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La bonne approche de Saïed, aidé par Meloni et « snobé » par Macron

« Des Berbères aux premiers Chrétiens en passant par les Vandales, l’Islam, les Byzantins, les Ottomans, les Vikings, les Arabes, les Français, les Tunisiens enfin, tous y ont édifié leurs monuments », écrivait Guy Sitbon dans un numéro d’Historia consacré à la Tunisie.

Il paraîtrait même que le « National Geographic » aurait fait des analyses ADN qui auraient démontré que la répartition démographique en Tunisie comprendrait 88 à 88,9 % de  natifs d’Afrique du Nord, 5 à 5,1 % d’Européens du Sud, 4% d’Arabes, et 2%  de natifs d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest.

–        De vague en vague migratoires, la Tunisie a pu gérer tant bien que mal

Etant un véritable carrefour de plusieurs civilisations, et un lieu de brassage et creuset de presque toutes les civilisations, la Tunisie a , depuis longtemps, connu les flux de migration dans les deux sens, y compris de l’Europe, venant aussi d’Italie, de Malte, ou même d’Afrique. Cette réalité sociale et ethnique a jusque-là été vécue  en Tunisie dans la sérénité et l’ouverture.

Les guerres, notamment en Afrique, les crises sanitaires et économiques, ont fini par faire de la Tunisie le principal hub de migration, climatique et économique vers l’Europe et notamment l’Italie, elle-même devenue lieu de passage vers la France.

A la peine, la Tunisie avait pu gérer, tant bien que mal, la migration des Libyens fuyant les guerres internes entre factions et avec les terroristes religieux. Aux dernières nouvelles, la Libye a d’ailleurs détrôné la Tunisie en tant que nouveau hub migratoire vers l’Italie et l’Europe. Et il n’est pas exclu que le durcissement sécuritaire, et même peut-être, les quelques dérapages, aient contribué à ce changement de hub, notamment par les irréguliers subsahariens. 

–        La Tunisie, à la fois victime et source d’immigration clandestine

Il n’en reste pas moins vrai que la migration clandestine, proprement tunisienne, vers l’Italie continue. Un fléau plus ou moins gérable par les autorités tunisiennes, désormais mieux outillées grâce à l’aide internationale, qui a pu serrer la vis (comme lors des changements intervenus à la tête de la Garde Maritime) et démantelé quelques réseaux de passeurs. Mais le fléau devenait insoutenable par l’afflux de plus en plus grand des migrants, économiques, sécuritaires et climatiques, subsahariens, par une Tunisie en proie à une grave  crise économique et financière, et abandonnée à son sort par les pays destinataires finaux de cette migration clandestine et irrégulière.

De gouvernement en gouvernement, la Tunisie a essayé d’éviter, tant que faire se peut, un traitement purement sécuritaire, tant pour la migration de ses propres enfants que pour celle des subsahariens, tant elle connaît les causes profondes de ces mouvements de populations, soit opprimées, fuyant soit les guerres, soit les conditions de vie devenues intenables. Et le gouvernement de Kais Saïed n’a pas failli à la règle.

–        Silence politique et résilience économique ont des limites

Longtemps, la Tunisie a gardé le silence face à une insouciance européenne où la question migratoire n’est parfois évoquée que sous les allures d’un sujet de discordes politiciennes électorales, ou de crise économique interne. L’actuelle cheffe de gouvernement italienne en avait d’ailleurs fait un cheval de bataille électorale.

Une Europe et la Turquie ont aussi fait de ce sujet de l’immigration un moyen de chantage économique et politique, comme dans le cas de la guerre de Syrie notamment, ou pour augmenter le flux de rapatriement de ceux qui mettraient en danger leur  propre sécurité intérieure.

