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L’épreuve de la pluie

La sécheresse des quatre dernières années n’aurait-elle été qu’un bouc émissaire sur le dos duquel auraient été rejetées toutes les difficultés ayant mis la prestigieuse agriculture tunisienne à rude épreuve? Nombreux sont ceux qui sont de cet avis, en attendant ce que sera la suite, cette année, après les dernières pluies bénéfiques.

Pour plusieurs  anciens peuples, l’épreuve de l’eau pour dénoncer le mensonge était infaillible.

Des chiffres récents publiés par l’Agence de promotion des investissements agricoles, ont montré, en effet, une frilosité remarquable chez les investisseurs agricoles, au cours de la période écoulée.

Selon l’APIA, les investissements agricoles approuvés ont baissé de 29,5%, à hauteur de 383,5 MD au cours des onze premiers mois de l’année 2023 par rapport à la même période de 2022.

Les investissements agricoles privés approuvés ont diminué de 21% en comparaison avec le plan de développement 2016-2020. Ils se répartissent à raison de 244,5 MD pour le secteur de l’agriculture, 60,3 MD pour le secteur des services agricoles, 44,4 MD pour le secteur de la pêche, 31,3 MD pour le secteur de la première transformation et 3 MD pour l’aquaculture. Sept opérations d’investissement avec une participation étrangère ont été approuvées pour une valeur de 12,5 MD, contre trois opérations pour une valeur de 4,6 MD au cours de la même période en 2022. Les investissements agréés au profit des jeunes se sont élevés à 42,1 MD contre 55,8 MD en 2022. Des investissements de l’ordre de 28,3 MD ont été agréés au profit de femmes contre 25,9 MD en 2022.

Les aléas climatiques sont un fait incontestable. Toutefois,  agriculteurs, analystes  et  responsables des structures d’encadrement agricole dont notamment l’UTAP et le Syndicat national des  agriculteurs, ont dénoncé, sans cesse, les effets plus incisifs du climat des affaires conjugués à l’incurie ayant marqué, à tous les plans, l’action gouvernementale durant ce qui est désormais appelé « la décennie noire ».

Ainsi, le décret gouvernemental numéro 2605 en date du 29 décembre 2015 a exempté l’importation des fourrages des taxes douanières, tout en soumettant la vente des fourrages à la TVA à hauteur de 19%, c’est-à-dire qu’il a favorisé les importateurs, en lésant les agriculteurs puisque la TVA est une taxe de consommation supportée par les consommateurs, et dans le cas de figure, les agriculteurs.

Priorités mal respectées

La situation s’est-elle améliorée ? La question vaut d’être posée à en juger par les appréciations des agriculteurs et des responsables des structures d’encadrement agricole..

Dans des déclarations, mardi 19 décembre, à une radio locale,  à l’apogée des précipitations bénéfiques sur le pays, le membre du bureau exécutif de l’UTAP, chargé des céréalicultures, Mohamed Réjaibia, a révélé que 10% seulement des demandes de prêts agricoles ont été satisfaites tandis que les intrants agricoles restent difficiles d’accès. Or, la Tunisie produit certains de ces intrants, tandis qu’une banque publique est consacrée spécialement à l’accompagnement du secteur agricole et des agriculteurs.

La loi de finances pour 2024 a comporté des mesures en faveur des agriculteurs et des céréaliculteurs plus spécialement, à travers les articles 20 et 21.

Ce dernier article notamment annule les dispositions du décret gouvernemental de 2015 cité plus haut, en ce qui concerne l’application de la TVA sur les fourrages, alors que l’article 20 destiné en principe à faciliter l’accès des agriculteurs au financement bancaire est bon mais au vu des besoins dans ce domaine reconnus  d’ailleurs par l’exposé des motifs dudit article, il est insuffisant pour y répondre.

Par contre, la même loi de finances a cherché davantage à améliorer les moyens d’intervention du Fonds de promotion de l’huile d’olive conditionnée et des revenus du Fonds de financement de la pause biologique dans le secteur de la pêche. C’est très bien, ont dit des analystes, mais, dans le contexte tunisien actuel, ces options sont-elles si urgentes et si prioritaires, par rapport aux priorités et urgences des secteurs de la céréaliculture et de l’élevage.

La pénurie de farine, de lait et de beurre milite plutôt en faveur des deux derniers secteurs.

S.B.H

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