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Les banques tunisiennes fortement critiquées

Le consommateur tunisien se plaint beaucoup des banques, en dit très peu de bien, et font parfois même l’objet d’une cabale médiatique et politique. De leur côté, les banques en Tunisie sont cartellisées à travers le CBF qui ressemble à s’y méprendre à une structure d’entente des prix, et ne bougent pas le petit doigt pour essayer d’améliorer leur image par une meilleure communication, institutionnelle et groupée.

Les critiques viennent cette fois de l’extérieur, certes modérées, mais réelles. L’OCDE vient de publier une étude de marché sur « la concurrence dans le secteur de la banque de détail en Tunisie ». Et ce qu’on y trouve est, à plus d’un titre, indicatif de l’état des lieux du secteur bancaire local.

  • 80 % des bancarisés ne comparent pas les frais et cela affaiblit leur pouvoir de négociation

L’étude de l’OCDE commence d’abord par constater que 64 % des consommateurs tunisiens n’ont pas de compte courant personne, et cela « affaiblit les incitations des banques à se livrer concurrence », d’autant que 80 % des Tunisiens ne se donnent pas la peine de comparer les frais d’ouverture entre banques avant d’ouvrir un compte courant. « Les enquêtes menées ont révélé que 4 consommateurs sur 5 et 2 petites entreprises sur 3 n’avaient pas comparé les frais lors de l’ouverture d’un compte. 2 consommateurs sur 3 ne savaient pas combien ils payaient de frais. Seuls 3 % des consommateurs et 4 % des petites entreprises ont changé de fournisseur de compte courant au cours de l’année précédente, et ils ont tendance à rester fidèles à leur fournisseur pendant de longues périodes ». Bancarisés privés et PME se plaignent pourtant toujours des conditions bancaires.

Les enquêtés par l’OCDE expliquent leur peu de souci du benchmark, en prétendant « qu’il est coûteux de rassembler, de comprendre et d’agir sur les informations relatives aux produits financiers », même si les banques ne facilitent pas non plus l’accès à ces informations.

Mais ce qui est plus grave, comme le constate l’OCDE qui ne va pas jusqu’à évoquer la cartellisation, c’est que « les banques créent des barrières monétaires et non monétaires à la fermeture des comptes qui réduisent en fin de compte la mobilité et la capacité des clients à changer de fournisseur, sapant la pression concurrentielle sur les banques pour qu’elles baissent les prix et améliorent les niveaux de service ».

  • Les banques ne prêtent qu’aux riches ?

« Les petites entreprises tunisiennes ont du mal à accéder au financement », constate l’étude qui confirme les plaintes des PME. Elle estime que le principal obstacle reste « l’absence d’un bureau privé d’information sur le crédit [qui] réduit les informations dont disposent les banques pour évaluer les profils de risque des nouveaux emprunteurs ». Mais la même étude leur trouve l’excuse  et ce dans « le plafonnement des taux d’intérêt débiteurs qui réduit encore la capacité des banques à évaluer et à tarifier le risque de crédit avec précision, ce qui peut les amener à recourir de manière disproportionnée aux garanties ». Des garanties, pour lesquelles elles ne sont pourtant point obligées, malgré la mise au cachot de nombre de DG de banques qui ne l’auraient pas demandé. Et ce serait « la longueur des procédures judiciaires pour obtenir la propriété des garanties en cas de défaillance de l’emprunteur et l’absence de registre des actifs mobiliers augmentent encore l’aversion des banques pour le risque ».

Les parties prenantes tunisiennes interrogées par l’OCDE sont conscientes et le disent, que « les banques favorisent les emprunteurs avec lesquels elles entretiennent des relations d’affaires ». L’OCDE révèle qu’en 2019, « 5 groupes industriels contrôlaient plus de 60 % du chiffre d’affaires des entreprises privées les plus importantes du pays. Ces cinq groupes ont également des liens directs avec les banques. Et cela peut potentiellement réduire l’accès au crédit pour les entreprises qui ne sont pas liées à ces groupes ». 

  • La réglementation dissuade les nouvelles entrées dans le secteur de la banque de détail

L’étude de l’ODCE estime que « plusieurs dispositions juridiques créent des obstacles inutiles à l’entrée des prestataires de services de paiement et entravent la concurrence » et que « les dispositions ad hoc et la longueur des procédures réduisent la transparence et augmentent les coûts pour les candidats potentiels ». Selon la même étude, « dans la pratique, le processus d’octroi de licences a favorisé les affiliés des groupes bancaires existants et exclu l’essentiel des sociétés fintech (…). La réglementation en Tunisie dissuade les nouvelles entreprises d’entrer dans le secteur de la banque de détail et réduit la capacité des nombreux individus non bancarisés du pays à accéder aux services de paiement ».

  • Le système réglementaire étouffe la concurrence 

Evoquant les principaux facteurs qui affaiblissent la concurrence, le rapport de l’OCDE évoque « un certain nombre de dispositions légales et de pratiques de marché, ainsi que les structures de propriété des banques, qui peuvent faciliter le partage d’informations commercialement sensibles et le suivi des stratégies de prix, augmentant ainsi le risque d’un comportement coordonné ». Ledit rapport n’était pas loin de parler d’entente !

Et l’OCDE qui n’épargne pas les banques publiques, qui sont « généralement moins incitées que les autres à améliorer leur efficacité et à innover », ajoute dans son rapport  que « la concurrence et le choix des fournisseurs sont restreints par l’adoption limitée des services bancaires en ligne et le rôle des réseaux d’agences ». Et dire que toute la place bancaire fait de la numérisation et des services en lignes ses choux gras.

  • Réformer le CBF et encourager le Conseil de la Concurrence à s’occuper des banques

En bref, le verdict de l’OCDE est que les banques tunisiennes travaillent dans un marché « compatible avec une faible concurrence », où « les frais et les revenus des comptes courants, ainsi que la rentabilité globale des banques ont augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie, et l’innovation dans le secteur financier est faible, comme le montre le très faible taux d’adoption des paiements mobiles, par exemple ».

En principales recommandations, que les professionnels n’entendront pas, L’OCDE recommande de « réformer le CBF » (et nous conseillons d’en améliorer l’accessibilité au site internet que des antivirus classent comme dangereux), à « renforcer le Conseil de la concurrence en matière bancaire, et à renforcer l’indépendance des membres des CA des banques ».

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1 COMMENTAIRE

  1. Le taux de crédit en Tunisie est exagérément très très élevé à comparaison avec les banques françaises ce qui freine l’investissement de portefeuille modéré.

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