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L’effet Hamdi Meddeb?

La crise du lait, ses tenants et aboutissants, ses causes et ses responsables, étant ce qu’ils sont, force est de remarquer que la dernière visite (vraiment inopinée cette fois, Hamdi Meddeb et son équipe tenant  une réunion de Staff à Tunis en dehors de l’usine), du chef de tout l’Etat à l’usine du groupe « Délice » à Soliman, a été totalement différente de ce que Kais Saïed faisait jusque-là. Et on pense ici, pour le Benchmark, à sa visite, tonitruante, vociférante et toute en menaces et imprécations, à l’usine de rond à béton Bir Mcherga, ou même à celle du marché parallèle d’Aousja.

On n’a pas l’habitude de l’encenser, et on avait même des appréhensions au souvenir de ses antécédents, mais la visite présidentielle de mardi dernier était différente et il fallait aussi le faire noter et le mettre en valeur.

  • Une visite, inopinée certes, mais bien appréciée par H. Meddeb et son équipe

Différente, car plus sereine, et nettement moins tendue sur le ton et les propos tenus, tant en l’absence de Hamdi Meddeb et son fils Ahmed qui s’occupe du volet distribution (Socoges), qu’en leur présence, ainsi que celle de Boubaker Mehri, DG de la Holding.

Lundi 5 décembre 2022 à Soliman, c’est un chef de tout l’Etat, plus calme, empreint d’une saine curiosité, comme pour connaître la différence entre lait entier et demi-écrémé, et nullement accusateur, même s’il ciblait mieux les causes de la crise en pointant du doigt les circuits de distribution.

Une visite, on croirait presque d’un autre président, où on l’entendait même tenir un autre discours, celui d’un chef d’Etat qui posait enfin le doigt sur la véritable plaie, en indiquant en substance que la solution de la crise passe par l’augmentation de la production. Et même lorsqu’il rencontrait plus tard les dirigeants de l’entreprise en aparté dans leurs locaux, Kais Saïed donnait la nette impression, en évitant de discuter des détails de la crise qu’il semblait maîtriser, d’être là juste pour encourager l’industriel Meddeb à produire plus pour résorber la crise.

Ceci d’ailleurs sera chose faite, le groupe ayant décidé, suite à cette visite et en accord avec les services du ministère du Commerce, d’écouler une partie du stock technique, et d’accélérer le rythme de la production.

Dans l’entreprise, les opérationnels présents semblaient en effet surpris par la visite, mais Hamdi Meddeb ne semblait pas, selon nos informations, beaucoup l’appréhender, l’ayant  plutôt appréciée et beaucoup plus le discours, rassurant et réconfortant du chef de l’Etat, à cette occasion pour les entrepreneurs en général.

Serait-ce enfin la révolution copernicienne du chef de tout l’Etat vis-à-vis des simples chefs d’entreprise et autres hommes d’affaires qui se sentent de plus en plus visés  par une véritable cabale présidentielle, ainsi que de la situation économique du pays avec un président qui comprend mieux les effets de la crise internationale, et leur rend visite pour les encourager, et non plus pour les harceler ? Serait-ce l’effet Hamdi Meddeb et les souvenirs de jeunesse partagés au cours de cette visite, ou encore l’effet de l’environnement, clean, ordonné.

Meddeb, détendu et tout en sourire, signe d’un courant qui passait parfaitement entre les deux hommes (Les deux « présidents », diront d’autres pour l’anecdote), et qui n’a pas oublié de défendre les éleveurs et leur droit à une augmentation des prix, en profite d’ailleurs pour inviter Kais Saïed à rendre visite à l’usine du groupe, l’un des rares investissements privés tunisiens faits dans la région en défi du ressenti de la conjoncture, installée dans la région Kasserine.

