A la clôture de l’année 2008, la Tunisie a fait étalage de son ambition-telle une fringale- d’accéder au « statut avancé ». Statut qui devrait lui revenir de droit dans la foulée de l’accord de partenariat avec l’Union Européenne et suite à une succession de négociations qui s’éternisent depuis bien d’années. Cause de ce délétère retard : la question des droits de l’Homme, bafouée par le régime Ben Ali. Quatre années plus tard, l’ancien président ayant pris la poudre d’escampette, il y a lieu d’esquisser enfin les lignes de cet accord bilatéral Tunisie-Union Européenne. Et c’est au Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères chargé des Affaires européennes, Touhami Abdouli, de claironner l’accession de la Tunisie au statut de partenaire privilégié de l’UE, le 19 novembre 2012.
Une séance de dialogue est donc programmée en présence de Stefan Fule, Commissaire européen à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage. A cet effet, le secrétaire d’Etat souligne que: « la situation sécuritaire du pays n’influe ni sur les investissements extérieurs ni sur ces négociations.» Précisant, par ailleurs, que les appréhensions des investisseurs étrangers sont davantage liées à des questions de législations que de sécurité, « la mise à niveau des législations nationales et leur harmonisation avec les législations européennes facilite la coopération entre les deux partenaires et se reflète positivement dans tous les domaines», dixit Abdouli.
Le « statut privilégié » renferme maintes dispositions à caractère avantageux pour la Tunisie. Il s’agit, en effet, de la mise en place d’une zone de libre-échange sur le modèle des règles régissant l’Espace Economique Européen (l’UE plus la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein), l’accès de la Tunisie aux prestations d’agences européennes spécialisées: Eurojust, Europol, Agence européenne de la sécurité aérienne ou l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanes.
Mais encore, le statut de partenaire privilégié cible la promotion de la coopération entre les deux signataires, dans le domaine de la formation et de la recherche, l’incitation de partenariats engageant les institutions de recherche ainsi que la mise en place d’une série de plateformes technologiques dans lesquelles, les entreprises seront impliquées. Aussi, au travers de la création de commissions mixtes de parlementaires, une implication poussée des entités territoriales, des acteurs économiques et des partenaires sociaux des deux parties prenantes, sera grandement soutenue. Cela est d’autant plus réalisable que les échanges de visites entre les partis politiques seront accentués, ce qui devrait faciliter l’attribution à la Tunisie du statut d’observateur au sein du Conseil d’Europe.
Dans un autre propos, une certaine hypothèse est dépeinte sous des couleurs quelque peu pessimistes. Celle-ci laisse deviner une intention totalement contraire à ce qui est « officiel » et dévoilé au grand jour. En fait, l’accord du statut de partenaire privilégié à la Tunisie ne serait autre que « un nom de baptême » pour ce qui est, en vérité, un renouvellement des relations économiques régies par le plan d’actions de la Politique de voisinage européenne. Cette dernière ayant expirée, en juillet de l’année 2010. En outre, cette hypothèse avancée augurerait la complicité de quelques affiliés influents de la Commission Européenne.
De ce fait, l’attribution du statut avancé à la Tunisie par l’Union Européenne ne toucherait nullement à l’aspect économique.
Par ailleurs, il convient de mettre l’accent sur un point de haute importance : les flux migratoires ne font pas l’objet de partenariat entre les deux parties concernées. La question étant d’une sensibilité grandissante, il est irréfragable qu’elle requière de jure des dispositions, des pourparlers et de négociations, à ne pas en finir.
N.B