’effondre pour ouvrir la voie à un gouvernement adossé à l’Etat de droit et des institutions , acquis à la démocratie et aux libertés publiques et surtout animé a priori des  meilleures intentions  vis-à-vis de ses voisins , en premier lieu la Tunisie, l’interrogation vaut rigoureusement d’être posée de savoir quel avenir devrait-être envisagé pour les relations entre la Tunisie et la Libye, sur le plan politique certes, mais aussi est surtout  économique.

Sous le règne de Kadhafi, ces relations, convenons-en , n’ont pas été exemptes de vicissitudes et de péripéties dont le ressort était exclusivement politique et les effets majoritairement économiques et sociaux, bien que des éclaircies aient pu , par moments, ponctuer leur ordonnance, forcément au gré des humeurs de l’ex-homme fort de Tripoli dont les caprices et mouvements d’humeur imprimaient la conception et la conduite de la diplomatie libyenne. Maintenant que tout semblerait rentrer dans l’ordre avec la fin programmée et imminente d’un mode de gouvernement à tout le moins atypique, les Libyens sont désormais en droit d’aspirer à être gouvernés par de dirigeants qui répondent à leurs attentes et qui soient guidés totalement par l’intérêt national à l’exclusion de tout autre qui puisse nuire à la souveraineté du pays et son économie ou qui soit le prétexte de dilapider les énormes ressources énergétiques et financières qui sont les siennes et dont il a fait la très amère expérience quatre décennies durant.

A la lumière des professions de foi et des préconisations des nouveaux dirigeants de la Libye, on peut penser qu’au contraire de celui qui l’a précédé, le nouveaux régime qui gouvernera la feue Jamahariya sera un régime conventionnel , c’est-à-dire qui répond aux concepts institutionnels et politiques en vigueur dans le monde et  qui respecte les valeurs qui sont celles de la communauté internationale, ce qui aura , à terme, le mérite de conférer toute la transparence requise aux transactions que les nouveaux dirigeants auront à conclure avec les pays tiers , et de placer les institutions libyennes sous l’enseigne de la gouvernance qu’elle soit politique, financière, commerciale ou économique, pour tout dire.

C’est une garantie essentielle pour les partenaires étrangers de la Libye et pour les ressortissants expatriés qui viendraient y travailler, contrairement à ce qui était la pratique jusqu’ici, en ce sens que les investisseurs pouvaient, sans raison valable et pertinente, du jour au lendemain , être dépossédés de leur actifs sans possibilité d’indemnisation, alors que les travailleurs pouvaient être expulsés à l’avenant, comme ce fut le cas pour nombre d’industriels et travailleurs tunisiens opérant en Libye.

Que faudra-t-il attendre du nouveau régime ?

Autant qu’on puisse le prévoir, la prochaine équipe qui sera au pouvoir en Libye sera issue de l’actuel Conseil national de transition dont les membres ont commencé à emménager à Tripoli, ce qui n’exclut pas d’autres factions et sensibilités tribales en plus des islamistes. L’autre tendance qui se dégage est que la Libye s’achemine vers un système fédéral, comme c’était le cas avec la monarchie et avant le 1er septembre 1969, ce qui donnera de larges prérogatives aux régions non seulement politiquement mais aussi économiquement. Voilà une donnée dont ceux des Tunisiens qui élaborent des scénarii de coopération avec la nouvel le Libye doivent tenir compte en plus du frein qui sera mis à la concentration de la décision politique et économique dans les mains d’une seule personne et quelques proches.

Il est d’ores et déjà certain que la Tunisie sera « short listée » dans le groupe de pays qui seront aux premières loges en matière de partenariat économique, dans la mesure où elle a été le pays qui  a supporté le plus, sinon le seul, les conséquences du soulèvement contre le régime de Kadhafi en termes d’accueil de réfugiés, de rapatriement de travailleurs émigrés et de pertes économiques de divers ordres. Au demeurant, on peut penser, en bonne logique économique, que les entreprises tunisiennes auront  une part significative dans les chantiers de la reconstruction qui se préparent pareillement aux travailleurs tunisiens rapatriés, depuis février dernier, auxquels s’ajouteront sans doute d’autres, ce qui permettra de relâcher la pression sur le marché de l’emploi en Tunisie et favorisera le transfert de compétences et de main d’œuvre tunisiennes.

La Tunisie qui est déjà un «  partenaire commercial privilégié de la Tunisie » avec des  échanges commerciaux qui ont atteint des records entre 2000 et 2010 avec un taux de croissance annuel moyen de 9%, pour une moyenne mondiale de 6%, sera dans d’autres atours quand elle s’inscrira dans une nouvelle logique commerciale avec le partenaire libyen , à la lumière de l’absence d’aléas politiques et de l’accroissement des opportunités de renforcement de la coopération économique alors que se profile déjà la perspective d’une communauté économique tuniso-libyenne qui serait l’embryon d’un regroupement plus vaste englobant d’autres pays de la région.

Il sera dans l’ordre des choses que la Libye qui est le deuxième partenaire économique de la Tunisie après l’Union européenne, accède à un autre statut  le fondant à acheter davantage que  6,9% des exportations tunisiennes, principalement des produits agro-alimentaires, des matériaux de construction, du fer et de l’acier. Et puis, étant actuellement  le quatrième investisseur arabe en Tunisie avec  plus d’une trentaine d’entreprises  investissant  en Tunisie dans les secteurs de l’industrie et des services et créant plus de 3.000 emplois, la Libye aura certainement loisir à élargir l’éventail de ses investissements en Tunisie et en accroitre les flux.

D’autres secteurs s’offrent à un surcroît consistant d’échanges, notamment le tourisme et le tourisme médical, et il faut bien le reconnaitre, le commerce frontalier qui s’exerce le plus souvent, voire toujours, en dehors des circuits réglementés. Nombreux seront certes ceux qui en profiteront encore et toujours, mais nombreuses aussi seront les entreprises qui en pâtiront encore et toujours. Et  l’on devra se convaincre de part et d’autre que le seul moyen d’y remédier est de mettre en place de nouveaux mécanismes qui respectent certes la liberté du commerce , mais aussi sa transparence .
  
 

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