  • Prometteuse pour le secteur, l’inopinée a beaucoup rendu service à l’image de Saïed

La Centrale Laitière du Cap-Bon est le vaisseau amiral du groupe Délice, produit 800 mille litres de lait par jour. Une production, en baisse de 20 % par rapport à décembre 2021. Le management de l’entreprise explique ce dégraissage par la baisse de l’offre en lait cru des éleveurs. Une diminution qui s’explique, de son côté, par la hausse des prix des aliments pour bétail qui a impacté le cheptel bovin, et sa productivité car l’éleveur sous-alimente son bétail ou en vend pour continuer à vivre, nous explique le management de l’entreprise. Les coûts de production, nous dit-on encore, sont déterminés par celui des aliments, dans un système où 60 % de la production laitière se fait en hors-sol et le  bétail  est  nourri par des aliments concentrés, du soja et du maïs, qui sont importés. Les prix internationaux ayant augmenté et continuant leur flambée , le coût supporté par l’éleveur aussi qui réclame une augmentation du prix de vente que les autorités tunisiennes refusent pour ne pas avoir, soit à compenser encore plus le lait ou à en augmenter les prix à la consommation.

Et le management de la CLC, visitée inopinément par le chef de tout l’Etat, de se faire le porte-parole et l’avocat de la cause des éleveurs, en nous précisant que pour que ces derniers puissent vivre décemment de leur production, il faudrait que le prix du kilo d’aliment ne dépasse les 1,2 DT, alors qu’il est acheté actuellement à plus de 1,5 DT, ce qui exigerait un prix de vente à 1,8 DT le litre de lait cru, alors qu’il le vend actuellement à 1,340 DT après la dernière augmentation de 0,2 DT. Et c’est ainsi un prix de vente du producteur de lait cru en dessous même de son prix de revient. D’où le dilemme, dans une quadrature du cercle, que semble avoir enfin compris le chef de tout l’Etat tunisien, qui ne pouvait, devant Hamdi Meddeb, que demander que les industriels diminuent leurs marges. Or, une telle décision, celle de baisser les marges,  est tout aussi problématique pour des industriels qui sont des sources d’emplois et des vecteurs d’investissement, qui dépendent étroitement de la marge bénéficiaire.

Et on espère que la visite du chef de tout l’Etat à la CLC lui a permis de comprendre la problématique du lait, même si personne ne peut y nier la responsabilité de certains circuits de distribution que fustige aussi le management du groupe Délice. Une visite en tout cas, cette fois bien organisée, qui s’est bien déroulée, et bien ressentie par toutes les parties prenantes !

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4 Commentaires

  1. Nous somme arrivée, malheureusement, à une situation où la presse valorise amplement une visite du président de la république en espérant qu’il comprenne la problématique du secteur !!!
    العزوزة هاززها الواد وهي تقول العام صابة !!!

  2. C’est le travail du gouvernement qui devrait réfléchir sur la problématique de tout le secteur laitier et agir en conséquence tout en prévoyant des campagne d’information et de sensibilisation des citoyens sur les augmentations des prix internationaux des aliments de bétail et leur incidence sur le coût de production du lait. Bouden devrait expliquer à KS les cause de la crise du secteur du lait et dérivées ainsi que les propositions à appliquer pour le sauver. Le ministre de l’agriculture, celui du commerce et celui de l’industrie sont absents, faut-ils les remplacer par des jeunes dynamiques intelligents et engagés ? Il ne faut pas avoir peur du changement de politique, l’essentiel c’est de bien choisir les compétences nationales en matière de responsabilité e de ne pas se tromper dans la sélection des jeunes recrus pour les différents portefeuille ministériel. Il faut aussi consulter les anciens ministres d’avant 2011 pour des conseils et qui ont fait leur preuve.

  3. Une analyse SWOT qui determine les forces les faiblesses les opportunités et les menaces est généralement appliquée aux entreprises qu’il faut appliquer aux éleveurs de vaches laitière mais aussi à l’ensemble de l’Etat

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