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Les jeunes, arme secrète de Kais Saied

On n’a pas fini de gloser sur l’énigmatique ascension du professeur de Droit constitutionnel, Kais Saied, couronnée d’un confortable accès au second tour de l’élection présidentielle, plus est en ballotage favorable face à son concurrent Nabil Karoui. On a peine à trouver une grille de lecture qui permette de décrypter et le personnage, et le projet qu’il porte réellement depuis qu’il trône sur les sondages puis aux premières loges d’un scrutin où les grosses pointures n’étaient pas du petit nombre.

On ne pourra pas s’excepter de citer au rang de ses atouts une probité que l’on dit à toute épreuve et à tous crins. Mais cela ne suffit pas pour faire un présidentiable, probablement un président, presque surgi de nulle part, sans parti politique, une machine nécessaire pour accéder à la magistrature suprême, ni un trésor de guerre, le candidat ayant refusé même le moindre financement public auquel il avait pourtant droit, encore moins une camarilla d’hommes d’affaires ou autres argentiers qui verraient en lui « l’oiseau rare ».

Antisystème devant l’Eternel, Kais Saied, avait indiscutablement d’autres ressorts, et il est en train d’apparaître quelques indices renseignant sur un réservoir de jeunes, dynamiques, dévoués, ayant beaucoup d’imagination, qui ont été une clé de succès majeure dans cette saga, car c’en est une. Leur concours serait décisif alors les bureaux de vote, en ce dimanche 15 septembre dans l’après-midi, étaient peu fréquentés, voire déserts, incitant le président de l’ISIE, Nabil Baffoun, à lancer un pathétique appel de dernière minute aux jeunes électeurs. « Les jeunes Tunisiens ont encore une heure pour voter », a-t-il dit peu avant la fermeture des bureaux de vote. « Nous devons quitter nos maisons et voter ; c’est un droit que nous avons conquis de la révolution de 2011 qui a coûté des vies ».

Pour de nombreux jeunes électeurs, ce sont la révolution, l’absence de progrès et le sentiment de désillusion qui se sont accumulés depuis lors qui les ont empêchés de se rendre aux urnes, ont-ils dit à Middle East Eye (MEE). «  Je ne vais pas voter. La révolution tunisienne a été la plus grosse erreur jamais commise », a déclaré l’un d’eux. Mais d’autres ont dit à MEE que c’est précisément ce désenchantement qui les a amenés à voter pour Kais Saied, un professeur de droit de 61 ans sans expérience politique qui a mené une campagne presque introuvable.

Le « candidat des étudiants ».

Un gros coup de pouce pour Saied semble avoir été donné par les jeunes Tunisiens. Un sondage réalisé par Sigma Conseil a révélé que 37 % des électeurs âgés de 18 à 25 ans et 20,3 % de 26 à 45 ans lui ont donné leurs suffrages, tandis que les électeurs plus âgés ont préféré Nabil Karoui.

« Kais Saied est le candidat des étudiants « , a déclaré Hatem Milki, porte-parole de Nabil Karoui, à MEE à propos du rival du candidat de « Qalb Tounès ». « Il a l’image du professeur préféré. Ils ne sont pas nécessairement plus conservateurs, mais les électeurs entre 18 et 25 ans ont une attitude différente vis-à-vis de l’Etat, contrairement à leurs parents, ils ne voient pas l’Etat comme quelque chose de fonctionnel ».

Une journaliste de 26 ans, a déclaré que Saied devait sa victoire au « système ». Davantage de jeunes auraient voté pour le candidat de gauche Mohamed Abbou, a-t-elle dit, n’eût-été la campagne de dernière minute lancée contre lui par les partisans du régime déchu. « Un jour avant les élections, ils ont orchestré une campagne de diffamation massive sur Facebook contre Mohamed Abbou, un combattant de la corruption politique. Sa popularité croissante parmi les jeunes les terrifiait « , dit-elle.

Un chantre de la lutte anti-corruption

Le co-fondateur du mouvement « 3ich Tounsi » qui participe aux élections législatives, et responsable du département de recherche du groupe, cité par MEE, a déclaré que pour de nombreux jeunes électeurs, Saied incarnait leurs plus grandes préoccupations concernant le statu quo.

« Les jeunes ont le sentiment que nous ne pouvons plus nous permettre la corruption politique endémique et les privilèges des politiciens en place », a-t-il dit. « Kais Saied représente le meilleur des deux mondes : un néophyte politique et un professeur de droit expérimenté imbu de valeurs traditionnelles. »

Le mot de la fin, c’est une étudiante de 19 ans qui l’a débité. Elle affirme avoir dressé une liste de ses trois meilleurs candidats : Abbou, Abdelfattah Mourou, candidat du parti Ennahdha, et Saied, une liste qu’elle avait ensuite expurgée. « Kais Saied était celui qui restait ». « J’étudie à la a faculté où il enseignait. Il est neutre, indépendant et plus fiable que les autres. »

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