Quelques participants l’ont qualifiée de « bouffée d’oxygène » pour la Tunisie après le malentendu suscité par la question des migrants clandestins africains subsahariens. Il s’agit de la 6ème Conférence internationale sur le financement de l’investissement et du commerce en Afrique, FITA 6, (Financing Investment and Trade in Africa) dont les travaux, s’étalant sur deux jours, ont démarré, mercredi 20 septembre, à Tunis, à l’initiative du Conseil des affaires tuniso-africain, TABC (Tunisian Africain Business Council), avec la participation de délégations officielles des pays africains et 1000 dirigeants d’entreprises économiques et de structures de financement publiques et privées d’Afrique et d’autres continents, Europe et Asie en particulier.
A cet égard, la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Namsia, qui en a donné le coup d’envoi, a consacré une grande partie de son allocution à mettre en évidence l’appartenance africaine de la Tunisie et la communauté du destin qui lie l’ensemble des pays africains. Elle a insisté sur l’importance primordiale de la dimension culturelle dans la pérennisation et la consolidation des rapports de coopération et de solidarité entre les pays africains. « La promotion du partenariat interafricain commande d’axer sur l’authenticité africaine et les dénominateurs communs existant entre les peuples africains », a-t-elle dit.
Le malentendu signalé fait aujourd’hui partie du passé. La Tunisie a été en effet le premier pays à opérer la première transaction commerciale dans le cadre de la Zlecaf (Zone de libre échange continentale africaine), il y a trois mois, sous forme d’exportation d’une cargaison de marchandises au Cameroun, en utilisant le certificat d’origine Zlecaf.
Lors de la séance d’ouverture, le président du TABC, Anis Jaziri, a notamment déclaré : « il est de notre responsabilité de redonner de l’espoir à des millions de jeunes africains en chômage, et qui ont pour seul objectif de rejoindre l’Europe au péril de leur vie, et c’est dans cette optique que nous avons décidé d’intituler cette édition spéciale : l’Afrique face à la crise mondiale et le rôle du secteur privé pour une transformation économique durable et inclusive ».
Il a indiqué que le programme de la Conférence comporte 2000 rencontres d’affaires B to B (entre opérateurs), 7 panels, 7 tables rondes et 60 speakers venus des quatre coins du monde.
L’homme d’affaires tunisien Hédi Ben Abbès, président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise, qui a qualifié l’évènement de « bouffée d’oxygène, a mis l’accent sur les grandes opportunités qui s’offrent aux entreprises économiques tunisiennes en matière d’affaires et d’investissement dans les pays africains, notamment dans le domaine de l’infrastructure, des TIC, et de la formation des cadres. D’autant que les pays africains continuent d’avoir hautement confiance dans les capacités tunisiennes, a-t-il dit.
« L’Afrique est devenue un centre d’intérêt international et il est normal que la Tunisie revendique sa part, a-t-il dit, ajoutant que pour réussir, elle ne doit pas se contenter d’être un simple pays de transit vers les autres pays africains, mais une plateforme à partir de laquelle partent l’investissement et le commerce ».
Il a plaidé pour la multiplication des liaisons directes terrestres, maritimes, et aériennes afin d’aplanir les difficultés de transport avec les pays africains, attirant l’attention, en outre, sur la nécessité de promouvoir les systèmes de paiement bancaires intra africains.
Marchés fermés
Justement, les intervenants dans le premier panel consacré au financement du développement en Afrique, ont attiré l’attention sur les difficultés d’accès au financement sur les marchés mondiaux pour les pays émergents et africains en particulier.
Les marchés financiers mondiaux sont, actuellement, fermés aux pays émergents, comme ce fut toujours le cas lors des crises internationales et des situations d’instabilité du contexte international, ont-ils affirmé.D’où le rôle des banques multilatérales africaines comme la BAD qui ont un accès avantageux à ces marchés.
La ministre des Finances, Sihem Namsia, a, elle aussi, insisté sur le rôle dévolu à la BAD, à l’Institution financière africaine et à la Banque africaine d’import export, AFREXIMBANK , pour le financement du développement et de la création des projets en Afrique.
Une table ronde est consacrée plus spécialement aux opportunités du développement du commerce et de l’investissement entre l’Inde, la Tunisie et l’Afrique, tandis qu’un panel a pour objet les mécanismes de financement des PME en Afrique, parallèlement à une table ronde sur les outils d’analyse des marchés des TIC et un panel sur les infrastructures transfrontalières et les corridors économiques transfrontaliers en Afrique.
Un corridor via la Tunisie et la Libye, à travers la ville libyenne de Misrata, est en cours de réalisation.
Il a été aussi annoncé à cette occasion la création d’un Fonds arabe de 200 millions dollars, sous l’égide de l’Organisation arabe de développement agricole, en vue de financer les opérations liées à la réalisation de la sécurité alimentaire. Le Fonds est géré par une société saoudienne dite Société Sakiet el Khir.
S.B.H