La gestion de Kais Saïed de cette épineux dossier a débuté par le silence. Sous la pression populaire, cette gestion a muté et explosé dans une sorte de colère qui lui a fait faire des dérapages verbaux qui lui avaient alors attiré le courroux de certaines instances internationales, comme la Banque Mondiale,  pour être  accusé de racisme. Cette gestion s’était calmée au fil des mois, et notamment à l’occasion de l’entrée en lice de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

Elle prêche certes pour sa paroisse, mais elle se positionne aussi en véritable fer de lance des efforts de l’UE pour stimuler l’économie africaine, comme le fait d’ailleurs remarquer le site italien « Decode39 », et aura finalement su trouver le moyen de sensibiliser l’Europe aux problèmes migratoires de son pays, à travers la Tunisie qu’elle croyait pouvoir amadouer et pousser à devenir une sorte de « Gardia Costiera » pour ses frontières maritimes, en faisant miroiter la possibilité d’intervenir auprès du FMI pour qu’il finalise l’accord des 1,9 Mds USD.

–        Entre Meloni et Macron, le langage est différent

Un état d’esprit, désormais installé par la Meloni auprès des Européens, même si elle est en froid avec l’autre partenaire incontournable de la question migratoire qu’est la France, dont a enfin su tirer profit la Tunisie de Kais Saïed, pour lancer l’idée d’un sommet international sur la question.

Et alors que la cheffe de gouvernement italienne prend déjà les devants et décide d’en parler face à face avec Saïed, la France semble moins convaincue de la chose, et plus rivée que l’Italie à l’attitude américaine face à la crise, tant migratoire qu’économique de la Tunisie, n’en a pas moins décidé de marcher sur les pas italiens. Et c’est Emanuel Macron qui téléphone à Kais Saïed, d’abord pour lui assurer, lui aussi et non pas Meloni toute seule, en premier lieu que « la France soutiendrait la Tunisie dans la mise en œuvre des réformes qu’elle décidera », et évoquer ensuite « la nécessité de renforcer la coopération migratoire et  réaffirmer son souhait de soutenir la Tunisie, en lien avec ses partenaires européens, afin de trouver des solutions rapides et pérennes pour faire face aux défis communs dans ce domaine ». Aux antipodes de Macron, Saïed invoque  la Tunisie méditerranéenne pour discuter de la migration clandestine, et rejette l’approche occidentale relative aux réformes que la Tunisie doit faire, et n’évoque même pas la question du sommet financier de Paris.

Et alors que Meloni évite  LE sujet qui fâche avec la Tunisie, celui des réformes exigées par le FMI et que Kais refuse et en parle comme d’un diktat, et met en avant « le plan Mattei de l’Italie visant à stimuler le développement dans les pays africains d’origine des migrants » comme le rapporte le communique de Palazzo Chigi en annonçant sa visite en Tunisie, Macron évoque le sujet qui fâche et parle de « lutte contre la pauvreté » et « d’agir pour le climat et la nature », comme s’il snobait les véritables soucis immédiats de la Tunisie.

–        Saïed peut et doit mieux faire !

On se rappelle d’ailleurs que ce genre de sommet n’aboutit généralement qu’à très peu de choses concrètes en matière de développement pour l’Afrique, à l’image des résultats (si on peut appeler ça comme ça) du dernier sommet France- Afrique de 2022. Beaucoup de promesses, et peu de passage à l’action par une France toujours chevillée à la position américaine.

Avec l’Italie donc, l’approche tunisienne sur la question migratoire était la bonne et  semble devoir porter le bon fruit. Il n’en reste pas moins que la Tunisie de Saïed pourrait et devrait mieux faire. Encore présidente de la Francophonie, elle devrait actionner ce levier pour mieux sensibiliser tout le monde, surtout les Occidentaux qui usent et abusent des richesses africaines,  aux  dangers de ne pas trouver les bonnes solutions, économiques et de développement, pour la question migratoire. Partenaire de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) et membre de l’ONU, la Tunisie pourrait et devrait sonner le branle-bas de combat pour internationaliser cette question de l’immigration clandestine et en faire un cheval de bataille de développement pour toute l’Afrique, du Nord au Sud « و لكم سديد الظر » comme dirait l’autre !

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