La crise migratoire déclenchée en Tunisie voici quelques mois ne peut pas ne pas jeter une ombre sur la célébration, en ce 25 mai, de la journée internationale de l’Afrique, qui a vocation à « sensibiliser à l’histoire de l’Afrique et à façonner le récit et le parcours du continent vers son développement socio-économique et politique, en accord avec la vision d’une « Afrique que nous voulons ». Il s’agit aussi de favoriser le rapprochement entre les peuples africains de toutes les régions du continent et à contribuer au renforcement des liens sociaux.
Par le biais de diverses initiatives artistiques, sportives culturelles et scientifiques basées sur des principes de protection des droits de l’homme, de respect, de tolérance et de non-discrimination, l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) rappelle agir en faveur de la promotion d’une intégration inclusive permettant d’accroître une diversité culturelle enrichissante au niveau des communautés.
Paola Paci, cheffe de mission adjointe à l’OIM Tunisie, a, à ce propos, indiqué à African Manager, qu’il est question de sensibiliser aux idéaux panafricains des membres fondateurs de l’OUA et d’éduquer la population à l’histoire de l’Afrique.
L’Agenda 2030 des Nations Unies reconnaît que la migration bien gérée peut contribuer au développement des pays d’origine et de destination. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM) vise à inclure les migrants dans la société et à promouvoir l’inclusion et la cohésion sociale.
A la question de savoir quel rôle revient à l’OIM s’agissant des migrants subsahariens visés par des arrestations et des agressions en février 2023, la plupart des 21 000 Africains présents dans le pays étant en situation irrégulière, et concernant aussi les propos du président Kaïs Saïed sur leur présence, Paci a affirmé que « comme tout pays, il y a toujours des problématiques, et comme dans tout pays, les migrants sont les boucs émissaires de toute problématique. Néanmoins, l’OIM insiste sur le fait que l’immigration, si elle est bien gouvernée, n’est que bénéfique », a-t-elle déclaré.
« La majorité des migrants irréguliers en Tunisie y sont entrés légalement mais ont dépassé les délais de séjour permis », a-t-elle précisé, faisant savoir que sur environ 60 mille migrants en Tunisie, 10 à 15% sont en situation irrégulière.
Partenariat pour garantir les droits des migrants
En outre, elle a indiqué qu’à cet effet, l’OIM œuvre en partenariat avec la Tunisie à garantir les droits des migrants et à assurer leur protection », a-t-elle dit.
Dans ce contexte, Paci a signalé que plusieurs programmes sont mis en œuvre en partenariat avec la Tunisie pour que la migration soit un choix pour les jeunes et non pas une nécessité. Parmi ces programmes, l’intervenante a cité l’école de la seconde chance et la promotion de la formation professionnelle des jeunes.
Par ailleurs, la responsable a souligné que la Tunisie a aussi une diaspora importante à travers le monde et nous œuvrons à encourager les Tunisiens résidents à l’étranger à investir dans leur pays et dans leurs régions d’origine afin de contribuer au développement local et créer de l’emploi « , a-t-elle indiqué.
« En revanche, pour les migrants vivant en Tunisie, nous œuvrons à leur garantir leurs droits tout en les aidant à contribuer au développement du pays d’accueil ».
Selon le rapport sur la migration en Afrique de 2020, 3% de la population africaine vit en dehors de son pays d’origine et environ 21 millions d’Africains vivent dans un autre pays africain. Depuis 2010, la migration interafricaine a augmenté de plus de 43,6% contre 26% pour les migrations Afrique-Europe.