AccueilLa UNELe Tunisien et le pain ou comment manger son blé en herbe!

Le Tunisien et le pain ou comment manger son blé en herbe!

Un des revers majeurs de la politique agricole suivie en Tunisie depuis des décennies loge dans l’imprévoyance de ses décideurs qui ont mis en jachère  des terres entières  à vocation céréalière  soit pour les laisser en friche, soit pour en destiner une partie  à des cultures censément  plus rentables  au détriment  de la sécurité alimentaire.

La guerre russo-ukrainienne  est venue à point  nommé pour faire prendre conscience  de ce paradigme longtemps  négligé auxquels  pratiquement tous les gouvernements tunisiens ont tourné le dos en optant pour des solutions de facilité , comme l’importation des céréales , généralement à bon marché du côté des pays riverains de la Mer noire , avec comme corollaire  un pain dont une bonne partie  va en poubelle ou à des fins d’alimentation animale.   A telle enseigne  que « bien que la Tunisie soit le premier pays consommateur de pain dans le monde, elle ne produit qu’une baguette sur cinq à partir de son blé récolté localement »,  comme  l’a fait  remarquer l’expert en marchés céréaliers et sécurité alimentaire,  Slim Boussabeh,

Dans une déclaration à l’agence TAP, en marge de sa participation à une table ronde organisée à Tunis sur « les répercussions de la pandémie COVID-19 et du conflit entre la Russie et l’Ukraine sur les rapports tuniso-européens »,  il a  indiqué que la Tunisie importe plus de 80% de ses besoins en blé tendre et parfois plus de 50% de ses besoins en blé dur.

« Depuis 2005, la Tunisie consomme plus de blé tendre que de blé dur alors qu’elle pourrait réaliser son autosuffisance en blé dur et ne pas dépendre de l’envol des prix du blé tendre au niveau international notamment suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Des importations massives

S’exprimant à cette occasion, Khemaies Jhinaoui, ancien ministre des Affaires étrangères a souligné que la Tunisie a importé 3,7 millions de tonnes de céréales, pendant l’exercice commercial 2021-2022, dont la moitié provient de l’Ukraine et de la Russie. « 47% de nos besoins en céréales sont importés de l’Ukraine et 4% de la Russie », a-t-il dit  ajoutant que les balances commerciales de la Tunisie avec ces deux pays sont déficitaires.

Jhinaoui a estimé que la crise russo-ukrainienne aura également des répercussions négatives sur la balance énergétique expliquant que chaque dollar supplémentaire au prix du baril de pétrole c’est l’équivalent de 140 millions de dinars tunisiens que l’Etat doit trouver pour financer la caisse de compensation au profit du consommateur dont le pouvoir d’achat est détérioré.

Il a, en outre, ajouté que le pays est confronté à une crise aigüe au niveau des finances publiques, rappelant que la Tunisie poursuit actuellement ses pourparlers avec le Fonds monétaire international pour conclure un nouvel accord lui permettant d’avoir accès à des prêts de 12,6 milliards de dinars.

« Afin de remplir les conditions fixées par le FMI, le pays devrait s’engager à geler les salaires, dégraisser la fonction publique et lever progressivement les subventions notamment pour les produits alimentaires et pétroliers », a-t-il dit, appelant l’UE (Union Européenne) à poursuivre son engagement en faveur de la Tunisie pour l’aider à sortir de la crise économique et financière. Pour Jhinaoui, les marchés russe et ukrainien sont aussi d’une grande importance pour la relance du tourisme en Tunisie, un secteur pratiquement dévasté depuis 2011.

« En effet, en raison de la guerre entre les deux pays, la Tunisie perdrait environ 700 mille touristes», a-t-il indiqué rappelant qu’en 2019, 630 mille touristes russes et 40 mille touristes ukrainiens ont visité notre pays ».

Organisée à l’initiative du forum d’échanges tuniso-européens à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’Europe, la table ronde a pour objectif d’alerter l’Europe sur l’importance d’appuyer la Tunisie dans cette période de crise afin de garantir la stabilité dans la région, selon Riadh Jaidane, président du forum. « L’Europe doit encourager l’investissement en Tunisie et l’aider à trouver des solutions adaptées à sa crise économique et financière et ce, dans l’intérêt des deux parties », a-t-il dit.

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