AccueilLa UNELe talon d'Achille qui pourrait perdre K. Saïed

Le talon d’Achille qui pourrait perdre K. Saïed

Il avait remporté les élections de 2019 avec 72,71 % des voix, ou 2,8 millions de suffrages. Sa nouvelle Constitution n’avait remporté que le « Oui » de 30,5 % des inscrits. Les taux et les temps sont différents, mais il se maintient.

Toujours aussi « Robocop », et « Ikhchidi » qu’à ses premiers jours à Carthage, il ne se déplace plus en petit cortège, mais désormais entouré d’une dizaine de « grosses caisses » noires blindées, qui ne s’arrêtent plus pour que le désormais chef de tout l’Etat sirote son café, en personne lambda comme avant. Le fait est toujours qu’il se maintient, malgré tous ses ennemis et ses critiques.

Mais on a toujours su qu’en Tunisie, tout ce qui met le pied à l’étrier y reste. Bourguiba y était resté toute sa vie, Ben Ali plus de 23 ans, Caïed Essebssi moins de 5 ans car décédé avant terme, et Marzouki qui était désigné par l’ANC et devait y rester une année y était finalement resté 3 années.

  • – « هذا تقتاقوو مزال فلاقو »

Kais Saïed avait fermé les grilles de l’ARP (21 mois après le début de son premier mandat), probablement jusqu’aux prochaines élections de décembre prochain. Il a installé une cheffe de gouvernement qu’il pourrait reconduire après décembre prochain. Il légifère par décrets-lois, inaccessible à tout quelconque recours, et s’est mis, constitutionnellement au-dessus de toute redevabilité. Et cela ne semble déranger qu’une partie de l’intelligentsia, et certaines autres puissances internationales, qui n’en décident pas moins de soutenir cette nouvelle Tunisie qu’il commande par voie d’ordonnances.

A supposer que tout le monde le soutienne, toutes ses réalisations sont pourtant désormais menacées. Par certaines parties politiques qui les dénigrent, c’est sûr, mais pas que. Dans la Tunisie de Kais Saïed, beaucoup ne sont plus loin de penser que ses détracteurs n’ont pas besoin de le faire, tant le chef de tout l’Etat ne dit rien et ne fait rien, pour trouver de nouvelles solutions aux problèmes du quotidien des Tunisiens. Or, tout le monde le sait, en Tunisie et ailleurs, la crise économique internationale, et celle financière qui le suit comme une ombre et impactent fortement le pays, ne sont pas près de s’arrêter. Les amateurs de dictons tunisiens diront même « هذا تقتاقوو مزال فلاقو », traduisez « le pire est à venir ».

  • Plonger la CNRPS dans plus de difficultés, pour augmenter les retraites

Entretemps, pour l’année 2022, et selon les résultats provisoires de l’exécution du budget de l’État à fin novembre 2022, « la dette publique s’élève à 102,8 Mrds de dinars, en hausse de 10,5% par rapport à 2020 et de 23,4% par rapport à 2019.Mais cela importe peu pour le chef de tout un Etat, où arriver à verser les salaires et les retraites chaque mois, est un exploit. Exploit qui s’explique, entre autres, par une augmentation des difficultés de la CNRPS, pour faire des cotisations patronales (l’Etat), une augmentation salariale déguisée (ar). L’UGTT revient de son côté à la charge, sur les augmentations salariales, pour les fonctionnaires et les privés. Et il ne serait pas exclu que le « magicien de Bab-Bnet » fasse la même chose, même pour la CNSS. « ألي شنعت تكمل ليلتها » pourrait dire le dicton local. Traduisez, en plus politiquement correct de chez Lamartine, « boire le calice (ou la coupe) jusqu’à la lie » 

  • Le FMI, une arme à double tranchant pour la dette extérieure

Pour Kais Saïed, réussir ses échéances politiques, est jusque-là plus important. Pour l’instant, les différentes notations souveraines de la Tunisie lui ferment pratiquement les portes des marchés financiers. Et lorsque le FMI consentira à lui faire de nouveau crédit, l’endettement de la Tunisie n’en sera que plus grand.  

Entretemps aussi, et « au deuxième trimestre de l’année 2022, le nombre des chômeurs est estimé à 626.1 mille, contre 653.2 mille au premier trimestre de la même année. Le taux de chômage ressort à 15.3%, contre 16.1% au premier trimestre. Le repli du taux de chômage est plus marqué pour les hommes (13.1% contre 14.1% au trimestre 1) que pour les femmes (20.5% contre 20.9% au trimestre 1).  

  • Les pénuries s’installent, et le rationnement commence 

Entretemps enfin, « en juillet 2022, les prix à la consommation augmentent de 1% après 0,7% au mois de juin et 0,9% au mois de mai », et « l’inflation confirme sa tendance haussière en augmentant encore une fois pour atteindre le taux de 8,2% après 8,1% en juin, 7,8% en mai et 7,5% en avril ».

Cela, sans oublier que les ressources de l’Etat s’essoufflent, et le rendent chaque jour plus incapable de faire face à certaines importations. La Tunisie de Kais Saïed avait déjà connu des pénuries, de semoule, de sucre, d’huile ménagère compensée, des grèves des boulangers, et les bateaux en rade pour retard de paiement de ce qui est importé. La Tunisie n’en est pas encore au carnet de rationnement, mais c’est déjà le cas pour le café (1,8 g par an et par habitant) qui est compensé en Tunisie. L’importateur, Office du commerce de Tunisie, ne le dit pas encore, mais il semblerait que son incapacité à payer ses fournisseurs soit derrière cette pénurie.

Ce sont tous ces indicateurs d’un appauvrissement rampant de la classe moyenne, auxquels le chef de tout l’Etat ne semble prêter peu ou prou d’attention et ne dessine pas une perspective meilleure, qui perdront un Saïed qui ne sait parler que de complotisme et de lutte contre le « Fassed ».

  • Le message d’un universitaire à sa collègue, cheffe du gouvernement

« Nous aimerions entendre le président de la République parler de croissance, d’inflation, de chômage, de dette, de politique de subventions, de secteurs en difficulté, parler des préoccupations du peuple (…). La constitution on l’a bien compris. Mais les préoccupations des gens sont plus importantes que le temps passé à rédiger les chapitres de la constitution pour donner au président de plus grands pouvoirs ». C’est ce qu’écrivait en substance l’économiste Fethi Nouri sur sa page des réseaux sociaux.

Et manifestement désespéré de Kais Saïed, l’universitaire s’adresse à Nejla Bouden. « Mme la cheffe du gouvernement, pour l’amour de Dieu, parlez avant de terminer votre mission, et que l’histoire vous oublie. N’oubliez pas que vous êtes professeur d’université, votre arme est votre savoir. Vous savez vous adresser aux étudiants et aux chercheurs. Je pense aussi que vous avez participé à des congrès internationaux et que vous savez vous adresser aux conférenciers. SVP chère collègue, personne ne vous en voudra. Nous savons très bien que la situation est difficile et que les problèmes vous ont précédée ». L’entendront-ils enfin, ou se laisseront-il encore bercer par le rêve que la politique politicienne de long-terme finirait par résoudre des problèmes de court-terme et d’une urgence vitale pour les deux chefs ?

Beaucoup ont été obligés de vivre dans le passé, mais gardent espoir de vivre mieux. Beaucoup d’autres ont fondé leurs espoirs sur l’avenir de ce qu’ils vivent, et auquel ils croient pour changer leur présent. Les décevront-ils par leur perçue inertie muette pour l’une, et autisme économique après l’autisme politique ? 

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