AccueilLa UNEL'ALECA - Les Européens ne nous aiment pas, les Américains nous haïssent,...

L’ALECA – Les Européens ne nous aiment pas, les Américains nous haïssent, les Russes s’en fichent, alors pourquoi tout le monde veut nous courtiser ?

L’Union européenne (UE) et la Tunisie avaient officiellement lancé mardi 13 octobre 2015 des négociations pour un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), qui a été signé en 1995, entre la Tunisie et l’UE. Une démarche présentée par Bruxelles comme une marque de soutien à la démocratie naissante tunisienne, mais qui n’a fait pas l’unanimité en Tunisie.

En effet, d’une part, certains économistes tunisiens désapprouvent toutefois la démarche, estimant que l’ALECA ne présente aucun intérêt pour la partie tunisienne et pourrait même nuire à ses entreprises, mettant en garde contre « une divergence d’intérêts de la Tunisie et l’UE et d’une concurrence déséquilibrée entre les sociétés tunisiennes et européennes » et d’autre part, la société civile, des ONG et des syndicats tunisiens s’opposent également à l’accord, déplorant l’absence de vision sociale dans l’accord « ALECA ».

L’émission « Magazine de l’Économie » diffusée sur les ondes de RTCI, a abordé ce mercredi 24 février 2016, cette question avec son invité, l’universitaire et membre du Think Tank du Cercle Khéréddine, Slim Tlatli.

C’est quoi l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) ?

« L’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), est un accord de libre-échange signé entre différents États et l’Union européenne. Il a été signé en 1995entre la Tunisie et l’UE et approuvé par les deux parlements, tunisien et européen en 1998, puis mis en vigueur la même année. Cet accord porte sur la question du libre-échange, tant sur la réduction des droits de douanes que sur la réduction des barrières non-tarifaires, tant sur les services que les biens industriels ou les matières premières dont celles agricoles. Ainsi il vise à l’intégration du droit communautaire dans ces pays riverains de l’Union dans le but de faciliter les échanges entre les deux territoires », explique Slim Tlatli.

Pourquoi certains économistes tunisiens, la société civile, des ONG et des syndicats tunisiens s’opposent-ils à cet accord ?

Et M. Tlatli de répondre : « En fait, ceux qui critiquent considèrent entre autre que ce premier accord de libre-échange avec l’Union européenne n’a pas été tout à fait un succès et je crois que c’est une évaluation et une analyse erronées.

Effectivement nous avons fait le bilan de cette opération qui a fait ressortir que cet Accord de libre-échange n’avait concerné en 1995 que les produits manufacturiers. Et on avait dit qu’on allait négocier l’accord sur notamment l’agriculture et les services plus tard. D’ailleurs dans le cadre de l’ALECA on en parlera.

Donc la première choses à faire est de savoir quel est le bilan de cet accord de libre-échange, cet accord d’association avec l’UE qui date depuis 21 ans, qui s’est terminé très précisément en 2008, parce que cet accord avait prévu la suppression de tous les droits de douanes sur toutes nos importations de l’UE pour les produits manufacturiers sur une douzaine d’années ; ce qu’on a appelé le démantèlement tarifaire sur 12 ans et on quand on avait négocié cet accord, on avait entre autre mis en place un programme de mise à niveau de l’industrie tunisienne. »

Comment évaluer le bilan de partenariat dans le cadre de cet accord ALECA ?

« Je vous présente le bilan à travers deux ou trois chiffres significatifs. En 1995, on avait moins de cinquante entreprises certifiées ISO 9000, aujourd’hui ce chiffre a grimpé à 1600 entreprises certifiées ISO 9000. On avait un tissu industriel qui employait 300 mille personnes, aujourd’hui, nous parlons du double, c’est-à-dire 600 mille. Il y a également deux autres indicateurs non moins importants. On avait à ce moment-là, environ 800 entreprises en partenariat avec l’Union européenne, aujourd’hui, elles sont plus de 3000 entreprises étrangères ou tuniso-étrangères. Donc l’on peut constater qu’il a un vrai partenariat entre les entreprises tunisiennes et les entreprises européennes.

Je crois que l’indicateur le plus important, c’est qu’on exportait vers l’UE pour 3 Milliards de dinars de produits manufacturiers et pour l’essentiel plus de la moitié était des produits textiles et de la confection, et le chiffre de 2010 a un peu régressé mais on a réussi à exporter pour 21 Milliards de Dinars, soit 7 fois plus, encore mieux, la composition de ces exportations a changé en terme de contenu d’exportation, puisque le secteur textile qui représentait les 50% ne représente plus que 25% de nos exportations vers l’UE et aujourd’hui, la Tunisie est devenue une vraie plateforme d’exportation de composants automobiles. »

Pourtant actuellement nos exportations connaissent aussi beaucoup de problèmes …

Précisément, dit Slim Tlatli, qualitativement il y a un plus et puis il ne faut pas oublier que l’Europe est notre premier partenaire à l’entrée et à la sortie de biens réels et de services et de devises. Il y a quelque chose qui me chagrine quand même c’est que les Européens ne nous aiment pas, les Américains nous haïssent, les Russes s’en fichent, les Chinois on ne sait pas exactement.

Alors pourquoi tout le monde veut nous courtiser ? Et pourquoi un ALECA avec la Tunisie ?

 « En économie, il n’y a que des intérêts. Le choix de la Tunisie pour négocier un ALECA montre une fois de plus l’importance que l’UE donne à la Tunisie, son partenaire privilégié, qui a un rôle dynamisant clé dans le processus d’intégration dans la région méditerranéenne.

Donc ce qui gère nos relations avec l’UE, sont des relations d’intérêt. Si le marché tunisien est certes exigu, la Tunisie a été une plateforme qui a, d’après les études d’impact que nous avons réalisées, la Tunisie a été une plateforme de compétitivité de gain de compétitivité pour l’industrie européennes. Ce marché européen est un marché ouvert où il y a des chinois qui exportent, des turcs qui exportent, des Américains qui exportent. L’Europe a su garder une part de sa compétitivité grâce aux entreprises européennes installées en Tunisie…

La Tunisie est depuis toujours bien intégrée avec un nombre limité de pays européens, à savoir la France, l’Italie et d’une moindre mesure l’Allemagne qui absorbent à elles seules 76% des exportations Tunisiennes. L’ALECA pourrait devenir un vecteur d’une intégration plus profonde et équilibrée de la Tunisie dans un nombre plus important des pays européens. »

Et Slim Tlatli de conclure : « il y a un intérêt mutuel, autant pour la Tunisie que pour l’Europe. Et en vertu de la création de la fameuse Loi 72 par le ministre de Bourguiba, Tijani Chelly, qui avait dit : « au lieu d’exporter de la main-d’œuvre tunisienne vers l’Europe, nous allons importer du travail en Tunisie et mettre en place un cadre juridique pour faciliter la migration des entreprises de confection qui étaient installées en Europe vers la Tunisie fuyant la hausse des prix de la main d’œuvre et qui va permettre de créer de l’emploi en Tunisie. »

 

 

 

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -