Le 10 décembre 2022, et jusqu’au 17, se tiendra un événement aux retombées majeures sur le secteur de la mode. Une première en Tunisie.
Ce rendez-vous serait le point d’orgue d’un projet pensé par trois jeunes femmes, aussi créatives qu’ambitieuses, et dont l’engouement pour la mode éthique dépasse l’entendement.
L’industrie de la mode étant la deuxième la plus polluante au monde après celle des hydrocarbures, singulièrement le pétrole, (100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde), l’impact environnemental de toute la chaîne de production du vêtement est colossal et les déchets vestimentaires gigantesques.

Tel est le constat fondateur de « Moodha Okhra », un programme d’éducation, de sensibilisation, et d’accompagnement autour de la mode circulaire, dédié et ayant pour finalité le citoyen tunisien et les professionnels de la mode du pays.
Moodha Okhra a été conçu initialement dans le but de proposer une mode upcyclée, face à un problème écologique d’envergure, en présentant une collection upcyclée créée par cinq stylistes tunisiens, et qui sera exposée au grand public le 10 décembre prochain.
Sélectionnés pour l’occasion, les stylistes ont eu une formation de marketing, de modélisme, et de stylisme, et sont accompagnés depuis juin 2022 par des connaisseurs du secteur en Tunisie.

L »’Upcycling », une alternative à la surconsommation
Initié par Goethe Institut Tunis et l’association Pontalent qui œuvre pour le développement de projets de la mode en Tunisie ; et soutenu par l’Ambassade du Canada en Tunisie à travers le Fonds canadien d’initiatives locales, et la fondation Indigo, le projet Moodha Okhra s’inscrit dans une thématique du « Zero Waste ».
Selon Meriem Aouadi, chef de projet, l’upcycling des vêtements fait partie de ce processus. « Au lieu de seulement réparer, il est un excellent moyen de réévaluer les tissus », a-t-elle ex)pliqué Car on décortique la pièce invendue, on la détourne, on la manipule et on lui redonne un nouvel aspect.
Il faut dire que la Tunisie manque de »sourcing ». Il n’existe pas autant de matières premières, et le combat est devenu chronique. Les coûts sont exorbitants, la disponibilité laisse à désirer, et le Tunisien qui veut se lancer dans un projet de mode se retrouve désarmé.

Respecter l’environnement et en faire sa cause
Tout comme le slow digital, la mode upcyclée est une démarche inversée, se plaçant dans une économie circulaire, qui est l’opposée de la linéarité. Au lieu d’une ligne droite menant de l’entrée à la sortie, la circularité conduit à utiliser et réutiliser en gardant les ressources dans un cercle. On parle d’une consommation durable qui considère l’environnement, le cycle de vie du produit, le présent et le futur de la mode.
« Une industrie de la mode circulaire est définie comme un système régénératif dans lequel les vêtements circulent aussi longtemps que leur valeur maximale est conservée ». Ensuite, ils retournent en toute sécurité dans la biosphère lorsqu’ils ne sont plus utilisés. » Malak Hachana, présidente de l’association Pontalent et directrice artistique du projet, assure qu’en termes de mode, la Tunisie est un secteur employeur qui a du potentiel. Sauf qu’elle ne convient qu’aux standards de la surconsommation.

« L’upcycling suit le mouvement de la slow fashion, dont la priorité est de préserver l’environnement », a-t-elleprécisé.
C’est que tout déchet doit être transformé. Et les déchets de cette édition seront confiés à une marque de maroquinerie tunisienne, qui aura pour mission de les utiliser et en fabriquer des chaussures en cohérence avec la collection.

D’autres projets en cours
L’économie créative en Tunisie compte s’étendre. Le projet Moodha Okhra s’ouvrira prochainement, et ce, à partir du début de l’année prochaine sur d’autres régions de la Tunisie.
« Notre objectif est de sensibiliser les gens sur la mode économique et durable, qui peut changer la donne et créer de nouveaux emplois dans le secteur », a assuré Mayssa Ben Fradj, chargée du programme de sensibilisation de Moodha Okhra.
