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La BFPME, 82% de créances accrochées, mais une nouvelle banque publique dédiée à l’investissement

La situation financière de la BFPME ainsi que sa structure organisationnelle actuelle sont « difficiles et mauvaises et ne permettent pas de réaliser des bénéfices, ni d’atteindre l’équilibre ». C’est le PDG lui-même de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises, Labid Zaâfarane,  qui, pose ce diagnostic.

Dans une interview à  « African Manager », il a précisé  que le pourcentage de créances douteuses s’élevait à 82 %, alors que le taux de recouvrement ne dépassait pas 52 %,  et que la rotation des actifs de la banque est estimée à 10,2 ans, « ce qui fait obstacle à la  rentabilité », selon ses  dires.

Les prêts accordés au cours de l’année 2022 sont les plus faibles de l’histoire de la banque depuis sa création en 2005, puisque le nombre de projets qui ont été financés durant les quatre dernières années variait entre 70 et 80 projets, avec une moyenne de 380 mille dinars et un volume total annuel de 30 millions de dinars.

Plus de 80% des fonds ont été dirigés vers les nouveaux promoteurs, leur  octroyant des avantages  sans aucune garantie, et la plupart d’entre eux étaient des projets situés dans les régions de l’intérieur, ce qui rendait le taux de risque très élevé.

Il  a affirmé que « la valeur totale des prêts accordés est très faible, compte tenu du grand nombre de demandes reçues par les différentes succursales de la banque réparties dans les différents gouvernorats de la Tunisie ».

En revanche, la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises ne répond qu’à environ 20% des demandes, alors que 80% sont rejetées, selon ce qu’a mentionné le Président-Directeur Général, en raison des niveaux élevés d’exposition aux risques, qui se répartissent en 4 types, les risques de marché (l’étude montre que le projet n’aboutit pas), les risques liés à la gestion, les risques techniques liés à une mauvaise sélection des équipements et les risques financiers.

Secteurs les plus financés

Le secteur industriel représente la plus grande part des projets approuvés par la Banque, avec 35%, suivi de celui des industries alimentaires avec 27%, selon  le PDG , qui relève dans le même contexte que le secteur des services, à son tour, a enregistré une développement important ces dernières années et occupe désormais la troisième place.

Quant aux projets qui n’ont pas réussi à réaliser des bénéfices et à assurer leur pérennité sur le marché, sont surtout  ceux du  secteur textile financés également par la banque et confrontés à plusieurs problèmes, dont la plupart ont échoué, et étaient voués à disparaître. Les chiffres indiquent qu’environ 90 % des projets sont au point mort, et sur un total de 103 projets, seules 3 entreprises ont réussi à poursuivre leurs activités.

Malgré la série de résultats négatifs, Labid Zaâfarane a indiqué que la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises entre dans la catégorie des banques de développement, qui est censée jouer un rôle majeur dans l’impulsion positive de l’économie tunisienne, d’autant plus qu’il s’agit d’une banque  qui a vocation à financer environ 90% du tissu économique national composé essentiellement de petites et moyennes entreprises et dont les investissements oscillent entre 150 mille dinars et 15 millions de dinars.

Les banques commerciales… réticences

Il a souligné la réticence des banques commerciales à fournir des prêts d’investissement et leur tendance à octroyer des prêts à court terme, lesquels représentent  aujourd’hui 97% de leurs activités.

Face à « l’abandon par les banques commerciales de l’octroi de prêts d’investissement et du soutien à ce type d’entreprises.En contrepartie de leur tendance à octroyer des prêts à court terme, qui représentent aujourd’hui 97 % de leurs activités, l’État est tenu de fournir les capacités nécessaires pour la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises pour faire avancer davantage le financement des projets », expliquant la réticence des banques par le pourcentage élevé des risques.

Il estime, également, que la Banque de financement des petites et moyennes entreprises, au début de sa création, ne disposait pas  d’un  système d’information sophistiqué et de compétences spécialisées dans l’investissement, car elle a été établie  sur un modèle économique faible qui l’a amenée à enregistrer des pertes et « par conséquent, sa situation est une extension de sa position précédente », selon les dires de Zaâfarane.

« Il est normal que les banques de développement enregistrent des pertes car leur rôle est de prendre des risques et de financer de nouveaux projets. Cependant, la faiblesse des ressources auto financières avec un capital qui n’a pas dépassé 100 millions de dinars depuis 2009 a empêché la banque de réussir dans ses missions et avec l’accumulation des pertes, la banque ne peut obtenir d’emprunts extérieurs ni de lignes de financement  de la même provenance », a-t-il poursuivi.

Nouvelle banque d’investissement

Il a souligné que « les banques de développement à l’étranger reçoivent une grande attention, par contre en Tunisie, elles sont marginalisées « , appelant le gouvernement à accélérer la mise en œuvre de l’ensemble de réformes  à même de  donner à la banque un nouveau souffle pour relancer l’investissement en Tunisie.

Il est prévu que les réformes seront incluses dans ce que l’on appelle la « Banque des Régions », qui va acquérir les actifs de la Banque de Financement des PME, ainsi que ceux détenus par la Société Tunisienne de Garantie.

En effet, l’appellation « Banques des Régions » sera abandonnée pour  être remplacée par « La Banque des Petites et Moyennes Entreprises », a-t-il souligné, niant le fait que la nouvelle banque soit un clone de la banque actuelle.

Il a, également, déclaré que le processus en cours  tend vers  la création d’une « banque forte », soulignant que la ministre des Finances, Sihem Boughdiri, s’est engagée à accélérer la présentation de la première phase des réformes structurelles et organisationnelles programmées, à l’approbation, pour la création de la banque destinée à financer l’investissement.

Le président-directeur général a révélé que, dans la nouvelle banque, le capital sera augmenté de 105 millions de dinars, 46 millions de dinars seront entièrement souscrits et débloqués en numéraire par la Caisse des dépôts et consignations , tandis que les crédits financiers de 59 millions de dinars sont des dettes de l’Etat et ils seront  remplacés  par le  capital,  moyennant une réduction des pertes capitalistiques de l’ordre de 90 %.

Il a ajouté que la Banque allemande de développement a confirmé son engagement à fournir des lignes de financement, ce qui permettra à la banque de répondre au plus grand nombre de demandes de prêt possible, notant que la nouvelle formule de la banque contribuera à améliorer la rentabilité et lui permettra de réaliser  quelques  bénéfices.

Le responsable s’attend à ce que 2023 soit l’année réelle de la restructuration et de l’approbation des réformes, de sorte que la banque devienne la locomotive du financement des petites et moyennes entreprises.

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