AccueilLa UNELa permaculture, antidote de la sécheresse  et alliée de la nature 

La permaculture, antidote de la sécheresse  et alliée de la nature 

Alors que les défis s’agglomèrent et que la sécurité alimentaire de la Tunisie est sérieusement mise à mal, à la suite surtout du conflit russo-ukrainien, l’impérieuse nécessité de fait sentir de  considérer autrement  l’agriculture en Tunisie,  voire même la réinventer. La seule et unique qui s’offre au pays à l’heure actuelle est la permaculture,  ce mode d’agriculture écologique qui fait, d’ailleurs ,  de plus en plus d’adeptes dans le monde entier

Au demeurant,  nombreux sont ceux qui espèrent que ce type d’agriculture aidera la Tunisie à faire face aux conséquences du changement climatique et à se défaire de sa dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment des importations de céréales et d’engrais en provenance de l’Ukraine et de la Russie, déchirées par la guerre.

Dans sa ville natale de Cap Negro, à l’ouest du pays,  un trentenaire , Sabeur Eouani, Souani, compte parmi ceux qui ont ouvert la voie  à cet effet, avec  une  exploitation  de trois hectares, conçue pour imiter les écosystèmes naturels, conformément aux idées popularisées dans les années 1970 par les écologistes australiens.

La permaculture, alternative à l’agriculture industrielle, vise à travailler en harmonie avec l’environnement, à conserver intactes les structures du sol et à se passer d’intrants artificiels tels que les engrais chimiques ou les pesticides.

« Non, ce ne sont pas des mauvaises herbes », affirme  de  diplômé en biotechnologie,  cité par le Daily Mail, en montrant les orties et les pissenlits qui poussent à l’état sauvage tout autour de ses rangées d’oignons, de poivrons et de radis.

Lorsqu’il récolte ses légumes, il remet l’excédent de matière verte sur le sol pour ralentir l’évaporation, en espérant que le sol reste aussi humide qu’un sol de forêt couvert de feuilles mortes.

 Créer un sol vivant

Ces méthodes sont particulièrement utiles en Tunisie, où une sécheresse sans précédent a desséché la campagne et laissé les réservoirs d’eau à des niveaux dangereusement bas ce printemps.

Ce permaculteur en herbe  recueille, dans sa ferme,  l’eau de pluie précieuse dans un étang et n’arrose qu’avec parcimonie ses plantes, qui sont toutes issues de ses propres semences. IL élève également des vaches, des moutons, des chèvres et des poulets et composte leurs excréments pour créer un sol enrichi d’un engrais naturel riche en azote.

« Nous devons créer un sol vivant, attirer les vers de terre, les champignons et tous les éléments nutritifs pour nos plantes et nos arbres », explique –t-il,  précisant que la permaculture s’inspire des méthodes agricoles et des sagesses des siècles passés – « un retour aux sources, aux méthodes traditionnelles utilisées par nos grands-parents ».

Il dit  gagner environ 300 dinars  par mois en vendant des produits agricoles, et il lui en reste suffisamment pour que lui, son frère et leurs parents âgés puissent subvenir à leurs besoins.

D’ici deux ou trois ans, il espère gagner « un revenu décent » et transformer sa ferme, baptisée « Om Hnia » en l’honneur de sa grand-mère décédée, en un restaurant et, à terme, en un gîte rural.

Il a commencé il y a plus de deux ans avec l’aide de l’Association tunisienne de permaculture, qui lui a dispensé  une formation initiale et l’a ensuite soutenu financièrement pour l’achat d’équipements de base.

Le projet « Plantez votre ferme » de l’association vise à créer 50 micro-fermes en cinq ans, dont une trentaine sont déjà opérationnelles, selon sa présidente Rim Mathlouthi.

 Ramener la biodiversité

L’objectif, selon celle-ci, est de « démontrer aux autorités et aux autres agriculteurs que la permaculture est un système agricole rentable et efficace qui permet de rétablir la biodiversité lorsque le sol est appauvri par les labours et les intrants chimiques ».

L’initiative, financée entre autres par la Suisse, couvre même les régions arides de la Tunisie, brûlées par le soleil, et vise à inciter les jeunes sans emploi à cultiver les terres familiales abandonnées.

Elle espère également contribuer à changer un modèle « où l’agriculteur tunisien perd de l’argent parce qu’il dépense constamment, pour un rendement très faible, en semences, en engrais et en pesticides », a-t-elle fait observer.

La permaculture vise également à aider la Tunisie à s’adapter à la sécheresse qui a durement touché un secteur agricole centré sur le blé, l’orge et d’autres céréales gourmandes en eau.

« Les crises telles que le stress hydrique ou la guerre en Ukraine sont des occasions de promouvoir des solutions telles que l’agroécologie et la permaculture », souligne-t-elle.

Pour aider les nouveaux éco-agriculteurs tunisiens à vendre leurs produits biologiques et à faire connaître la permaculture, l’association a encouragé les marchés de producteurs et créé un label « alimentation citoyenne ».

Des familles se sont rendues en masse à un récent atelier organisé dans une école de la ville de Bizerte, dans le nord du pays, où elles ont appris les techniques de l’agriculture écologique et dégusté leurs savoureux produits.

« Ce sont des produits sains »,  disent-elles  dès lors qu’ « il est important de savoir ce que l’on mange ».

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