L’aide au développement et au bien –être social et la coopération militaire, a constamment été les deux axes majeurs des relations entre la Tunisie et les Etats-Unis. Ce continuum si célébré de part et d’autre, de longues décennies durant, semble sur le point- si ce n’est déjà en train de se faire- d’arriver à son terme, ave c l’avènement du binôme Donald Trump-Elon Musk, et la part belle faite aux dogmes et à la praxis dans lesquels ils se reconnaissent.
Si pour l’aide au développement, les temps sont venus pour faire une croix dessus, avec le démantèlement effectif et accéléré de l’USAID, il en sera autrement pour la coopération militaire qui semble devoir aller son chemin, partout où elle avait jusqu’ici vocation à être menée, la Tunisie conservant son statut d’allié majeur non-membre de l’OTAN.
La démonstration vient d’en être faite par la Force opérationnelle sud-européenne de l’armée américaine, Afrique (SETAF-AF), qui a récemment poursuivi sa collaboration de longue date avec les équipes EOD ( Neutralisation de engins explosifs ) des forces armées tunisiennes (TuAF), en invitant cette fois les techniciens EOD des Forces armées du Sénégal (FAS) en Tunisie pour un échange trilatéral. Cet entraînement a mis l’accent sur l’interopérabilité, le partage des connaissances et la préparation de futures missions conjointes, notamment l’exercice African Lion 2025 (AL25) prévu en avril. « Cet échange ne se limitait pas à perfectionner les compétences techniques », a déclaré le major Ian Bloomsburg de l’armée américaine, directeur adjoint de la cellule de fusion C-IED de la SETAF-AF. « Il s’agissait de renforcer la confiance et les liens entre trois équipes EOD compétentes et engagées », précise le Département médias des forces armées américaines DVIDS.
Un partenariat reposant sur des années d’engagement
Les techniciens tunisiens ont participé à de nombreux événements de formation basés aux États-Unis, notamment le Raven’s Challenge à Camp Williams, dans l’Utah, et le concours « Équipe EOD de l’année » du 52e Groupe d’artillerie à Fort Campbell, dans le Kentucky. Ces expériences offrent un aperçu précieux des tactiques EOD avancées et permettent aux équipes tunisiennes de se mesurer aux meilleures équipes mondiales.
L’intégration de techniciens EOD sénégalais marque une avancée significative. L’inclusion d’une troisième force partenaire favorise la coopération régionale et garantit que les solutions africaines aux menaces explosives restent à l’avant-garde.
Le Sénégal et la Tunisie accueilleront l’AL25, démontrant ainsi l’engagement de chaque pays à promouvoir la paix par la force militaire.
« Nous sommes toujours à la recherche de champions de la neutralisation des explosifs et munitions (NEM) au sein des forces partenaires, des personnes capables de mettre à profit leurs connaissances et de continuer à renforcer les capacités au sein de leurs propres rangs », a déclaré le sergent-chef Beau Martindale de l’armée américaine, responsable du programme de lutte antimines humanitaire (HMA) de la SETAF-AF.
Lors de cet échange, les participants se sont entraînés aux tâches essentielles de la NEM, de l’identification et de la neutralisation des munitions non explosées (UXO) à la neutralisation en toute sécurité des engins explosifs improvisés (EEI). Chaque pays a apporté son expertise et son point de vue, rendant la formation mutuellement bénéfique.
« Il ne s’agit pas seulement d’une intervention des forces américaines pour former », a déclaré Martindale. « Il s’agit d’un véritable échange : nos partenaires apportent une expérience concrète qui enrichit notre approche commune de la mission NEM. »
Renforcement de la sécurité régionale
La collaboration en Tunisie n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’engagement de la SETAF-AF à collaborer avec ses partenaires africains pour réduire la menace des explosifs. Le prochain exercice AL25 offrira à ces équipes une nouvelle occasion d’opérer ensemble dans un environnement multinational plus vaste, affinant ainsi leur capacité à répondre aux menaces réelles.
« Cet échange ne se limite pas à l’amélioration des compétences techniques », a déclaré Bloomsburg. « Il a permis de montrer à la Direction du génie sénégalaise comment d’autres pays africains ont développé leurs capacités de formation en matière de neutralisation des explosifs et munitions ; c’est-à-dire de leur donner un exemple non américain à suivre.»
Alors que la SETAF-AF, la Tunisie et le Sénégal continuent de renforcer ensemble leurs capacités en matière de neutralisation des explosifs et munitions, l’impact s’étend au-delà du champ de bataille : il garantit des communautés plus sûres et une sécurité régionale renforcée pour les années à venir.