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Les bonnes perspectives économiques de la Tunisie actées par la Banque mondiale

La Banque mondiale vient de délivrer de l’économie de la Tunisie un bilan de santé inédit depuis 2011 en termes de croissance, d’inflation, de déficits et d’endettement, un composé d’indicateurs dont l’amélioration est perceptible depuis l’année dernière.

La croissance devrait atteindre une moyenne de 3% en 2019-2020 pour y ajouter un autre point à moyen terme, soit à 4 pour cent , sous réserve de l’achèvement des réformes urgentes visant à améliorer le climat des investissements et à renforcer la sécurité et la stabilité sociale. Dans une note publiée, début avril, La BM explique que cette croissance sera soutenue par le développement des secteurs de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et du tourisme ainsi que par la mise en exploitation du gisement de gaz de Nawara à partir de la mi-2019. La pauvreté devrait osciller entre 3% en utilisant le seuil de 3,2 U $ par jour en parité de pouvoir d’achat (PPP) et moins de 1% en utilisant le seuil de pauvreté extrême.

L’inflation devrait s’inscrire dans une courbe légèrement baissière à moyen terme, la politique monétaire étant encore resserrée afin de limiter les pressions inflationnistes liées à la dépréciation du dinar et à la dynamique des salaires.

Les déficits budgétaire et courant de 2019 devraient diminuer pour s’établir à 3,6 et 10% du PIB, respectivement, sous l’effet du durcissement de la politique monétaire, d’un redressement de la croissance et de la réduction du coût des importations d’énergie lorsque la production de gaz aura augmenté. Les déficits, budgétaire et courant, devraient passer sous les 3% et 8% du PIB, respectivement, d’ici 2021, à mesure que le gouvernement maintiendra son programme de réformes. La dette publique culminera en 2019 à plus de 80% du PIB avant de commencer à baisser et à chuter sous le seuil de référence de 70% applicable aux marchés émergents d’ici 2023.

Dépenses élevées et inefficaces

Pour l’heure, relève la Banque mondiale, le déficit de la balance courante reste élevé malgré les bonnes performances du tourisme et de l’agriculture, qui ont favorisé une légère accélération de la croissance. L’inflation, qui a atteint des niveaux record en 2018, s’est légèrement ralentie avec le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale. Un taux de chômage élevé persiste surtout chez les jeunes, les femmes et dans les régions de l’intérieur. Des mesures ont été prises en 2018 pour lutter contre les dépenses élevées et inefficaces, notamment en matière de subventions énergétiques. Cependant, le contexte social et politique difficile, notamment les élections présidentielle et législatives de fin 2019, pourrait compliquer les efforts en matière de réformes.

La croissance est passée de 2% en 2017 à 2,5% en un an en 2018, grâce à l’agriculture, aux services (y compris le tourisme, qui a connu un rebond significatif) et aux industries électrique et mécanique. Du côté de la demande, la croissance en 2018 a été tirée par une reprise des exportations et des investissements, tandis que la consommation privée s’est contractée. Après une forte accélération de l’inflation depuis 2017 et quatre relèvements des taux directeurs de la Banque centrale (BCT), qui ont porté les taux de 4,25% à 6,75%, l’inflation a commencé à ralentir à partir du deuxième semestre de 2018, mais reste supérieure à 7%. En février 2019, la BCT a encore augmenté le taux directeur de 100 points de base à la suite d’un accord entre le gouvernement et la principale organisation syndicale, l’UGTT portant augmentation des salaires du secteur public.

Une dette publique de 78,5%

Le déficit budgétaire, dons inclus, est tombé à 4,6% du PIB en 2018, contre 5,9% en 2017. La dette publique a toutefois augmenté pour atteindre 78,5% du PIB du fait de la dépréciation du dinar. Le budget 2019 entend réduire le déficit à 3,9% du PIB en augmentant les recettes grâce à des mesures visant à améliorer la collecte des impôts, à lutter contre la fraude fiscale et à élargir l’assiette fiscale, tout en limitant les dépenses.

Le déficit de la balance courante s’est creusé pour atteindre 11,2% du PIB en 2018 (contre 10,6% en 2017) et les réserves ont continué à diminuer en dépit d’une accélération de la croissance des exportations. En conséquence, le dinar s’est déprécié de 14% par rapport à l’euro en 2018 et a encore baissé de 1,2% par rapport à l’euro au cours des deux premiers mois de 2019. Les réserves restent à des niveaux vulnérables, oscillant entre 70 et 80 jours de couverture des importations.

La performance du marché du travail est faible, le taux de chômage s’st stabilisé autour de 15,5% et est particulièrement élevé chez les femmes (22,8%), les diplômés (29,4%) et dans les régions défavorisées. Les dernières données d’enquête disponibles montrent que la part des personnes vivant dans le seuil de pauvreté moyen inférieur, qui s’élève à 3,2 USD (dollars US en PPA 2011), est passée de 9,09% en 2010 à 3,21% en 2015. Cependant, le rythme réduction de la pauvreté va probablement ralentir considérablement, conformément à l’évolution du PIB par habitant. Bien que cette lente réduction attendue soit inquiétante-les niveaux de pauvreté en Tunisie mesurés selon ces repères mondiaux sont similaires à ceux prévalant dans la région et l’extrême pauvreté (ceux vivant avec moins de 1,90 USD, 2011 PPA en USD)- elle semble en voie d’être éradiquée. Un fossé considérable s’est creusé au fil du temps entre les régions traditionnellement défavorisées du Nord-ouest et du Centre-ouest, dont le taux de pauvreté est presque le double de la moyenne nationale, et les régions côtières et plus urbanisées de l’Est (notamment la région de Tunis, le Nord-est et le Centre-est).

Risques et défis

Malgré la lenteur de la reprise et le resserrement progressif des politiques, des risques importants demeurent, souligne la Banque mondiale. Le principal risque est la poursuite du consensus sur les réformes clés, en particulier en 2019, compte tenu du climat social et politique et des élections législatives et présidentielle. Cela inclut les réformes fiscales et les réformes nécessaires du climat d’investissement pour soutenir la croissance du secteur privé.

La preuve la plus récente en est la décision prise en février d’augmenter les salaires du secteur public, ce qui affectera les finances publiques et aura une incidence défavorable sur la situation financière déjà fragile du système de retraite du secteur public eu égard au lien entre retraite et revenus. La Tunisie continue de faire face à des menaces sur sa sécurité, aux retombées de la situation en Libye, à un ralentissement de la croissance dans la zone euro qui absorbe la plupart des exportations tunisiennes, à une hausse des cours mondiaux du pétrole et à une détérioration de la confiance des investisseurs à l’égard des marchés émergents, notamment dans le sillage du déficit de compte courant toujours élevé à moyen terme.

Si l’un de ces risques se matérialisait, avertit la Banque mondiale, le bien-être des ménages en serait affecté, en particulier les ménages vulnérables dont la consommation se situe juste au-dessus du seuil de pauvreté. Environ 17% de la population (soit environ 2 millions de Tunisiens) sont considérés comme vulnérables, si l’on utilise la définition de «vulnérable» comme ceux qui vivent sous le seuil PPA de 5,5 dollars US.

M.L.

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