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Le référendum vu par CNN et le New York Times

Manifestement, les yeux du monde entier sont braqués, en ce lundi 25 juillet 2022, sur le référendum qui se déroule en Tunisie sur la nouvelle Constitution. Les géants de la presse mondiale n’y dérogent point comme c’est le cas de CNN et du très influent New York Times.

Autrefois considérée comme la seule démocratie à avoir émergé des manifestations de masse du Printemps arabe en 2011, la Tunisie vote aujourd’hui sur une nouvelle constitution, souligne CNN, précisant  que les bureaux de vote ont ouvert tôt ce lundi et devraient rester ouverts jusqu’à tard le soir. On ignore quand les résultats seront annoncés, mais beaucoup s’attendent à ce que le vote historique soit adopté, puisqu’il n’y a pas de seuil minimum d’électeurs, indique la chaîne satellitaire internationale CNN.

Elle cite les analystes  qui estiment que « s’il est adopté, le référendum de lundi portera le coup de grâce aux avancées sociales et politiques réalisées par le pays depuis le printemps arabe, l’engageant sur une voie dont il sera difficile de revenir ».

« Nous établirons une nouvelle république qui sera différente de celle que nous avons connue au cours des dix dernières années », a déclaré le président tunisien Kais Saied à la télévision d’État après avoir voté.

Selon les analystes, la nouvelle constitution éliminerait la dernière structure restant des jours de démocratie du pays.

La constitution tunisienne de 2014 était « le couronnement de l’ère démocratique de la Tunisie », a déclaré Monica Marks, professeur de politique du Moyen-Orient à l’université de New York à Abu Dhabi, citée par CNN ajoutant qu’elle représentait le dur labeur accompli lors de la « transition politique post-2011 loin de la dictature. »

Le projet de constitution a alarmé les militants et les défenseurs des droits, qui estiment qu’il limite l’influence du Parlement et consacre essentiellement le règne d’un seul homme.

« Il n’y a pas de séparation significative des pouvoirs », a ajouté  Marks. « Il n’y a pas de contrôle entre les branches du gouvernement et il n’y a pas de responsabilité présidentielle », a-t-elle souligné.

Pour sa part, le New York Times a consacré un long article au référendum  sur la Constitution de la nouvelle République dont il dit qu’elle « étendrait considérablement les pouvoirs d’un président qui, au cours de l’année écoulée, a écarté les autres branches du gouvernement pour gouverner seul ».

« S’il est approuvé, le référendum consacrera les mesures prises par le président Kais Saied depuis exactement un an pour concentrer le pouvoir entre ses mains, affaiblissant le Parlement et les autres contrôles sur le président tout en donnant au chef de l’État l’autorité ultime pour former un gouvernement, nommer les juges et proposer des lois ».

De tels changements, selon les opposants, signeraient la fin du système démocratique que la Tunisie a construit après s’être débarrassée de la dictature il y a dix ans. Saied a déclaré que ces changements étaient nécessaires pour débarrasser le pays de la corruption et mettre fin à la paralysie de son système politique.

Seule parmi les pays balayés par le printemps arabe, la Tunisie a établi une démocratie, même si elle est fragile et souvent dysfonctionnelle. Elle a organisé avec succès trois élections libres et équitables, rédigé une constitution inclusive et respectée, créé des institutions indépendantes et préservé la liberté d’expression et de la presse, rappelle le NYT qui précise que la pays n’a cependant pas réussi à développer les opportunités économiques ou à éliminer la corruption.

La nouvelle constitution préserve la plupart des clauses de la Constitution de 2014 concernant les droits et libertés, mais elle relègue le Parlement au rang de branche secondaire, le président étant seul habilité à nommer le premier ministre, le cabinet et les juges. La capacité du Parlement à retirer sa confiance au gouvernement est affaiblie.

Le  « détachement » des Tunisiens

Et le New York Times de poursuivre : « Il  y a un an, des foules enthousiastes ont envahi Tunis, la capitale, saluant  Saied comme un sauveur et son coup de force comme un remède désespérément nécessaire pour le système politique tunisien corrompu et chancelant. En revanche, en juillet dernier, la plupart des Tunisiens se sont montrés somnolents et détachés, ne prêtant guère attention aux appels de  Saied pour obtenir leur soutien lors du scrutin. La chaleur accablante les a gardés à l’intérieur ; les vacances d’été les ont retenus à la plage ; les préoccupations urgentes concernant les prix élevés et les bas salaires alors que l’économie du pays glisse de plus en plus vers la ruine en ont empêché certains de voter. La réforme politique n’était donc pas une préoccupation majeure, selon les analystes ».

Cependant, même avec une nouvelle constitution, l’impasse sur les réformes de M. Saied, sa légitimité et son incapacité jusqu’à présent à redresser l’économie signifient que la Tunisie risque de rester embourbée dans la crise, d’après  les mêmes  analystes.

« Cela semble être un projet de vanité pour lui, mais quelle sera la suite ? « , a déclaré Gordon Gray, un membre du Center for American Progress qui a été ambassadeur américain en Tunisie de 2009 à 2012. « Quel est le contrat social que Saied propose ? En gros, pas des droits et ni de croissance économique, ce qui n’est pas le plus attrayant. Alors comment les Tunisiens réagissent-ils à cela, voilà la question. »

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