En tant que l’un des précurseurs du nouveau projet sur le capital humain de la Banque mondiale , la Tunisie a été l’un des six pays qui ont présenté leur vision du développement du capital humain lors des réunions annuelles de la Banque mondiale qui se sont tenues du 10 au 11 octobre à Bali, en Indonésie.
Cependant, les performances de la Tunisie à ce jour ne sont pas sans défaut, relève le responsable des opérations de BM en Tunisie Antonius Verheijen, dans un blog publié sur le site de la Banque mondial, que « le désir de faire mieux est bel et bien là, reflétant l’esprit de Habib Bourguiba, qui comprenait l’importance d’investir dans le capital humain », insistant sur le fait que « malgré la fragilité persistante de la situation macroéconomique de la Tunisie, l’engagement du gouvernement en faveur du capital humain est un signe positif et pour sa population et pour les investisseurs ».
Il reconnaît que « le programme de développement du capital humain de la Tunisie est vaste et complexe » Il cite trois facteurs , à savoir l’accès limité aux programmes préscolaires (reconnus dans le monde entier comme les programmes les plus importants de la vie d’un enfant et facteur déterminant de son succès dans la vie), un taux d’abandon scolaire élevé, en particulier au niveau secondaire, et de piètres résultats d’apprentissage, tels que mesurés par des tests globaux reconnus sur le plan international.
Dépenses sociales faibles
Il pointe « les dépenses publiques d’assistance sociale toujours faibles par rapport à l’ampleur des subventions destinées à l’énergie et aux produits de base ». Non seulement les groupes les plus vulnérables bénéficient moins de ces programmes de subventions que la classe moyenne et le secteur privé, mais ils représentent en réalité jusqu’à 10% du produit intérieur brut, ce qui laisse peu de place au financement de programmes essentiels permettant aux familles vulnérables d’inscrire leurs enfants dans des programmes préscolaires et garder les adolescents à l’école secondaire.
Le responsable des opérations de la BM pour la Tunisie préconise d’identifier les familles vulnérables, les nouvelles technologies et les méthodes de ciblage avancées permettant de «connaître les pauvres», pour remplacer les subventions générales par un programme d’assistance sociale ciblé permettant de transférer davantage de ressources aux familles vulnérables.
Il s’agit ensuite d’adopter une législation régissant la transition vers un système de ciblage. Il regrette que la loi «Amen» n’ait pas encore été approuvée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais qu’elle le sera u cours de la présente session du Parlement. La loi «Amen» est un excellent outil pour «inscrire» la transformation du système de protection sociale dans un texte juridique, estime-t-il.
Enfin, la mise en œuvre de programmes intégrés visant à améliorer l’accès de tous les segments de la population à des services de base de qualité nécessitera une coordination accrue entre les différents secteurs, tels que les affaires sociales, la santé et l’éducation. L’adoption d’une telle approche multisectorielle intégrée favorisera l’inclusion et contribuera à lutter contre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.
Risque sur l’indice de capital humain
La Tunisie a déjà réalisé des progrès constants vers une « réforme significative et audacieuse » de la protection sociale. Et si la Tunisie veut renforcer le développement de son capital humain, elle devra promouvoir l’inclusion des 900 000 familles vulnérables (estimées) du pays en leur donnant accès à des programmes préscolaires, à un système d’éducation de qualité jusqu’à l’âge de 18 ans, en leur fournissant des soins de santé primaires et une nutrition adéquats. À défaut, il sera difficile pour la Tunisie d’améliorer son indice de capital humain d’ici la prochaine édition, qui sera publiée dans trois ans à Marrakech.
